La route des gorges de la Bourne est vraiment étonnante et spectaculaire… On ne s’en lasse pas… Surtout dans des conditions favorables, presque sans trafic routier, sans camping-car, sans pluie, sans neige, le top !
Le soleil est presque facultatif car il n’arrive pas dans le bas des gorges !
Nous avons déjà parlé de cette route dans un article précédent avec pas mal de photos, il est ici !
Elle est indispensable pour circuler dans le Vercors, son tracé qui relie Villard-de-Lans à Pont-en-Royans et pratiquement le seul est/ouest… Et inversement ouest/est bien sûr !
C’est une route étroite, tout au fond d’une vallée étroite elle aussi, qui longe la rivière La Bourne, il y fait sombre, c’est extrêmement humide. Nous n’avons pas eu un passage sans prendre une (petite) douche en passant sous les surplombs rocheux !
Mais il y a pire car il y a souvent des chutes de pierres et l’hiver de la neige, et même des stalactites de glace qui tombent sur les voitures, si elles ne sont pas détruites avant, au fusil parait-il !
Un très bel article du blog https://jihel48.wordpress.com/ riche en informations raconte bien toute l'histoire. N’hésitez pas à aller le lire, « Routes du vertige, la série, épisode 5. Vercors. Les Gorges de la Bourne. ».
Je ne reprends ci-dessous que quelques éléments de cet article très complet.
« Depuis le milieu du XIXème siècle, l’intérêt stratégique de cette route Villard-de-Lans/Pont-en-Royans longeant au plus près les Gorges de la Bourne, est évident. Elle est le pendant de la Grande Voie n° 10, Die/Pont-en-Royans par les Grands Goulets, et le « Y » dessiné par ces deux voies, connectées au Pont de la Goule Noire, constitue l’ossature principale des routes du Vercors. ».
C’est à ce point que nous arrivons aujourd’hui, à la jonction des 3 branches du Y.
« Il s’agit de donner un débouché vers le Royans aux produits du riche canton de Villard-de-Lans : denrées agricoles (au XIXème siècle, les céréales produites dans les vallées du Vercors dépassaient de sept à huit fois les besoins de leurs habitants), fourrages et surtout, comme un peu partout dans le massif, bois. Cette direction vers le Royans est privilégiée par rapport à celle de Grenoble, qui bénéficie de produits similaires en provenance des autres massifs qui l’entourent.
Jusqu’alors, pour « vidanger » le bois vers la vallée, les habitants des Quatre Montagnes (les communes d’Autrans, Méaudre, Lans-en-Vercors et Villard-de-Lans) transportaient non sans mal les grumes jusqu’au bord de la falaise avec ces chariots à grandes roues nommés triqueballes, et les jetaient carrément dans le vide, par un couloir aménagé au Pas de la Clé, à l’extrémité nord du massif. Elles étaient récupérées 800 mètres plus bas à Montaud, pour être « flottées » dans l’Isère jusqu’au Rhône. La route des Gorges permit une évacuation bien plus confortable des grumes – et moins risquée pour les promeneurs s’aventurant sous les falaises du Pas de la Clé… ».
« Les défenseurs au XIXème siècle du percement de la Grande Voie n° 2 avaient aussi bien vu son intérêt pour le développement touristique du Plateau. Ainsi ce propriétaire d’un château à Saint-Julien-en-Vercors, arguant de ce que grâce à elle, le Vercors « serait bientôt le but des pérégrinations des peintres de paysages et de touristes ; car la Savoie, la Suisse et l’Ecosse n’ont pas de sites plus grandioses et plus pittoresques que ceux qu’offrent à l’œil étonné les Gorges de Valchevrière, de Choranche, ou de Pont-en-Royans ».
Cependant, si l’aspect franchissement en voiture de ces gorges a été à la mode jusqu’à une époque récente, maintenant, il est délibérément oublié…
La priorité n’étant plus du tout la voiture… Profitons des dernières années où nous pouvons encore balader en toute liberté en roadster strictement 2 places avec un moteur thermique de 150 chevaux…
Mais revenons au sujet…
« C’est avec des méthodes proches de celles utilisées pour les voies ferrées que fut conçue puis tracée la route des Gorges de la Bourne, note Jean Doulcier : « Avec la même hardiesse, mais sans triomphalisme. [Ici] c’est le respect des forces de la nature et la crainte des puissants effets de l’érosion qui ont inspiré son tracé, lequel se blottit dans les reliefs et anfractuosités sans rien détruire de la morphologie de l’endroit ». La route des Gorges de la Bourne (comme les autres routes du vertige dans le Vercors) est « une de ces œuvres humaines qui parait n’avoir exigé aucune compétence particulière, parce qu’évidemment il fallait faire ainsi », dit encore Jean Doulcier, pour souligner combien son tracé s’impose avec une sorte d’évidence, et évoquant les Romains qui « sans doute » auraient fait de même. Ceux qui ont utilisé « avec sagesse les possibilités de leur temps, dans le respect d’un site qui est de tous les temps, ont réalisé une œuvre accomplie, parfaite au sens étymologique, et compris qu’on ne domine la nature qu’en la respectant ».
Cependant les accidents de 2004 et 2007 sont venus interroger la « perfection » de l’œuvre en question, et ont poussé les pouvoirs publics à entreprendre de grands travaux de sécurisation des routes du Vercors. Après un état des lieux minutieux et un diagnostic d’itinéraire réalisé en juin 2004 pour la partie Les Jarrands / Pont de la Goule Noire (la partie haute des Gorges), les analyses ont montré que, plus encore que le confortement des falaises surplombant la route, c’est celui du tablier la supportant qui exigeait des travaux en urgence : 14 ans et 15 millions d’euros de travaux programmés ! Objectif final : « atteindre un niveau de risque moyen sur l’itinéraire ».
Indice de la « fragilité » toujours d’actualité de cette partie des Gorges, entre les ponts de Valchevrière et de la Goule Noire on trouve aujourd’hui en l’espace d’un kilomètre et demi un concentré de toutes les techniques de sécurisation des parois présentées dans l’article sur le Pas du Frou. Sur l’ensemble des Gorges et toutes proportions gardées, il y a autant de métal vissé dans la paroi qu’il y en a dans la mâchoire d’un octogénaire amateur de confiseries et en mesure de se payer des implants dentaires.»…
Nous avons mis quelques cartes postales anciennes qui donnent une petite idée de la route il y a bien longtemps…
Nous arrivons à la sortie des gorges de la Bourne, passons sous le portique et allons prendre la route des gorges du Méaudret…
Fin de l’épisode !