En attendant que le temps reste au beau fixe plusieurs jours d’affilés afin de nous permettre de partir plus loin nous revisitons sur une ou deux journées les belles routes de notre région...
Causse Méjean, Gorges de la Jonte, du pont des Abarines à Saint Germain de Calberte, la vallée Française, la vallée Borgne et plusieurs fois la Corniche des Cévennes... Dont la fois dernière, le 12 avril 2024, juste avant la Course de Côte du col Saint Pierre...
Mais aujourd’hui focus sur un tunnel situé sur la D907, 5 km après Saint Jean du Gard et 1 km avant le minuscule village de Peyrolles.
Les Cévennes forment une chaîne montagneuse faisant partie du Massif central, située entre les départements de la Lozère et du Gard, prolongeant
La région a longtemps été assez enclavée mais traversée de voies de communications depuis toujours...
Il a été développé par à-coups en fonction des évènements politiques, religieux, économiques, et touristiques !
Intéressons-nous au tronçon de route où se trouve le petit tunnel dont nous allons parler, route numérotée actuellement D907.
Son histoire est intimement liée à celle d’une autre route : la corniche des Cévennes.
Au départ, début du XVIIIème siècle, ce fut pour faciliter les déplacements des troupes de Louis XIV luttant contre les camisards...
Puis Napoléon Bonaparte créa le 16 décembre 1811, la Route impériale 127.
Elle faisait partie des routes impériales françaises de IIIème classe et était définie comme la route de Nîmes à Saint-Flour.
Ensuite, en 1824, changement de régime et de numérotation, la Route Impériale 127 devint Route Royale 107.
Cependant, sa partie montagneuse, entre Balsièges et Saint-Jean-du-Gard, laissait fortement à désirer :
Donc une rectification de grande ampleur fut décidée. Après une longue enquête publique, une première ordonnance royale du 9 mars 1841 rectifie la route, devenue Nationale, RN107 entre Florac et Balsièges et une seconde ordonnance royale du 21 mai 1843 la rectifie entre Saint-Jean-du-Gard et Florac. Pour cette seconde section, les travaux débutent dès 1844 dans le Gard et s'achèvent à l'autre extrémité… 40 ans plus tard !
La nouvelle route ouvre en effet officiellement le 1er juillet 1884, alors même que certains aménagements ne sont toujours pas achevés...
Le tronçon qui nous intéresse a été mis en service en 1860, section de Saint Jean du Gard au Valat du Rieu. Le tronçon suivant la section du Valat du Rieu au Valat de la Valmy fut ouvert en 1868.
Nous n’avons pas trouvé davantage de précisions sur la construction de ce tunnel qui, bien que très court, a certainement permis d’économiser une belle longueur de route et des virages qui auraient été probablement très délicats à négocier...
Le tunnel se trouve donc 5 km après Saint Jean du Gard et un petit km avant le village de Peyrolles, ou tout du moins sa mairie.
Car le village de Peyrolles est une commune de 37 habitants (population 2020) !
Ses 830 hectares s’échelonnent de 220 mètres au niveau du lit du gardon de Saint Jean à 814 mètres au sommet du mont Brion.
Selon Jean-Louis Ponce les armes de Peyrolles (trois chaudrons d’or sur fond noir) sont responsables d’une équivoque au niveau de son étymologie. Ces armes sont en effet « parlantes » et traduisent visuellement l’occitan « pairol », le chaudron. Nul besoin par conséquent de chercher ailleurs les chaudrons de Peyrolles; ils se trouvent dans son nom même, orthographié d’ailleurs dans certains actes « pairolles ».
Peyrolles dérive bien entendu de l’occitan peyre qui vient lui-même du latin petra : pierre et l’étymologie de peyrolles est par conséquent le lieu des pierres, le lieu rocheux.
Et des roches ce n’est pas ce qui manque dans le secteur !
On arrive toutefois, tout en haut au-dessus du tunnel à distinguer quelques blocs de pierre non naturels. Ce sont les ruines d’un château, le château de Calcadis.
Ce château, datant probablement d’avant 1300, servit bien plus tard de carrière de pierres et il est probable que des pierres aient non seulement servi pour les habitations voisines mais aient été aussi utilisées comme remblais pour construire la D907...
Ce sont donc les deux noms qui désignent ce petit tunnel.
Bien sûr cet ouvrage n’est pas aussi grandiose que les tunnels du Vercors par exemple mais dans la région ce tunnel a une certaine renommé.
Pour preuve l’abondante iconographie qui le représente :
Peu après sa sortie ou entrée ouest se trouve un pont de pierre qui enjambe le Gardon de Saint Jean. Il semble fragile mais de toute façon il est interdit à la circulation automobile...
Ce pont a lui aussi plusieurs noms et différentes orthographes suivant les cartes postales, le cadastre, les articles ou les cartes routières...
Pont du Rey, pont du Rieu, pont Cambon...
Nous sommes donc arrivés par le côté ouest, passés dans le tunnel, fait un petit arrêt côté et puis repassés le tunnel !
Un nouvel arrêt pour voir de plus près le pont du Rieu et admirer l’eau translucide du Gardon de Saint Jean, avant de poursuivre notre route vers la vallée Borgne...
Fin de ce petit épisode à travers le temps sur la N907...