Nous suivons donc les indications et allons vers l’église russe... Mais de quoi s’agit-il ?
C’est une église russe orthodoxe nommée « Église de l'Hétimasie du Trône ».
Un édifice surprenant à cet endroit !
« Elle surgit au détour d'un chemin au cœur d'un cirque de montagnes, au milieu des forêts.
Construite en bois dans la pure tradition du VIIe siècle russe, elle s'élève à 27 mètres de haut depuis sa base au sol, recouvrant une superficie de 300 m².
Pour les initiés elle est là comme une "petite sœur" des églises de Kiji, les défiant seulement par l'étendue de sa surface au sol !
L'île de Kiji, sur le lac Onega, longue de 7 km et large de 500 m, est surtout connue pour son ensemble paroissial en sapin : deux églises du XVIIIème siècle et un clocher. L'église de la Transfiguration de Kiji, assemblée sans aucun clou, semble tout droit sortie d’un conte de fées. Elle est surmontée de 22 coupoles d'argent, et recèle une iconostase baroque.
Nous nous posons tous cette question.
Dès le début de sa fondation le Centre des Rencontres Spirituelles et Culturelles de l'Abbaye de Sylvanès a donné une place importante à la culture russe et à sa tradition orthodoxe.
Au moment favorable de la "perestroïka" un français d'origine russe, Basile Solnychkine, a aidé les fondateurs du Centre, le Père André Gouzes et Michel Wolkowitsky, à se rendre en Russie. Ils ont noué des liens privilégiés avec Mgr Alexandre Moghilev, évêque de Kostroma. De nombreux échanges eurent lieu, une entraide fraternelle, des visites, des accueils de jeunes russes, d'artistes et d'intellectuels, qui scellèrent une fidèle et profonde amitié.
C'est ainsi qu'au cours d'un voyage en France, Mgr Moghilev impressionné par la beauté du site du Prieuré des Granges et de son environnement, proposa de nous construire une belle église en bois dans la pure tradition russe, signe et pont d'une ère nouvelle entre nos pays et nos Eglises. Le Père Serge de Beaurecueil, décédé depuis, en fut le mécène, et la construction de l'édifice fut confiée à une équipe de jeunes bâtisseurs russes de la région de Kirov, à 790 km au nord-est de Moscou.
Cette superbe église fut construite et assemblée en Russie. Elle fut démontée en 1993 et prit la direction de la France par la voie ferrée sous l'égide d'un mécénat de la SNCF. De longs mois plus tard, en juillet 1993, elle arriva en gare de Millau en Aveyron. De là elle fut acheminée par camions pour être reconstruite selon les techniques russes, sans boulons ni chevilles. Durant six mois les jeunes russes, ceux-là mêmes qui l'avaient bâtie en Russie et des habitants du pays, collaborèrent dans un climat exceptionnel d'amitié à la reconstruction de cette église dans la forêt de Pessalles, sur le site proche du Prieuré des Granges de Sylvanès ou on peut l'admirer actuellement. ».
Mais nous ne l’admirerons pas !
En effet, la route se transforme en une piste forestière boueuse, pentue et glissante, pleine de nids de poules...
Au vu de la garde au sol de Z nous ne prenons pas le risque de tomber en rade dans un coin si paumé, loin de tout... Nous faisons demi-tour sur le dernier endroit goudronné...
Mais nous reviendrons, par temps sec !
Au sujet du nom de l’église sachez que l’hétimasie est le nom donné à un motif iconographique de la peinture chrétienne représentant un trône vide symbolisant l'attente du retour du Christ...
Nous reprenons la route dans le Rougier sous un ciel toujours gris...
Et nous voilà devant un beau portique...
Contruits au XIIème siècle par des moines Cisterciens, les "bains" de Sylvanès restèrent en activité jusqu'au milieu du siècle dernier. Transformés ensuite en colonie de vacances, les bains furent définitivement fermés à la fin des années 80 suite à une importante inondation.
La notoriété des eaux de Sylvanès fut importante au XIIIème siècle. Ce sont des sources d'eau chaude de 34° à 37°, ferrugineuses, bicarbonatées et arsenicales.
Une eau de source qui se boit et une eau de bain à 37°, rougeâtre et ferrugineuse. Par ailleurs, de récentes études ont montré que cette eau contenait du lithium, un métal utilisé habituellement dans le traitement des psychoses maniaco-dépressives...
Les moines firent bâtir "l'Hôtellerie des Bains" au XVIIème siècle qui existe encore. Les bains ont été successivement agrandis et élargis pour permettre la retenue des eaux minérales dans un vaste bassin.
« Aujourd’hui la réhabilitation des bains de Sylvanès est presque devenue un fantasme dans le Rougier. Ils attirent les convoitises depuis bien des années. Les Sud-Aveyronnais se souviennent notamment des divers projets annoncés puis tombés dans les oubliettes. Laissés totalement à l'abandon, ces derniers sont en voie d'être rachetés pour un projet d'accueil touristique de grande envergure. Selon les informations de Centre-Presse, un groupe basé à Montpellier, Seclem GGC santé serait en passe d'acquérir le lieu, actuellement propriété du Département. Et, contrairement au début des années 2000 avec le groupe La Chaîne thermale du soleil ou Sylvaréal, ce projet semble concret.
Cette info date de fin 2023...
Lors de notre passage le site est clairement abandonné... Il sert de spot d’Urbex et les nostalgiques de la colonie de vacances tiennent régulièrement groupes Facebook et réunions de retrouvailles !
Nous reprenons la route pour nous arrêter 1 500 mètres plus loin devant l’abbaye de Sylvanès.
L’histoire de cette abbaye est très intéressante, nous vous conseillons d'aller voir l’article de Wikipédia en entier...
En voici le début et quelques points importants...
Sylvanès est primitivement un monastère établi par Pons de Léras autour de 1120 près de la source thermale des Bains de Sylvanès. Seigneur du castrum de Léras, qui contrôlait le Pas de l’Escalette et l’accès méridional au causse du Larzac, et profitant de ce point stratégique, Pons de Léras est décrit par la chronique du moine Hugues Francigena, rédigée entre 1161 et 1171, comme un seigneur brigand, violent et avide. Vers 1115-1117, il se tourne vers la religion et fait pénitence de ses crimes. Il se rend alors à Lodève le dimanche des Rameaux, expie publiquement ses méfaits et vend aux enchères la totalité de ses biens afin de rembourser chaque personne volée et faire amende honorable.
Avec six compagnons, il quitte par la suite ses terres et sa famille pour se rendre en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Il profite de ce voyage initiatique pour demander conseil auprès des communautés de religieux établies le long de la Via Tolosana avant de retraverser les Pyrénées par la Via Turonensis, remontant jusqu’à Saintes pour ensuite prendre la direction du Mont Saint-Michel. Les sept pèlerins partis de Saint-Guilhem-le-Désert visitent ainsi les grands centres de vénération des reliques que sont Saint-Martin de Tours, Saint-Martial de Limoges et Saint-Léonard de Noblat, se constituant au fil de leur voyage une vision complète de la chrétienté occidentale. Sur les conseils des clercs rencontrés, Pons de Léras choisit une région aux vallées profondes, parsemée de cours d’eau, couverte de bois et propice au recueillement afin d’installer une communauté érémitique. De retour dans sa région d’origine, il l’installe dans les replis orientaux du Camarès, proche du Lodévois et du Biterrois et non loin du chemin de Saint-Jacques. Le seigneur Arnaud du Pont de Camarès invite Pons de Léras à installer sa communauté religieuse sur ses terres. Ils défrichent et édifient alors une église autour de la source thermale de Silvanium (du latin silva, forêt), qu’ils renomment Salvanium (du latin salva, sauver).
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Aux antipodes des opulences du monachisme clunisien, ils choisissent un christianisme au caractère profondément humain, qui se traduit par le secours et l’hospitalité donnés aux indigents. Cette spiritualité nouvelle se retrouve dans le choix de dédier la chapelle à la Vierge Marie, protectrice de l’humanité entière.
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Après un siècle et demi de rayonnement, l'Abbaye sombre dans une longue période de décadence. Abandonnée à la Révolution, seule l'église et l'aile est du cloître furent sauvegardées. Classée monument historique en 1862, il faudra attendre 1975 et l'arrivée du père dominicain et compositeur André Gouzes, ainsi que de Michel Wolkowitsky, actuel directeur, pour voir l'Abbaye renaître de ses cendres.
Aujourd'hui, l'Abbaye de Sylvanès est devenue un Centre de renommée internationale qui propose d'importantes rencontres culturelles, spirituelles et musicales.
Elle est aussi le siège du festival international de musiques sacrées, « Musiques du monde », créé en 1978. Michel Wolkowitsky, directeur artistique et fondateur du festival, conçoit celui-ci comme une invitation au voyage, au partage et à la découverte. Au départ, il s'agissait d'une simple animation qui avait pour but d'attirer l'attention sur ce haut lieu de patrimoine. Puis, d'année en année, la programmation s'est enrichie: à la musique sacrée, de tradition catholique et romaine, se sont ajoutés les musiques traditionnelles, la musique de chambre, l'opéra et la danse.
Nous nous contenterons d’un petit tour de l’extérieur et de quelques photos du cloitre, qui est très beau sous la pluie...
Mais nous rajoutons à la liste des balades à faire la visite de cette abbaye avec la visite de l’église Russe...
Nous reprenons la route, D902, pour Camarès en passant par Ouyre en étant repassés auparavant devant les Bains de Sylvanès.
Nous retrouvons ensuite la D999 et achevons la traversée de l’Aveyron pour arriver dans le Tarn, notre but étant Saint Juéry, ville située juste avant Albi...