Nous quittons la D200 et ses tunnels pour traverser l’Aveyron et aller dormir au Bout du Monde, dans le Cantal... Voici quelques curiosités relevées sur le trajet...
La route est simple, en gros, plein nord, par la D902 puis la D901.
La route est large et tranquille, peu de trafic, quelques camions transportant de la paille, c’est de saison...
Nous arrivons à Réquista où nous apercevons une superbe fresque sur le côté droit de la route.
Il s’agit d’une fresque intitulée « Le Pont de Lincou ».
Il est exactement situé au 22, avenue de Millau, en plein cœur de Réquista.
C’est une réalisation de la société A-Fresco qui a utilisé le support du mur en l’intégrant dans sa fresque sous la forme d’un pont.
Sa surface est d’environ 150 m² et il fut terminé en septembre 2017.
Ce trompe l’œil est complétement dans la philosophie d’A-Fresco :
« A-Fresco a conçu et réalisé plus de 400 fresques urbaines monumentales. Chacune d'elles, conçue "sur mesure", met en scène l'identité, l'histoire et les spécificités du lieu, emportant l'adhésion des habitants et des visiteurs. ».
Si l’on détaille la fresque on découvre une synthèse de Réquista et sa région :
« Réquista est une petite commune de l’Aveyron de 2000 habitants réputée comme la capitale du lait de brebis. Celui-là même qui permet la fabrication du célèbre Roquefort, dans la ville éponyme toute proche. C’est ce que le berger est en train de manger, assis sur un petit muret, à la base de la fresque.
Lincou est un village absorbé par Réquista qui abrite quelques édifices moyenâgeux parmi les plus beaux de la région. La région permet de faire du VTT, de pratiquer la pêche et le canoë. ».
Nous connaissons et apprécions déjà plusieurs œuvres d’A-Fresco notamment « La fresque des guides » à Chamonix :
« Pour la première fois réunis en une seule image, 20 pionniers de l’Alpinisme, parmi les plus célèbres, retrouvent la vue sur le Mont Blanc... ».
Et « Juliette et les Esprits » à Montpellier où « 6 montpelliérains célèbres retrouvent la vue sur le Parc Clémenceau…».
La ville de Réquista change peu, sauf les autocars, une photo d'eux qui « participa » à la non réalisation de la ligne ferroviaire...
Nous repartons sur la D902 en direction de Rodez. Le temps n’est pas terrible, mais pas de pluie... Nous traversons Cassagnes-Begonhès.
C’est un petit village de moins de 950 habitants. Son nom étant curieux voici la toponymie.
Donc un nom composé :
Cassagnes. Ce nom est issu du gaulois cassanos signifiant chêne. Cassagnes : « lieux où poussent les chênes (cassagnas) ». Cassagnes est la francisation du toponyme occitan Cassanhas, de « casse », le chêne (mot d’origine celtique).
Begonhès. Lorsqu’au IXème siècle, Charlemagne divisa son empire en comtés puis ces derniers en vigueries ou en districts, le territoire allant du Viaur au Giffou fut attribué à la famille De Bégon (de Begonh en occitan). Cette subdivision s’appela dès lors « le Bégonhés », le suffixe « és » marquant l’appartenance et la prononciation palatalisée du son « nh » réapparaissant en dérivation.
Nous traversons sans visiter, pas le temps...
Plus loin un panneau nous interpelle, il indique Abbaye de Bellecombe.
Très joli lieu semble-t-il mais de loin... Car il ne peut être visité. L’abbaye gardera ses secrets...
Nous repartons toujours sur D902. Nous voilà non loin de Rodez, prenons la D888 puis la N88 pour traverser la ville.
Pour ce faire nous passons sous le superbe viaduc de Bourran.
Le viaduc de Bourran, parfois nommé viaduc de l'Europe porte la route départementale 840, ancienne nationale 140.
Il passe au-dessus de nous à 69 mètres !
C’est un pont en béton précontraint - pont caisson à hauteur variable, construit par encorbellements successifs d’une longueur de 325 mètres et d’une largeur de 13 mètres.
La portée principale fait 100 mètres de long.
Le viaduc de Bourran a été construit en 1990 par l'architecte Philippe Fraleu, dans le but de favoriser le développement de Bourran, un nouveau quartier de Rodez. L'Union européenne a participé à son financement.
Ce viaduc enjambe la vallée de l'Auterne qui sépare le centre-ville de Rodez et son quartier de Bourran. Il joint l'avenue de l'Europe, côté Rodez, à l'avenue Jean Monnet, côté Bourran.
Nous traversons Rodez sans nous arrêter aujourd’hui car nous connaissons bien, surtout les routes du rallye du Rouergue...
Nous étions presque arrivés à Salles la Source quand nous dûmes stopper un peu avant le viaduc du chemin de fer en raison de travaux sur la chaussée...
C’est la ligne classique qui passe au-dessus de nous mais ce n’est pas la plus intéressante. En effet, la région a connu les chemins de fer miniers de Mondalazac et Cadayrac, la Route du Fer de l’Aveyron...
Mais nous approfondirons une autre fois, notre objectif est de voir l’état de la source...
Nous commençons à l’apercevoir, au niveau du panneau d’entrée en ville, à travers le feuillage...
C’est une commune rurale à habitat dispersé selon la classification administrative. Elle a 2 300 habitants et une superficie de 78 km².
Le patrimoine architectural de la commune est énorme !
Les immeubles suivants sont protégés au titre des monuments historiques :
Nous n’avions pas prévu de visiter tous ces monuments... Une fois prochaine peut-être car certains nous intéresserons certainement...
Mais pour ce voyage ce que nous voulions voir c’était la célèbre cascade en pleine ville !
Salles-la-Source présente une particularité assez rare : une chute d'eau qui tombe au milieu du village, ce qui attire un certain nombre de touristes actuellement en équilibre avec le mode de vie paisible de la population locale. Cette cascade est alimentée par une rivière souterraine qui coule depuis le Tindoul de la Vayssière. Cette rivière est constituée de plusieurs bras dont l'un a été dès le XIXème capté pour faire tourner une roue implantée sur un des pignons de la filature construite au cœur du village, juste à côté de la cascade. Avec l'électrification, la filature n'a plus utilisé l'énergie hydraulique. L'eau a été canalisée pour alimenter une centrale hydroélectrique construite pour cette occasion en 1928.
Le débit de la rivière souterraine est très variable, proche de 0 litre à près de 700 litres par seconde selon la saison. La chute comme la centrale vivent sur cette variabilité des débits.
« En 2010, la municipalité et une partie des habitants réunis en association contestent l'utilisation du cours d'eau pour alimenter la centrale hydroélectrique. La commune ne perçoit plus l'indemnité liée à la concession qui a couru de 1972 à 2005. Une argumentation patrimoniale, écologique et surtout d'intérêt économico-touristique est mise en avant :
le débit de la cascade conditionnerait l'afflux de touristes attirés par le spectacle d'une chute d'eau abondante, qu'elle soit courante ou figée par le gel. Ils estiment que la très faible quantité d'énergie produite ne justifie pas l'atteinte visuelle portée au site.
Le litige porte sur l'existence ou non d'une clause contractuelle de débit minimum imposé à l'industriel privé disposant de la concession...
Il s’en est suivi des actions, des pétitions et des manifestations, qui aboutirent en 2016 à un rapport ministériel qui donne la décision de gestion de la cascade au préfet de l'Aveyron... ».
L’impression lorsque l’on arrive c’est que la cascade tombe directement sur la route, la perspective est trompeuse car la chute d’eau tombe à une dizaine de mètres de la chaussée...
Nous faisons un petit aller-retour sur la route ou rue de la Source...
Nous repartons sur la D901, traversons Pont les Bains, encore une histoire d’eau, mais notre souhait est d’arriver au plus vite à Marcillac...
Juste après le panneau d’entrée en ville on passe sous un beau pont de couleur rouge...
150 mètres de long, 15 mètres de haut, 15 arches très élégantes… Le pont Rouge est un magnifique édifice qui enjambe majestueusement la route de Rodez et la rivière Créneau. Bâti en briques et grès rouge, sa construction date des années 1855-1856. Il est le dernier vestige d'une voie ferrée marquant la naissance de l'ère industrielle et sidérurgique du milieu du XIXème siècle en Aveyron.
« Ouvrage emblématique qui fait la fierté des Marcillacois, depuis quelques jours, il révèle un nouveau visage suite à la démolition du hangar cédé par André Olivié à la municipalité. Ce bâtiment, construit en 1941 par André Bories et Alfred Olivié (le père d'André), avait été édifié avec les matériaux (bois de la charpente et tuiles) provenant de la destruction de la gare minière du chemin aérien situé au Plateau. Un parking estampillé «covoiturage», d'une capacité de 8-9 places, sera prochainement mis en service sur cet espace. «Cet aménagement est une bonne chose, souligne André Olivié, d'autant qu'il met superbement en valeur la sortie de Marcillac en dévoilant trois arches qui étaient jusqu'à présent masquées. Pour ma part, je souhaiterais que cet espace soit dénommé parking François-Cabrol pour rendre hommage à l'ingénieur ruthénois qui a dessiné le pont au siècle dernier».
Le viaduc, dit « le Pont Rouge » est le dernier témoin de l’ère industrielle sidérurgique du XIXème siècle. Il permettait d’alimenter en minerai de fer du gisement voisin de Mondalazac, le premier prototype de haut fourneau construit en France, à Firmi. La ligne de chemin de fer ne fut plus utilisée à partir de 1921. Depuis 1992, le Pont Rouge appartient à la commune de Marcillac qui le fit restaurer.
Mais ce qui est le plus fameux à Marcillac ce n’est pas le pont rouge ni le pont Malakoff dont nous vous parlerons plus loin, c’est...
Dès le IXème siècle, la destinée du vignoble de Marcillac fût liée aux personnages qui ont marqué l’histoire de la région. Moines de Conques, notables de Rodez, Comtes du Rouergue… En ont fait son succès. Le vignoble de Marcillac est aussi empreint de l’ouvrage des hommes, des « journaliers » d’autrefois, qui ont dompté cette terre rude, aménageant à flanc de coteaux des murets en pierre sèche, afin de cultiver la vigne.
Le vignoble s’est d’abord développé sous les auspices de l’abbaye de Conques. Les deux caves les plus anciennes encore existantes à Marcillac datent du XVIIIème siècle. En 1852, avec 2.398 hectares cultivés, le vignoble de Marcillac était à son apogée. Il alimentait principalement la ville de Rodez puis dès le milieu du XIXème siècle, avec la crise du phylloxéra, les ruthénois n’en voulurent plus. Le bassin minier de Decazeville représenta alors un important débouché pour le vin. Cependant, les attaques de parasites sur la vigne, les grandes guerres, la fermeture des mines de Decazeville, les aléas climatiques… Vont enclencher son déclin. A partir de 1960, une poignée d’hommes décident de le ressusciter.
Le vignoble a accédé à l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) en 1990 et elle est aujourd’hui composée de 54 producteurs, sur 161 ha et pour 8000 hl de production. Le maximum de la production du vignoble de Marcillac fut de 100 000 hl. L’aire de production s’étend au-delà des frontières communales de Marcillac, à Balsac, Clairvaux d’Aveyron, Goutrens, Mouret, Nauviale, Pruines, Salles-la-Source, Saint-Cyprien-sur-Dourdou, Saint-Christophe-Vallon et Valady.
Il est implanté sur ces argiles rouges riches en oxyde de fer, localement appelées « rougiers ». Les parcelles sont accrochées à un coteau pentu ou plantées en terrasses. Le cépage principal à 90 %, est le Mansois, nom local du Fer Servadou, le reste étant des cabernets sauvignons et franc. Le vin est rouge, tannique et rustique.
Vignoble AOC de Marcillac en chiffres...
Nous ramenons quelques souvenirs... Toujours une épreuve de les caser dans le coffre de la Z... Surtout que même si le temps n’est pas au beau il est hors de question de mettre le toit...
Avant de continuer notre route nous avions trouvé quelques cartes postales d’un pont original...
Un pont... Que vous ne verrez pas !
Le pont était jadis situé sur la route reliant Marcillac à Saint-Christophe.
« Si le viaduc de Millau est désormais le fleuron du tourisme aveyronnais moderne et même la figure de proue d'une publicité télévisuelle nationale sur la région Midi-Pyrénées, le pont Malakoff fit jadis la fierté des habitants du vallon de Marcillac.
Appelé également viaduc de l'Ady, ce pont haut de 22 m se composait d'une arche métallique centrale (44 m) montée sur le sol en 4 grandes courbes et reposant sur 2 piles de grès rouge à l'aspect de donjons féodaux. Trois arches ogivales reliaient les culées aux flancs des collines. L'ensemble se développait sur une longueur de 155 m et paraissait devoir défier les siècles. Imaginé dès 1852 par François Cabrol, il fut réalisé de 1855 à 1856 au détour de la route de Saint-Christophe à Marcillac, dans l'ombreuse vallée où serpente l'Ady.
Tiré par des chevaux, du minerai de fer pour hauts fourneaux en provenance de Mondalazac transitait sur des wagonnets par le pont rouge à l'entrée de Marcillac, puis via un tunnel ferroviaire descendait jusqu'au Malakoff, après avoir traversé la nationale de Saint-Christophe, la précieuse marchandise finissait son circuit à Firmi.
Louis Delmas, l'un des derniers habitants du Vallon à avoir connu le pont, se souvient : « Vers la fin des années ''30'', j'avais 11 ans lorsque mon cousin, plus âgé, m'entraînait dans un wagonnet sur la pente qui allait d'un pont à l'autre ». Les habitants du Vallon prenaient plaisir à déjeuner sur l'herbe ou pêcher l'écrevisse, puis à monter sur l'édifice qui tirait son nom du souvenir glorieux des batailles de Crimée.
C'est en 1944 que son démontage fut décidé par son acquéreur qui voulait utiliser ses pierres pour des reconstructions, précieuses en ces temps de guerre. Les Allemands en récupérèrent le fer. Son passage routier étroit, sous un porche ogival, était devenu dangereux pour des automobiles de plus en plus nombreuses. Dès lors, les municipalités du Vallon ne firent rien pour le sauver.
Le sort du majestueux viaduc était donc scellé. La forteresse rouge ne serait plus qu'un souvenir s'estompant avec le temps. De l'époque de sa splendeur, ne reste qu'une plaque de fonte de 4 cm d'épaisseur, plantée sur l'aire de repos de Firmi.
L'ancêtre du viaduc millavois n'aura donc jamais connu son descendant aveyronnais.
Le 7 septembre 1855, du haut de la tour Malakoff qu'il venait de conquérir de haute lutte, le général MacMahon s'était écrié : « J'y suis, j'y reste ! », une affirmation que le pont aurait aimé pouvoir crier à ses destructeurs zélés. ».
Nous quittons Marcillac et ses ponts et toujours direction au nord sur la D901.
La route est large, à peine sinueuse, souvent bordée de terres rouges...
Nous apercevons une petite construction, visiblement une chapelle.
Non seulement le nom nous rappelle la route Napoléon mais une jolie histoire est attachée à ce petit édifice de pierres rouges...
« C’est une minuscule et coquette chapelle, en bordure de la RD 901 à la sortie de Marcillac sur la commune de Nauviale, qui aurait été construite en 1865. C’est en tout cas, ce que semble révéler l’inscription gravée au dos de son tabernacle de bois. Cependant aucun document écrit n’ayant été retrouvé à ce jour pour confirmer cette date.
Transmise de génération, son histoire qui se déroule au milieu du XIXème siècle, relève peut-être de la légende… Mais elle mérite d’être contée.
À cette époque, Monsieur Foulquier, domicilié à Igou, souffrant de son récent veuvage se rendit en pèlerinage à Notre-Dame de La Salette en Isère, où la Vierge serait apparue à deux petits bergers en 1846. Habité par une profonde dévotion à la Madone, il caressait ainsi l’espoir de découvrir si sa femme avait gagné le Paradis comme il l’espérait.
Les sœurs du couvent où il fut accueilli lui auraient suggéré de construire chez lui une croix ou un symbole dédié à la Vierge, un acte qui lui permettrait de renforcer l’impact de ses prières et de connaître enfin la destination de l’âme de son épouse. À son retour, Monsieur Foulquier aurait choisi d’ériger une chapelle.
L’édifice devait être primitivement construit sur les hauteurs près de La Coupette, à l’embranchement des hameaux de Combret et d’Agar. Une croix fut effectivement érigée à cet endroit, mais pas la chapelle qui allait finalement trouver sa place plus bas dans la vallée, au hameau de Rozières. Le terrain appartenait à la famille Bordes qui exploitait une carrière sur la route de Conques, ce qui faciliterait le transport des pierres pour la construction. Monsieur Foulquier, qui n’était pas riche se dépouilla de tous ses biens pour concrétiser son projet avec l’aide de son ami et voisin Monsieur Bordes.
"Fou" et "Bor", deux autres inscriptions figurent également au dos du tabernacle, certainement un diminutif pour Foulquier et Bordes… Un indice supplémentaire qui semble donner du crédit à une histoire réelle plutôt qu’à une simple légende !
Une messe est célébrée en la chapelle de Notre-Dame de la Salette pour fêter la nativité de la Vierge, chaque année à la mi-septembre. ».
Nous continuons notre route et arrivons à Nauviale, fin de cet épisode 2 !