Comme à notre habitude nous avons étudié notre balade et nous nous sommes documentés, surtout grâce aux photos et cartes postales anciennes. Elles datent souvent du début des voyages en automobile... Une fois sur place nous cherchons ensuite à retrouver les lieux...
Mais voilà, plus de 120 ans après ces images, les routes et les paysages ont bien changés...
La mise en eau du lac a supprimé beaucoup de routes et il est difficile d’avoir une bonne vision du réseau routier d’avant la création des barrages...
En effet, à la différence du travail que nous avons effectué sur le lac du Salagou et son barrage, beaucoup plus récent, les années 1970, nous n’avons pas de photos aériennes avant/après pour ce secteur...
Les missions IGN ne commencent qu’en 1947... Et le barrage fut terminé en 1934...
Donc difficile de retrouver les paysages figurant sur les cartes postales du début du siècle...
Mais le mois prochain nous parviendrons à retrouver quelques lieux !
Pour cette fois ci tout est maintenant sous l’eau... Le seul moment où les lieux, routes, ponts redeviennent visibles c’est lors des opérations de vidanges, la dernière datant de 2014, la précédente fut réalisée en 1979.
Au sujet du Salagou et de ses routes, ses ponts et sa Nationale 9 ennoyés, vous pouvez lire nos articles sur ce blog, le 1er de la série étant celui-ci : https://z4du34.com/2024/01/depart-pour-les-terres-rouges-du-salagou.html
Enfin, vous trouverez à la fin de cet article des photos d’avant le barrage, lors des vidanges et des photos plus récentes.
Revenons à notre parcours du jour. Nous quittons Pierrefort par la D65 et nous descendons vers le lac de Sarrans.
C’est un lac de retenue partagé entre les départements de l'Aveyron et du Cantal, ce lac de retenue se situe à 647 mètres d'altitude et son volume s'élève à 296 millions de mètres cubes d'eau. Long de 35 kilomètres et profond de 100 mètres, il s'étend sur 1 000 hectares, ce qui en fait le huitième plus grand lac artificiel français.
Le lac arrose plusieurs communes auxquelles il sert de limite naturelle : quatre en Aveyron : Brommat, Cantoin, Sainte-Geneviève-sur-Argence et Thérondels, et sept dans le Cantal : Chaudes-Aigues, Espinasse, Lieutadès, Neuvéglise, Oradour, Paulhenc et Sainte-Marie.
Outre la Truyère, plusieurs affluents de celle-ci alimentent la retenue en eau.
Ce lac a été créé par la construction du barrage de Sarrans. Nous vous montrerons ce barrage en détail dans de prochains épisodes, mais voici déjà quelques indications.
C'est un barrage-poids en béton haut de 113 mètres par rapport aux fondations et 105 mètres par rapport au lit de la rivière. Il est long de 225 m en crête et sa largeur est de 75 m à la base pour 4 m en crête.
L'usine hydroélectrique de Sarrans est constituée de quatre groupes turbine de type Francis :
Avec une puissance installée de près de 183 MW3, cette usine peut alimenter une ville telle que Rodez ou Aurillac.
Sa construction débuta en 1929. Il fut visité en juin 1933 par le président de la République Albert Lebrun qui venait inaugurer l'usine souterraine voisine de Brommat 1. Une plaque commémore l'événement à l'intérieur de l'usine souterraine. Sa mise en service s'effectue en 1934.
Durant l'entre-deux-guerres, le barrage de Sarrans fut le dernier élément construit d'un ensemble comprenant les petits barrages, supprimés depuis, de la Cadène et de la Bromme, et la grande usine souterraine dite « Brommat 1 » avec ses six groupes.
La construction du barrage a entrainé la formation d’un lac de retenue et la disparition de plusieurs constructions, fermes, routes, chemins, et notamment du hameau de Tréboul et de son pont Gothique...
Il semblerait qu’à la différence de ce qui est arrivé dans certaines régions les acquisitions foncières se passèrent assez bien. Les propriétaires étant assez contents d’empocher les sommes proposéss pour la vente de leurs terres...
Des routes et des infrastructures furent ennoyées et notamment le pont de Tréboul, pourtant classé monument historique...
Cet ancien pont en pierre aujourd'hui submergé était inscrit depuis 1927 comme monument historique.
La légende dit qu’il aurait été construit par les Anglais durant la Guerre de Cent Ans...
Il se trouve donc maintenant noyé par le lac du barrage de Sarrans construit de 1930 à 1934...
Voici ce qui est indiqué sur un panneau à côté du pont :
« Décrit dès le Vème siècle comme passage sur la Truyère, Triobris en latin, Tréboul voit la construction d’un pont gothique à deux arches dès le XIVème classé. Il résistera à toutes les crues et à son ennoiement. Il permettait les échanges entre l’Auvergne, le Rouergue, le Languedoc, la « draille du sel ».
Ce pont n’a pas été détruit ! Et il reste visible lors des vidanges périodiques du lac. Ce fut le cas en 1979 et en 2014.
Cet ancien pont se situe à l'endroit où la voie romaine de Dienne à la Roche-Canilhac franchissait la Truyère. Sa construction remonte au XIVème-XVème siècle. Un péage subsiste jusqu'à sa suppression par un arrêt du Conseil d’État en 1724.
Il fut utilisé jusqu'en 1933, date de la mise en service du nouveau pont précédant la mise en eau de la retenue du barrage de Sarrans.
De mai à octobre 2014, le lac de retenue a été entièrement vidé, pour la première fois depuis 1979, afin de réaliser d'importants travaux sur le barrage pour un montant de 25 millions d'euros. Outre de l'entretien divers, le principal chantier a consisté à creuser une galerie de 100 mètres de long sur 5,50 mètres de diamètre dans la roche granitique au fond du barrage pour permettre une vidange d'urgence, nouvelle obligation réglementaire pour le contrôle des crues.
Lors de cette vidange il a été possible de voir les 2 ponts, les photos donnent une idée du volume d’eau présent en temps normal...
Un extrait d’un article de l’époque :
« On trouve des vestiges d'anciennes fermes et maisons d'habitation. «Jusqu'à la mise en eau du barrage, on avait ici une vallée très rurale. Tréboul était un hameau de paysans où les gens élevaient des moutons et des chèvres, peu de vaches car l'endroit était trop encaissé», explique le guide. Jusqu'à la Révolution, Tréboul était un haut lieu de passage. Le pont comportait un péage. Au XVIIIe siècle, le hameau comptait entre 40 et 45 habitants. Avec l'arrivée du barrage, vingt-six personnes ont dû abandonner leurs maisons et leurs terres moyennant des indemnisations. «Avant de partir, ces gens ont démonté partiellement leurs habitations, récupérant les toitures, les charpentes, les poutres qu'ils sciaient au ras des murs», poursuit Frédéric Béranger. Ils ont rebâti quelque chose de part et d'autre de la vallée. En sillonnant les ruines actuelles, on retrouve ici et là, des traces de fours à pain, un évier et plus loin, la cheminée d'une auberge à Férrand, les vestiges d'un moulin à Cayran... ».
La prochaine vidange aura lieu vers 2050...
C’est un pont suspendu à travée unique et deux pylônes, il fut mis en service « officiellement » en 1935...
Sa portée principale est de 159 mètres, et il est haut d’une quarantaine de mètres.
Nous faisons quelques photos du côté nord où nous sommes arrivés, le mois prochain nous arriverons côté sud, par la D56 côté Chaudes-Aigues.
En partant nous passons devant une petite chapelle face à l'entrée du pont.
C’était la maison pour percevoir la gabelle, la taxe du sel.
Avant la « noyade » de l'ancien pont, elle fut déplacée plus haut à côté du pont de Tréboul « moderne »... On l’aperçoit sur une photo prise de la rive opposée, dans l’axe du pont.
Nous prenons la D56 pour reprendre de la hauteur et découvrir le pont d’un agréable belvédère...
Ensuite nous partons pour Sainte Marie. Une jolie route avec une petite série de lacets...
Sur le bord de la route, pas très loin du pont, se trouve une ancienne source minérale ferrugineuse « la Fon del Sal » ou fontaine du sel. Cette source a été exploitée jusqu’au XIXème siècle avec des propriétés médicales pour l’anémie reconnues.
Le nom Fon del Sol (Fontaine du Soleil) a été créé plus tard pour nommer la colonie de vacances protestante dans les deux maisons face à la source.
Nous poursuivons et arrivons à l’entrée du hameau de Sainte Marie.
Fin de l’épisode 8 !