Départ de Clermont vers le sud, la sortie de la ville se fait plus rapidement maintenant que nous connaissons le chemin…
Nous avions repéré quelques points qui nous intéressaient et nous prenons le temps de les voir de près.
Aujourd’hui en sortant de Royat on passe devant un hôtel-restaurant « La Belle Meunière ». Ce nom m’a rappelé mes cours d’histoire, même si c’est de la petite histoire!
L’histoire remonte à 1879, lorsque Marie Quinton décide de transformer le moulin de ses parents en une pension de famille baptisée « l’hôtel des Marronniers ». Elle était surnommée « La Belle Meunière » d’après le lieu où elle vivait avec sa famille. Ses talents culinaires, délicieuse truite au bleu et excellent coq au vin, ne tardent pas à la faire connaître bien au-delà des frontières auvergnates…
Des années plus tard, en raison de sa popularité, de ses idées et de ses réseaux d’influence, le général Boulanger représentait un danger pour le gouvernement. Il fallait donc l’éloigner des affaires. Un décret l’expédia à Clermont pour qu’il y prenne le commandement du 13e corps d’armée. Il y fut reçu officiellement le 11 juillet 1887. Tandis que ses amis parisiens s’émouvaient d’une "déportation dans les montagnes d’Auvergne", le général aménageait une vie clandestine aux côtés de Marguerite de Bonnemain. L’hôtel des Marronniers, tenu par Marie Quinton, "La Belle Meunière", abritait leur nid d’amour…
La suite de l’histoire sera triste…
Le général avait rejoint Paris, s’était battu en duel, avait été blessé, obtenu quelques succès politiques, mais il recula devant la prise du pouvoir. Les deux amants revinrent à plusieurs reprises dans leur auberge favorite…
Le 16 juillet 1891, Marguerite décéda de la tuberculose. Deux mois et demi plus tard, le général désespéré se suicida sur la tombe de sa maîtresse, en Belgique…
Cette histoire d’amour clandestine fut racontée par l’aubergiste elle-même dans un journal éponyme paru en 1895, après la mort tragique des deux amants…
Aujourd’hui la table est toujours réputée et pour 250 € vous pourrez dormir dans la chambre « Les amants de Royat » …
En 1890 Joseph Demarty, minéralogiste chamaliérois et fondateur de la société des pierres précieuses d’Auvergne, souhaite relancer l’exploitation de l’améthyste dans la région. Il exploite plusieurs filons près du Vernet-la-Varenne. Il achète un moulin sur la Tiretaine à Royat pour y installer un atelier de pierres de taille.
La taillerie de Royat travaillait des pierres fines ou rares, locales comme la fluorine d’Auvergne, ou importées comme la pierre de jade ou les agates dont la coupe révèle des cercles de couleurs. C’était une pierre utilisée pour faire des presse-papiers, des colliers ou des boutons de manchettes. Au plus fort de l’activité, près de 80 ouvriers et ouvrières travaillent à la taillerie. Comme les couteliers à Thiers, les hommes sont allongés face aux meules. Les femmes chargées de la finition fabriquent des bijoux. Le bâtiment a été construit par l’architecte clermontois Jean Guillot.
Malheureusement en 2004 la taillerie ferme définitivement ses portes. Le bâtiment est vendu 525.000 € (375.000 € à la charge de l’Établissement public foncier (EPF) et 150.000 € à la charge de Royat (collections et machines). L’idée est d’en faire un musée…
Nous continuons notre périple en passant au pied du Puy de Dôme dont le sommet est encore dans les nuages.
Nous passons devant un monument au niveau de l’entrée du chemin menant au château de Cordès. Ce château possède trois éléments qui ont été classés au titre des monuments historiques: les façades du château, la chapelle avec le salon Louis XV et le parc à la française.
En 1984 le château sera utilisé comme décor lors du tournage du film La Promise (The Bride) 1985 avec Sting dans le rôle principal.
Depuis 2008 l’actuel propriétaire prend soin de ce lieu et continue la restauration, en cette année 2022 la visite est impossible à cause des travaux…
Donc à l’entrée de la route s’élève un monument, une croix dont le socle comporte l’inscription « Le pèlerin cycliste Gabriel Monnet de Ceyssat âgé de 19 ans a été victime d’une automobile le 27 mai 1923 ». Je n’ai trouvé qu’une précision, dans le Figaro du 30 mai 1923 : « Sur la route d'Orcival, près de Clermont-Ferrand, une automobile inconnue, marchant à toute allure, a renversé un jeune homme de Ceyssat, M. Monnet. Transporté à l'hôpital de Rochefort (Puy-de-Dôme), il expira peu après, ayant eu le crâne fracturé. ». Triste évènement qui incite à la prudence sur la route…
Nous connaissons pour y avoir séjourné en juillet 2021. Le village est très connu pour sa très belle basilique. En effet, la basilique Notre-Dame d'Orcival est un des joyaux de l'art roman auvergnat…
Nous ne nous arrêtons pas et enchaînons sur le lac de Servières.
Il est 11 heures et il fait 7°C avec un peu de vent, nous sommes à 1 200 mètres… Nous voulions voir ce lac car c’est un maar, formé par une éruption phréato-magmatique. En remontant via les fractures du sol terrestre, le magma rencontre une nappe phréatique. La vaporisation immédiate de l'eau provoque une pression intense qui produit une forte explosion et donne une éruption phréato-magmatique. Le cratère est ensuite rempli d'eau.
Le lac de Servières fait environ 15 hectares, et, comme la plupart des lacs de cratère, sa forme est quasi circulaire. Pour la petite histoire le lac de Servières appartient au département du Puy-de-Dôme depuis fin 2019, qui désire le classer en zone naturelle sensible. Il était auparavant une propriété privée, gérée par la société de pêche du personnel Michelin.
Nous nous demandions bien ce dont il s’agissait… Un point de vue est aménagé et de celui-ci on comprend en regardant le site. Voici les explications…
Les Roches Tuilière et Sanadoire sont deux volcans situés dans la vallée de Fontsalade. Le site est à cheval sur deux communes : la Roche Tuilière fait partie de Rochefort-Montagne tandis que la Roche Sanadoire est située sur Orcival.
Les deux « sentinelles » du lac de Guéry, appartiennent au massif volcanique de l’Aiguillier dont la période d’activité s’échelonna entre 2.2 et 1.8 millions d’années. A l’époque, ce volcan était en partie recouvert d’une calotte glaciaire.
Les Roches Tuilière et Sanadoire sont des « protrusions » (En géologie, une protrusion se forme lors d’une éruption volcanique lorsque la viscosité extrême de la lave fait que celle-ci monte lentement sous la forme d’un piston cylindrique que l’on appelle “une aiguille de protrusion”, selon Futura-sciences).
A l’extérieur, les magmas en conservèrent les diamètres et, tels des « pistons de lave », se construisirent verticalement : en une seule venue dans le cas de la Roche Tuilière et en plusieurs venues dans le cas de la Roche Sanadoire.
La Roche Tuilière s’élève à une altitude de 1288 mètres. La roche fut exploitée pour sa « lauze » jusqu’au milieu du XXème siècle.
En effet, les prismes réguliers, nés du lent refroidissement de la lave, se délitent en plaques minces et régulières, c’est-à-dire « les lauzes ». Ce terme générique a remplacé celui de « tuile ».
Ces dernières furent longtemps exploitées pour couvrir les toits des maisons et des églises dans un large périmètre, donnant ainsi son nom à la Roche Tuilière.
Située sur la commune d’Orcival, la Roche Sanadoire s’élève à une altitude de 1286 mètres.
Le nom de Roche Sanadoire, vient de « roche sonnante » du fait que la phonolite résonne quand on la frappe.
Au Moyen-Age, la Roche Sanadoire était surmontée d’un château qui était réputé pour être imprenable.
Il servit de repaire aux mercenaires anglais qui ravagèrent notamment la contrée pendant la guerre de Cent Ans. En 1373, les ducs de Bourbon et les seigneurs d’Auvergne durent l’assiéger pendant trois semaines afin de déloger les quelques 300 soldats anglais présent sur ce site.
A la fin du XVème siècle, de violents tremblements de terre auraient provoqués l’effondrement de la partie sommitale de la Roche Sanadoire…
Enfin, entre les deux roches, coule le ruisseau de Fontsalade qui a donné son nom à cette vallée glaciaire.
Après cette copieuse page de géographie nous reprenons Z, garée en bonne compagnie, une Aston Martin DB7 Vantage, presque l’auto de James Bond (lui roule en DB5 de 1964), avant de poser devant le panneau du col de Guéry.
Fin cette 1ère partie sur 5 qui constitue l’épisode 10 de notre Grand Tour en Auvergne 2022 !