Pour avoir la vue d’ensemble de la journée avec une vidéo de 2’45’’ c’est par là :
Balade des 6 cols du Gard du 4 décembre 2024
Donc nous prenons le petit chemin L’Issart qui doit nous mener au col de la Croix de Pallières. Ce col est au bout de ce chemin qui se termine en impasse pour ce qui en est de la route goudronnée.
Au bout de quelques centaines de mètres nous voyons un premier panneau d’information. Il nous indique que cette zone fut pendant des décennies un site d’exploitation minière.
Elle a débuté au XIXème siècle en vue d’exploiter un sous-sol riche en zinc et en métaux dérivés. Le Gard est une région qui bénéficie naturellement des zones d’un environnement géologique à forte teneur en arsenic, plomb, antimoine et cadmium. Le début de l’exploitation minière dans la région date d’ailleurs de l’époque romaine.
En 1913, la concession minière est reprise par la Société des Mines et Fonderies de Zinc de la Vieille-Montagne, intégrée plus tard à Union Minière, le prédécesseur d’Umicore. Les métaux extraits sont utilisés pour produire du zinc raffiné permettant notamment de protéger l’acier contre la corrosion (clôtures, équipement routier,…) et des matériaux de construction tels que des gouttières, des éléments de toiture et de bardages.
C’est en 1971, soit près de 60 ans plus tard, qu’Union Minière décide de fermer les mines de Saint-Félix-de-Pallières, pour des raisons économiques.
A la suite de l’ouverture de la procédure de renonciation à concessions, Union Minière, et après Umicore, a réalisé les travaux de remise en état du site et de protection de la zone sensible (digue à stériles), conformément aux exigences des pouvoirs publics. La renonciation à concession a été acceptée par l’Etat français en 2005.
Dans le cadre de la renonciation des concessions l’ensemble des installations minières ont été détruites à la demande de l’Etat. Contrairement à d’autres exploitations de la région, aucune construction n’a été conservée et depuis 50 ans la forêt a maintenant en partie recouvert l’ancien site faisant presque oublier le passé minier du site.
Depuis l’arrêt définitif des travaux miniers, Umicore n’a jamais quitté la région et surveille très régulièrement l’état de ses parcelles, et plus particulièrement celle sur laquelle est située l’ancienne digue à stériles. Il est à noter que mis à part la digue, Umicore n'est pas propriétaire des terrains se trouvant dans le périmètre de l'ancienne mine.
Voilà qui est rassurant.
Pour ceux qui connaissent je vous confirme que la société Union Minière dont il est question dans le paragraphe précédent est bien l’Union minière du Haut Katanga, l’UMHK...
On rencontre l’UMHK dans plusieurs « affaires », du projet Manhattan pour la création de la bombe atomique à l’assassinat de Patrice Lumumba en passant par la guerre d’indépendance du Katanga...
« En 2018 la société UMHK est devenue la société Umicore. Elle est cotée sur Euronext Belgique, indice BEL20. L'entreprise a notamment été dirigée par Marc Grynberg (Directeur) et Thomas Leysen (PDG). Selon le groupe elle a réalisé cette année-là des revenus (hors métal) de 3,3 milliards d'euros (chiffre d'affaires de 13,7 milliards d'euros), avec environ 10 400 employés... ».
Revenons à Saint Félix de Pallières où nous poursuivons sur un petit chemin étroit dont le goudron est traversé par l’herbe...
Et là nous croisons des gens en combinaisons blanches... Cette tenue me rappelle les tenues risques NBC (Nucléaire-Bactériologique-Chimique) que j’ai eu à porter il y a longtemps...
En pleine forêt c’est un peu bizarre...
Bizarre également les panneaux que nous rencontrons un peu plus loin...
Ils indiquent clairement en gros : « Attention danger environnement pollué » !
Suivent d’autres panneaux plus grands, de couleur rouge, y sont inscrit :
Nous poursuivons le chemin qui est maintenant longé par une clôture grillage.
Derrière cette clôture des engins de chantier et du personnel en combinaison blanche travaillent...
Nous ne sommes pas encore au col, nous allons y arriver dans quelques centaines de mètres.
Pratiquement au niveau du col un nouveau grand panneau, rouge :
Nous faisons rapidement quelques photos, et faisons demi-tour juste après ce qui nous semble la base vie des ouvriers du site.
Revenons au col avant de vous faire part de ce que nous avons appris depuis notre passage...
Il culmine donc à 347 mètres, c’est le 74ième sur les 96 de département du Gard, donc le plus haut de notre journée.
Mais il n’y a pas de panneau ou de poteau pour préciser son emplacement.
Donc de retour à Montpellier nous avons recherché quelques informations et il semble qu’il y ait un discours très très différent de celui qui figure sur les panneaux...
En effet, la pollution est importante, dangereuse et dure depuis des années...
Notre but n’est pas de développer davantage le sujet ici mais voici quelques extraits d’articles que vous pourrez retrouver sur internet, en cherchant un peu car l’information n’est jamais très visible...
"1000 fois le seuil de toxicité" : la société Umicore commence la dépollution d'anciens sites miniers dans les Cévennes
Article de France3 régions et Francetvinfo.fr, écrit par Loreena Duret et Pauline Pidoux et publié le 29/11/2024
En avril 2024, le Conseil d’Etat avait validé une décision de justice obligeant la société belge Umicore à dépolluer d’anciens sites miniers dans les Cévennes. Les travaux ont finalement commencé début novembre sur la commune de Saint-Félix-de-Pallières (Gard).
C’est le symbole d’une victoire d’un combat de 12 ans pour l’Association pour la Dépollution des Anciennes Mines de la Vieille Montagne (ADAMVM). Ils luttent depuis de nombreuses années pour obliger la société belge Umicore à dépolluer les sols de plusieurs anciens sites miniers dans les Cévennes. Il y a un peu plus de six mois, le Conseil d’Etat a rendu sa décision : Umicore est bel et bien obligé de dépolluer certaines zones impactées par les activités minières.
Depuis le début du mois de novembre 2024, la société a donc commencé les travaux de dépollution des sols sur la commune de Saint-Félix-de-Pallières et plus précisément au niveau de la laverie de l’Issart, un ancien site minier exploité jusqu’en 1971...
ADAMVM. Association pour la Dépollution des Anciennes Mines de la Vieille Montagne https://adamvm.net/
L’association a été fondée en 2014, continuant l’action de l’association des Riverains des Mines de la Croix de Pallières (créée en 2012) en poursuivant la lutte pour la Dépollution des Anciennes Mines de la Vieille Montagne.
Son but est de lutter contre toute forme de pollution due à l’exploitation des anciennes mines métallifères, et de défendre les intérêts des habitants touchés directement ou indirectement par cette pollution.
Son siège se situe à St Felix de Pallières (30140), village cévenol touché par la pollution minière suite notamment à l’exploitation des mines Joseph et de la Croix de Pallières...
Site de la mairie : https://www.saintfelixdepallieres.fr/la-mine
En 1971 la mine de la Croix de Pallières a été fermée, faute de rentabilité. Le lieu a été abandonné après extraction en minerai pur de 146.000 tonnes de zinc, 81.000 tonnes de plomb, 30 tonnes d'argent et même du germanium.
D’aucuns se souviendront encore avoir fait de la luge descendant « notre dune du Pilat » cévenole du site de la mine sur la commune de Thoiras.
Cette dune n’en était pas une, plutôt un crassier, une digue de stériles, composée d’une poussière bien chargée de métaux lourds, de déchets, laissé par le dernier exploitant de la mine, l'Union Minière plus tard devenu Umicore.
Dans les décennies suivant la fermeture, la poussière s'est répandue avec la tramontane.
Dans un rapport dévoilé en 2008, Géoderis (Groupement d’Intérêt Public (GIP) constitué par le ministère de la transition écologique et solidaire, le BRGM et l’INERIS) a reconnu une pollution en métaux lourds importante.
Depuis 2010 l'Association pour la Dépollution des Anciennes Mines de la Vieille Montagne (ADAMVM) s'active autour de ce problème sanitaire, mais aussi économique et patrimonial...
Site de l’'association SystExt (Systèmes Extractifs et Environnements)
À Saint-Félix-de-Pallières, des risques connus mais des populations laissées-pour-compte
15 février 2022
Depuis juin 2020, SystExt mène un projet d’étude qui souhaite mettre en exergue les réalités de l’après-mine en France métropolitaine. Celui-ci prévoit la visite d’une vingtaine d’anciens sites miniers dans une dizaine de départements, afin de rencontrer des populations affectées ainsi que les autres acteurs concernés par les pollutions minières. SystExt revient sur ces territoires miniers au travers de huit reportages de terrain, étayés de recherches bibliographiques. Premier volet de la série : Saint-Félix-de-Pallières dans le Gard, ancienne mine de plomb-zinc...
En conclusion nous pouvons dire qu’il y a des histoires anciennes qui durent...
Pour notre part nous sommes rentrés par le même chemin jusqu’au chemin des dolmens.
Les dolmens sont certainement à voir mais au vu de la situation du coin nous n’irons pas les voir...
Les travaux de dépollution que nous avons vu ont donc débutés il y a moins d’un mois avant notre passage !
Nous arrivons sur la D133 et gagnons Anduze à 5 kilomètres en repassant par le col de Traviargues.
Petite promenade, piétonne, dans Anduze puis retour à Montpellier.
Juste une petite halte shopping à la cave coopérative des vignerons de Tornac !
Fin de cet épisode et de cette journée qui s’est terminé sur un col que nous vous conseillons d’éviter...