Un épisode avec peu de Z mais une copieuse page d'histoire...
Nous reprenons la D54 pour rejoindre la D500 qui descend vers le sud.
Nous passons au pied du mont Tartas, ancien volcan, qui culmine à 1 349 mètres, ce qui fait un dénivelé d’environ 250/300 mètres car nous devons être déjà à plus de 1 000 mètres.
Nous traversons Saint-Paul de Tartas. Et comme certains le disent « Les amateurs de solitude seront comblés, c'est le désert du Tartas. ».
Dans la région il y a de nombreuses croix de granit qui sont à découvrir le long des routes et des chemins dans la campagne. Nous faisons un pause photos près de l’une d’elles.
Nous rejoignons la N102 et entrons à Pradelles. Le centre du village est un peu animé, il sert de parking, gratuit. Nous nous garons et allons visiter le village à pied.
C’est donc un village qui fait partie des plus beaux villages de France. Voici leur descriptif :
« Dominant la vallée du Haut Allier, sur la voie Régordane reliant l'Auvergne au Languedoc, cette ancienne place forte était une étape importante pour les marchands important les denrées du Midi ainsi que pour les pèlerins en route vers Saint-Gilles et venant du Puy-en-Velay. Témoins de cette époque prospère, les demeures nobles aux murs de pierre et arcades, dont les hautes façades s'érigent contre les bourrasques cévenoles, ont vu passer des générations de voyageurs, parfois célèbres, à l'instar de l'écrivain écossais Robert Louis Stevenson qui a donné son nom à cette voie devenue le GR 70. ».
Le nom de Pradelles est d'origine romane et fait référence aux prairies abondantes qui recouvraient à l'époque les montagnes environnantes.
Nous nous promenons dans le village, sous un beau soleil…
Plusieurs beaux points de vue avec tables d’orientation permettent de découvrir les paysages, ces mêmes lieux servaient autrefois de point de guet…
On distingue au loin le lac de Naussac.
Le lac de Naussac est un lac de retenue généré par le barrage de Naussac, construit en 1980 sur un affluent de l'Allier près de Langogne en Lozère.
Sa fonction est de garantir un débit minimum en cas d'étiage dans les cours moyens et inférieurs de l'Allier et de la Loire.
Il s'agit du plus grand lac du département de la Lozère. Il a recouvert l'ancien village de Naussac.
Nous continuons notre promenade dans ce village bien rénové, la seule chose que l’on ne visitera pas ce sont les souterrains.
En cas d’attaque il faut savoir que le village de Pradelles est parcouru par un réseau de souterrains (tous répertoriés) qui part du cœur du village pour déboucher en plusieurs endroits au-delà de l'enceinte historique, ce qui pouvait permettre aux villageois de sortir du bourg à l'insu d'éventuels assaillants. La majorité de ces souterrains est aujourd'hui éboulée, les entrées sont obstruées volontairement pour des raisons de sécurité, toute visite étant suicidaire. Quelques entrées existent cependant encore dans certaines propriétés privées.
Nous faisons quelques photos mais comme des gens habitent dans le village, environ 550 habitants, ils garent leurs voitures au plus proche de leur porte d’entrée… Donc comme à Arlempdes il faut ruser pour éviter les véhicules sur les photos…
La porte construite au XIIIème siècle appartenait au système défensif de la ville. Elle a conservé les corbeaux de pierre des mâchicoulis, les pierres primitives constituant l'escalier montant au rempart et une Vierge à l'Enfant. Mais cette porte a une histoire, ou plutôt une légende…
« Cette porte rappelle un épisode des guerres de Religion, au cours duquel la ville repousse une attaque d'une bande protestante en mars 1588, grâce à Jeanne de la Verdette qui lança une pierre du haut de la porte sur Chambaud, le capitaine huguenot.
En réalité il semble que cet épisode des guerres de religion fut généreusement embelli au fil des siècles. Une plaque de marbre indique que, lors de l'assaut du 10 mars 1588, Jeanne La Verdette tua le capitaine Chambaud en lui jetant une lourde pierre sur la tête. S'il existe bien une relation (datée du 20 mars 1588) relatant une tentative de prise de Pradelles par les troupes protestantes du Vivarais, on sait aussi que Chambaud ne fut pas tué à Pradelles, et qu'il ne mourut qu'en 1600.»…
Mais le plus surprenant fut de trouver dans l’église Notre-Dame de l'Assomption, datant de 1902, un mémorial concernant un général d’Empire dont le nom figure sur l’Arc de Triomphe à Paris !
Il est né le 14 juin 1775 à Pradelles et mort le 1er février 1809 à Saragosse.
« Il entre en service en 1793, comme adjoint aux fortifications dans les places fortes du nord, puis passe en tant que lieutenant dans l’armée des Pyrénées-Occidentales. De 1798 à 1801, il participe à la campagne d’Égypte et est nommé capitaine le 10 mars 1799, avant d'être blessé lors du siège de Saint-Jean-d'Acre. Le 22 avril 1801, il est nommé chef de bataillon. De retour en France en novembre 1801, il est affecté le 22 décembre à la garnison de Mantoue, participe au siège de Gaète au mois de février 1806, et devient chevalier de la Légion d’honneur le 4 mai 1806. Le 15 août de la même année, il est nommé colonel du génie, et le 16 octobre, il commande le génie du 7e corps d’armée.
Lacoste prend les fonctions d’aide de camp de l’Empereur le 11 février 1807. Il participe au siège de Dantzig et est promu officier de la Légion d’honneur le 26 mars 1807. Blessé à la bataille de Friedland le 14 juin 1807, il est nommé chevalier de l’Ordre militaire de Saint-Henri de Saxe le 10 juillet 1807, puis chevalier de l’ordre de la couronne de fer le 31 mars 1808 et comte de l’Empire le 29 juin 1808. Il est promu général de brigade du génie le 28 août 1808 et meurt le 1er février 1809 au cours du siège de Saragosse, où il commande le génie du 3e corps d’armée. ».
Il faut savoir que le second siège de Saragosse est le dernier siège de cette ville pendant la Guerre d'Espagne. Il est régulièrement considéré comme une des batailles les plus brutales des guerres napoléoniennes, et souvent comparé à la bataille de Stalingrad en raison des similitudes entre les combats de rues extrêmes qui ont eu lieu lors de ces deux sièges…
Le peintre et soldat Louis-François Lejeune (soldat à Valmy en 1792 et baron d'Empire - Général de brigade en 1812 !) a réalisé un tableau « Assaut du monastère de Santa Engracia, le 8 février 1809 ».
Il connaissait bien son sujet car il a participé au siège de Saragosse et fut nommé colonel le 10 mars 1809 après s'être valeureusement comporté. Il a fait figurer André Bruno de Frévol de Lacoste sur son tableau. J’ai indiqué le général avec la croix rouge.
Le 1 février 1809, lors du siège de Saragosse où il commandait le génie, il mourut sur le champ de bataille, frappé par une balle. Ainsi, se réalisa la prophétie de Napoléon qui une fois, lorsqu’un de Lacoste lui était présenté, avait dit au sujet d’André-Bruno : « Il ira bien loin, si une balle ne l’arrête ». Mais avant de mourir, André-Bruno avait déjà laissé son nom dans l’histoire de son temps.
André-Bruno était une personne à l’esprit vif et orné, aux moeurs douces et simples, à l’aspect noble et prévenant. Marié en 1808, juste avant sa dernière campagne, il ne laissa pas de postérité.
A la mort du général A.-B. Lacoste, son coeur, renfermé dans une urne, fut déposé dans une chapelle au cimetière de l’hospice de Pradelles. Par la suite, Mgr L.-J. Maurice de Bonald, évêque du Puy, jugea convenable de faire placer cette urne funéraire dans l’église de Pradelles, dans un monument en marbre noir élevé aux frais du département de la Haute-Loire et de la ville de Pradelles. La translation solennelle, en présence des autorités du département et du canton, eut lieu le 3 octobre 1839. Et voici l’épitaphe latine (faisant allusion à un don pieux) qui résume sa vie brève et héroïque :
Lugete cives et amici,
nondum erat altari suo reconditum donum pietati, jam victor
obierat munificus dator, moenia caesaris augustae apud iberos virtute bellica premens.
Strenuus bello, genio militari fortissimus, clarus omni virtute,
modestia praestantior, patriae suisque dilectus,
diebus paucis explevit tempora multa.
Flevit eum augustissimus imperator,
flevere principes, exercitus, Alta Ligeris, Anicium,
maximeque sua natalis civitas Pratalensis.
Pleurez, citoyens et amis,
le don pieux du généreux donateur n’était pas encore placé à l’autel, lorsqu’il mourait,
assiégeant une cité forte chez les ibères.
Guerrier valeureux, fort du génie militaire, resplendissant de toutes les vertus,
plein de discretion, aimable à la patrie et cher aux siens,
en peu de temps il consomma une vie dense.
L’empereur très auguste le pleura ; les chefs, l’armée le pleurèrent,
la Haute-Loire, Le Puy, surtout Pradelles, sa ville natale.
Il fait partie des 660 personnalités à avoir son nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile. Il apparaît sur la 38ième colonne (l’Arc indique LACOSTE)
Sur cette page d’histoire nous reprenons la route N88 pour aller vers Lesperon, nous changeons de département. Nous voilà maintenant en Ardéche.
Nous quittons maintenant la N88 pour la D108. Nous passons devant une immense carrière.
C’est une imposante carrière des entreprises Dodet, les réserves estimées exploitables dans la limite du périmètre autorisé sont d’environ 2 500 000 tonnes, la production maximale annuelle autorisée est de 120 000 tonnes, l’extraction est menée à ciel ouvert et hors d’eau sur l’ensemble de la carrière.
3 types de matériaux en sont extraits :
Dense, résistant et isolant, le basalte est un matériaux de choix pour une utilisation sur chaussées, routes et trottoirs. De couleur noire, il offre également des perspectives intéressantes en matière de décoration des extérieurs. Ses propriétés paramagnétiques lui permettent de nombreux usages dans le domaine de l'agriculture biologique.
En plus des utilisations classiques, concassé, pierre à gabion, etc, on a noté la possibilité d’avoir des pas japonais issus de la découpe des colonnes présentes dans la carrière.
Caractérisé par une teinte variable et un aspect granuleux, le granite conjugue durabilité et forte résistance mécanique. Il est ainsi un matériaux de premier choix dans les domaines de la construction mais aussi des aménagements extérieurs (bordures, pavés, dalles...) et intérieurs (carrelages, plans de travail...).
Légère, isolante et drainante, la pouzzolane est traditionnellement utilisée en décoration ainsi qu'en remplacement du salage des routes en hiver. Criblée et dépoussiérée, elle constitue une solution d'avenir dans les domaines de la gestion de l'eau, la fabrication de préfabriqués allégés mais aussi de bétons bas carbone.
Concernant le trafic routier généré par la carrière, il est estimé à 25 à 37 camions par jours (aller-retour). Ceci entraîne une augmentation du trafic routier local mais qui est faible. De plus certaines activités (minage, extraction, concassage) ne sont pas réalisées en juillet et août (période touristique), au moment de notre passage c’était effectivement très calme…
Des aménagements de l’accès à la carrière ont été prévus ainsi qu’une réduction de la vitesse à 70 km/h à proximité du site…
Quelques photos et nous continuons pour Lanarce et (courageusement) passer la nuit dans la fameuse auberge sanglante de Peyrebeille…
Fin de cet épisode 3 !