Cette route a été choisie pour être une des spéciales du 72ème Rally Motul Costa Brava qui se déroulera les 14, 15 et16 mars 2024 !
Dans cette édition, le rallye revient à un format compact en 2 étapes, avec 12 sections et environ 160 kilomètres chronométrés.
La journée du jeudi 14 mars sera consacrée aux vérifications techniques et au private test, tandis que la compétition se répartira entre les étapes de :
Pour réaliser cet itinéraire, les opinions des participants ont été prises en compte, dans le but d’offrir un rallye au goût des pilotes et optimisé pour une caravane de 240 voitures, puisqu’il est prévu que pour la deuxième année consécutive, le rallye atteindra sa pleine capacité.
L’itinéraire ne manque pas des sections qui ont rendu légendaire le Rally Costa Brava, cherchant à offrir les meilleurs sections adaptés aux véhicules classiques et historiques : des longueurs ne dépassant pas 15-16 km, toujours avec de l’asphalte dans des conditions parfaites et en évitant les sections les plus longs, rapide et cahoteux.
Dans cette édition, tous les participants (VHC/Sporting, VHRS/Régularité et Legend) partageront l’intégralité du parcours du rallye.
Le rallye aura une nouvelle base (hôtel Best Western Premier CMC Girona), tandis que les emplacements du parc fermé et du podium (Rotonda del Pont de Pedret, à Gérone) et du parc d’assistance (Fornells de la Selva) sont maintenus.
Le territoire de la Catalogne est donc divisé en comarques (en catalan comarca, pluriel comarques), niveau administratif comparable aux communautés de communes françaises mais avec des territoires un peu plus étendus.
Nous sommes entrés en Espagne par le col de Coustouges, dans la comarque de l’Alt Emporda, ce matin nous étions à Gérone, donc dans la comarque du Gironès, et maintenant nous partons plein ouest afin d’aller dans la comarque de la Selva, plus précisément dans le massif des Guilleries.
Cette région a longtemps eu une sinistre réputation…
Tout comme le massif du Montseny, le massif des Guilleries capture les nuages chargés d’eau venant de la Costa Brava. Donc il y pleut beaucoup et des milliers de sources permettent une biodiversité sans égale. La richesse aquifère des lieux permit à de vastes forêts pratiquement impénétrables de se multiplier et de pouvoir cacher des armées entières.
Le bandolerisme, ces troupes de brigands de grand chemin, y trouvait refuge pour panser ses plaies et préparer ses futurs pillages…
On ne parlait des Guilleries qu’avec crainte, pour s’y rendre, il fallait avoir fait son testament !
A la manière de la forêt de Sherwood pour Robin des bois, la Selva a représenté un repaire pour les bandits et les parias de la société… Nous vous en parlerons dans le prochain épisode…
Aujourd’hui, grâce à l’eau, la Selva est en passe de devenir l’une des régions de Catalogne les plus dynamiques sur le plan touristique, ou plutôt de le redevenir…
Vous verrez un peu plus bas dans l’article avec Font Picant…
Donc nous quittons Gérone, passons Salt et prenons le début de la GI-542.
C’est une route assez sinueuse, avec un peu de dénivelé positif, traversant des forêts épaisses et sombres, longeant la rivière Osor d’assez près… Elle est sympa mais très souvent humide et à l’ombre…
On comprend en parcourant cette route montagneuse et sauvage, que les Guilleries furent pendant de nombreuses années qualifiés d’espace inhospitalier et inquiétant…
Les Mines d'Osor sont un ensemble de maisons inscrites à l’Inventaire du patrimoine architectural de Catalogne. Le complexe, sur le modèle des colonies catalanes a été fondé par Joan Clerch et Nicolau. Le noyau était constitué des maisons des mineurs qui existaient depuis le XVIIème siècle. L'activité des mines a cessé en octobre 1979, provoquant le dépeuplement du noyau.
Malgré les hypothèses selon lesquelles dans l'Antiquité (IVème-IIème siècles avant JC) le minerai était déjà exploité et exporté dans la région d'Osor et d'Anglès, les premières extractions sont documentées dès le XVIIIème siècle (1734). C'étaient des mines de galène. À partir du XIXème siècle (1821), la mine connaît son apogée, avec des hauts et des bas jusqu'à sa fermeture en 1979. Les mines atteignirent un maximum de 200 ouvriers et la mine principale atteignit environ 300 mètres de profondeur.
Actuellement le site a été reconverti sous le nom de Can Clerc
Donc le site est axé sur l’hébergement et l’organisation de mariages, et idéalement l’utilisation des deux simultanément…
Tout est prévu pour cela, hébergement et petit-déjeuner inclus jusqu'à 104 personnes, mariage entièrement personnalisé, cuisine entièrement personnalisable avec des produits locaux, un environnement spectaculaire et totalement isolé, une grande salle intérieure en cas de pluie et présence d’une piscine, d’un barbecue...
Nous continuons la route GI-542, nous traversons le village d’Osor et remarquons une étrange construction sur notre côté gauche.
Les Nínxols sont des niches qui furent construites dans les années 1950, lors de la réparation de la GI-542. Elles sont inscrites à l'Inventaire du patrimoine architectural de Catalogne.
Ces niches furent construites dans le but d'éviter les chutes de pierres et les glissements de terrain venant de la montagne. Elles sont constituées de rangées d'arcades superposées d'environ 100 mètres de long, non pas plates mais de silhouette semi-circulaire s'adaptant ainsi à la morphologie de la montagne, avec la partie centrale sensiblement en relief…
Immédiatement après ces constructions nous prenons à droite afin de franchir l’Osor par le pont dels Soldats, simplement pour voir ce pont de plus près.
L’ouvrage a été lancé en 1940 par un bataillon disciplinaire de prisonniers qui aurait construit les piliers et s'est terminé en 1967.
Selon certaines sources il s’agirait d’un bataillon disciplinaire de prisonniers républicains…
Nous repassons le pont et reprenons la GI-542. La route traverse toujours la forêt et est toujours aussi à l’ombre, mais parfois au détour d’un virage nous retrouvons le soleil…
Il faut noter que cette route est plutôt correcte alors que sur notre carte Michelin elle est figurée en rouge et blanc, donc qualifiée de « parcours difficile ou dangereux », peut-être notre carte est-elle ancienne ? D’ailleurs nous avons prévu d’en acheter une récente pour aller découvrir la comarque voisine de la Selva…
Puis nous arrivons devant un grand bâtiment construit sur l’emplacement Font Picant.
Font Picant était l'une des stations thermales les plus célèbres d'Espagne au début du XXème siècle, car elle était reconnue pour ses sources minérales et médicinales. Au fil du temps, elle est devenue une station balnéaire puis a complètement périclité…
On a vraiment du mal à imaginer une station thermale de niveau mondial dans un tel endroit complétement perdu !
Tout commence par une légende. Une vache qui urinait du sang, condamnée par ses propriétaires, et qui se serait guérie peu à peu en allant boire une eau plutôt désagréable tant au goût qu’à l’odeur. Cette fontaine sortait de terre près de la rivière d’Osor, elle était connue par les paysans du coin, comme La Font Picant, la fontaine piquante, car elle piquait autant les narines que le palais.
En 1779, le docteur du village, J. Gravolosa intrigué par cette histoire va faire boire cette eau à ses malades présentant les mêmes symptômes, puis pour toutes les maladies de circulation sanguine. Naturellement gazéifiée, il la décrit comme une eau qui casse les bouteilles si elles sont trop remplies et trop bien fermées. Les premiers malades ne vont pas hésiter à braver les kilomètres en diligence, à dos de mulets et à pied, pour aller boire cette eau magique de Sant Hilari.
En 1822, le Diario de Barcelona publie un article qui regrette que l’invasion de factieux (les bandits de grands chemins) prive de nombreuses personnes du bénéfice de pouvoir ramener « dans leurs malles », les eaux de Sant Hilari Sacalm…
C’est autour de 1850 que les Barcelonais peuvent acheter les premières bouteilles de la Font Picant chez les apothicaires de la capitale. Le train arrive jusqu’à Girona et ce sont les Traginers (muletiers) qui assurent le transport de la fontaine jusqu’à la gare. Pour les malades, il faut compter trois heures de train en venant de Barcelona, auxquels s’ajoutent trois heures de plus en diligence. Seuls les malades les mieux portants pouvaient profiter des eaux bénéfiques.
Au village, les habitants commencent à entrevoir la possibilité de louer des chambres, lorsque la première des trois guerres carlines éclate. A nouveau des hommes en armes vont sillonner le pays détruisant tout espoir de développement pour les Guilleries. Elles redeviennent infréquentables…
On notera à nouveau l’ambiance dangereuse qui imprégnait la région…
Les guerres de successions monarchiques passées, un nouvel espoir semble renaître. Le 31 décembre 1879, les eaux de la Font Picant sont reconnues d’utilité publique par la Société Espagnole d’Hydrologie. Un premier édifice est construit au pied même de la fontaine.
Les premiers visiteurs arrivent d’Amérique du Sud et du reste de l’Europe. Les Espagnols et les Catalans suivront le mouvement, curieux de ce succès international. Des bouteilles s’exportent dans les colonies, Cuba, Philippines et même à New-York. Le Romantisme aidant, les curistes découvrent les bienfaits de la nature, mais s’ennuient un peu. Alors, promiscuité oblige, cette haute bourgeoisie commence à organiser ses premières fêtes, et, à une époque de moralisme exacerbé, débutent les premiers bals masqués, qui permettent bien des audaces. Les célébrités de l’époque fréquentent la région… Avec ce tourisme balnéaire, c’est le tourisme lui-même qui vient d’apparaître pour la première fois en Catalogne.
C’est un véritable village qui va peu à peu se construire tout autour des fontaines. La manne financière que représentait cette affluence de grands bourgeois de l’Europe entière va attirer quantité de commerçants, de vendeurs de service et de profiteurs de toutes catégories.
Il fallait bien divertir tous ces oisifs qu’ils soient artistes, peintres, politiques, médecins, prêtres, militaires ou industriels. Si l’eau devait être prise obligatoirement à jeun et de bon matin, cela permettait d’avoir quartier libre une grande partie de la journée et jusqu’à tard le soir. La guerre civile puis la seconde guerre mondiale mettent un coup d’arrêt brutal au secteur thermal…
Aujourd’hui ce que l’on peut voir ce sont les vestiges de l’hôtel Martin.
Inauguré le 15 juin 1881 il se composait d'un seul étage où très peu de personnes pouvaient loger. Plus tard, en 1894, le bâtiment fut doté d'un service d'électricité (avec sa propre centrale) et de téléphone, et en 1895, quatre étages supplémentaires furent ajoutés au bâtiment et les traversées du ruisseau Mansolí furent réparées. À la fin du XIXème siècle, la station thermale était déjà connue au niveau national.
Au XXème siècle, c'est la période où l'Hôtel Martín fonctionnait le mieux. Elle se composait de quatre étages avec 250 chambres, restaurant, grande salle à manger, chapelle, salle des fêtes, billard, galerie, cuisines, toilettes...
Malheureusement, pendant la guerre civile, la station thermale passa aux mains de la Generalitat et fut utilisée comme hôpital militaire, ce qui causa de nombreux dégâts… Puis elle fut abandonnée complétement et devint un spot d’Urbex…
Actuellement, le bâtiment est en cours de rénovation. Le rez-de-chaussée de l'hôtel est utilisé pour les fêtes et la restauration (le même étage qui correspondait aux salles à manger et aux salons). Il peut être visité. Trois des cinq fontaines qui s'y trouvaient autrefois peuvent également être vues et essayées.
Par contre les jardins et leurs aménagements sommeillent encore sous une dense végétation…
Nous arrivons maintenant au dernier kilomètre de la GI-542, sur le côté gauche 2 colonnes colorées semblent marquer l’entrée d’un domaine…
La suite dans l’épisode 2, fin de l’épisode 1 !