Cette route a été choisie pour être une des spéciales du 72ème Rally Motul Costa Brava qui se déroulera les 14, 15 et16 mars 2024 !
Dans cette édition, le rallye revient à un format compact en 2 étapes, avec 12 sections et environ 160 kilomètres chronométrés.
La journée du jeudi 14 mars sera consacrée aux vérifications techniques et au private test, tandis que la compétition se répartira entre les étapes de :
Pour réaliser cet itinéraire, les opinions des participants ont été prises en compte, dans le but d’offrir un rallye au goût des pilotes et optimisé pour une caravane de 240 voitures, puisqu’il est prévu que pour la deuxième année consécutive, le rallye atteindra sa pleine capacité.
L’itinéraire ne manque pas des sections qui ont rendu légendaire le Rally Costa Brava, cherchant à offrir les meilleurs sections adaptés aux véhicules classiques et historiques : des longueurs ne dépassant pas 15-16 km, toujours avec de l’asphalte dans des conditions parfaites et en évitant les sections les plus longs, rapide et cahoteux.
Dans cette édition, tous les participants (VHC/Sporting, VHRS/Régularité et Legend) partageront l’intégralité du parcours du rallye.
Le rallye aura une nouvelle base (hôtel Best Western Premier CMC Girona), tandis que les emplacements du parc fermé et du podium (Rotonda del Pont de Pedret, à Gérone) et du parc d’assistance (Fornells de la Selva) sont maintenus.
Nous terminons les derniers mètres de la GI-542 en entrant en vue de Sant Hilari Sacalm. Mais juste avant de franchir le panneau un portique de 2 colonnes aux couleurs originales apparait. Il semble marquer l’entrée du domaine Château de Mas Saleta ou Montsolís par la route perpendiculaire, fermée.
« Grand manoir en forme de château gothique médiéval appartenant aux marquis de Montsolís. Il est situé sur l'emplacement de l'ancienne ferme Saleta, mentionnée en 1199 et dont il reste plusieurs vestiges, notamment des fenêtres gothiques dont certaines sont conservées.
Elle fut pillée pendant la guerre de France et notamment retouchée à partir de 1835, lorsque la famille Saleta obtint le marquisat. Le bâtiment actuel est un château de trois étages qui suit la structure carrée de l'ancienne ferme, avec des tourelles aux angles et deux tours rondes crénelées.
Les marquis de Montsolís ont procédé à des rénovations au fil du temps. Il y a aussi une chapelle gothique attenante (XVIème siècle), qui a été déplacée pierre par pierre depuis Gérone. Il s'agit de l'ancienne église Pilar de Pedret.
Le site est inaccessible car toute la propriété est clôturée.
Le marquisat de Monsolís est un titre noble espagnol créé par la reine Isabel II le 18 juillet 1853 en faveur de Francisca Javiera de Saleta y Descallar, veuve du maréchal Pedro Nolasco de Bassa y Girona.
Celui-ci était gouverneur militaire de Barcelone en 1835 et il mourut lors de l’incendie de couvents ou "bullanga" perpétré en juillet de cette année-là, alors qu'il tentait de désarmer la milice nationale responsable de l'incendie.
Les bullangas sont une série de révoltes populaires libérales survenues à Barcelone entre 1835 et 1843. Certaines d'entre elles, notamment celle de 1835, se sont également produites dans d'autres localités de Catalogne…
La propriétaire actuelle du titre est Maite Zindia de Pallejá Noël, VIIème marquise de Monsolís…
Nous apercevons maintenant une étrange sculpture…
La commune de Sant Hilari Sacalm est connue pour l'industrie du tournage du bois et c'est pour cette raison qu'en 2005 a débuté la Fira (fête) de la Fusta, qui a cessé d'avoir lieu en 2011 à cause de la crise.
Au cours de l'édition 2007, a été inauguré le monument Baldufa, (toupie) le plus grand du monde, avec une hauteur de 4,93 mètres, 85 cercles (le plus grand avec un diamètre de 3,05 m) et un poids de 4,5 tonnes. L'idée est venue des tourneurs du village qui l'ont construit.
Si les dimensions et le poids de ce baldufa permettent d'en appréhender les proportions gigantesques, les quantités de matériaux utilisés permettent de réaliser cet extraordinaire travail de tournage : pour la construction du baldufa, il a fallu 7,56 m3 de bois de pin provenant des Flandres.
Le danseur ou pointe du baldufa, est en aluminium massif, il repose sur un socle en béton de 1,7 mètre ; 85 rouleaux de 5,4 cm d'épaisseur forment le baldufa ; 5400 vis, 15 litres de colle anti-humidité, 50 kg de vernis dans l'eau et 9 pots de polyuréthane ont été utilisés pour assembler les rouleaux et environ 12 mètres de tuyau en fer !
La Baldufa géante de Sant Hilari Sacalm, devenue l'une des icônes de la commune, est l'un de ces points d'arrêt incontournables pour prendre une photo...
C’est la vision de l’office du tourisme car à notre avis le site n’est pas très valorisant !
Fin 2017, la partie supérieure présentait des signes évidents de détérioration et sa restauration a été réalisée. Enfin, il a fallu intervenir pratiquement dans la moitié supérieure de la pièce, car une fois démontée, il est devenu évident qu'elle était plus affectée que prévu initialement.
Ils ont dû réparer car nous l’avons trouvé en forme lors de notre passage !
Nous traversons le village et empruntons le début de la GI-551.
Mais avant de quitter les profondes forêts des Guilleries et de la Selva nous devons évoquer les Bandolers et les Trabucaires.
Je reprends ici un article paru dans le magazine Cap Catalogne en octobre 2018.
« Bandolers et Trabucaires, de l'histoire au mythe.
À côté des êtres vraiment légendaires, des monstres, des sirènes et des interventions du diable, d’autres personnages peuplent l’imaginaire catalan : les bandits de grand chemin, parfois cruels, parfois au grand cœur. Bandolers et trabucaires ont toujours eu leur place à la veillée, à la « vora del foc » (près de l’âtre).
Le plus célèbre de ces bandits fut immortalisé par le grand Lluís Llach dans sa chanson « El Bandoler ». Un jour, alors qu’il volait des poires avec d’autres enfants, Joan Serra dit la Pera (la poire) en mémoire de cet épisode, fut surpris par un paysan et le tua. Trouvant plaisir à son crime, il se mit à assassiner à tour de bras, ce qui fait de lui une sorte de serial killer avant la lettre. Après chaque crime, il allait allumer deux bougies dans l’ermitage de Valls et faisait réciter des prières pour sa victime, un cynisme qui lui valut sans doute son incroyable célébrité.
Arrêté, il fut écartelé sur la place publique. Au XVIIème siècle, la Catalogne était marquée par la scission de sa noblesse entre deux factions rivales, les Nyerros, partisans de la lignée des Banyuls de Nyer et les Cadells, seigneurs d’Arsèguel. Des factions armées de mercenaires, plus ou moins mafieuses, écumaient le pays en se réclamant des uns et des autres. C’est sur ce terreau que naquit le bandolerisme, formidable creuset de légendes populaires. Le héros de cœur des Catalans, leur Robin des Bois, c’’était Joan Sala i Ferrer (1594-1634) dit Serrallonga, qui écumait les montagnes de la Selva. Au départ voleur et plus ou moins mercenaire, sa résistance forcenée aux forces centralistes lancées à sa poursuite, lui valut l’appui de la population qui le cacha pendant des années. Arrêté sur dénonciation, il fut torturé, jugé et exécuté mais son courage donna lieu à de nombreuses chansons, de danses et même à une pièce de théâtre qui le transforma en romantique justicier volant les riches pour donner aux pauvres. Beaucoup d’œuvres littéraires ont suivi qui ont forgé la légende du héros du massif des Guilleries. ».
Pour ceux qui sont intéressés par ces histoires qui marquent l’esprit des Catalans vous trouverez après les photos la suite de l’article ainsi qu’un second sur les plus connus de ces brigands : Joan de Serrallonga et de Joana Massissa
« La Selva qui lui a servi de refuge, de repaire, fut le théâtre de ses méfaits puis de son arrestation, elle représente au-delà du décor de la fin d’une folle cavale, le cadre de la légende de Joan de Serrallonga et de Joana Massissa, les Bonnie and Clyde de la Catalogne… ».
Mais en partant de Sant Hilari Sacalm nous allons vers le sud et la forêt change d’essences. Il y a de grandes parties cultivées. L’ambiance est moins sinistre, plus sereine, la forêt moins dense…
Nous faisons un petit arrêt au mirador de Joanet. Il offre une belle vue sur le massif du Montseny. Un coin que nous avons visité en juin de l’an dernier, article ici !
Nous reprenons la route, elle est longée de chênes lièges aux troncs rouges une fois leur écorce retirée.
Nous en avons parlé dans l’article précédent.
Sant Miquel de Cladells est une ancienne église paroissiale dont les premières références datent du Xème siècle.
Le bâtiment actuel date du XIIème siècle et on peut en apprécier la première structure romane avec, adossé à la façade nord, un clocher carré et doté d'un toit en forme de pyramide. Le reste des bâtiments datent d'époques postérieures et à l'ouest, se trouve le presbytère, qui a ensuite fait office d'auberge et accueille désormais un centre pour colonies de vacances.
Malheureusement dès la sortie de la GI-551 c’est un chemin de terre très cabossé… Le soleil se couche et ses rayons filtrent à travers le bois, nous en profitons pour une séance photo de Z.
Nous repartons en direction de Santa Coloma de Farners, la GI-551 passe sous les viaducs de la C-25. Plusieurs ouvrages d’art très imposants.
Nous arrivons à Santa Coloma de Farners, village que nous connaissons, et nous enchaînons rapidement pour Gérone puis Figueras et enfin Roses.
Peu de trafic routier, la nationale est très calme, et les autres routes également.
Dans les villages nous rencontrons le système des feux rouges asservis à la vitesse, très fréquent en Espagne.
Le principe en est simple.
Si vous dépassez la vitesse autorisée, en général 50 km/h, le feu placé plus loin passe au rouge. Pas longtemps, mais vous êtes obligé de vous arrêter…
Ces dispositifs connus sous le nom de feux comportementaux sont composés de deux feux et de deux répétiteurs tricolores, ainsi que de deux systèmes radars permettant de calculer efficacement la vitesse des usagers de la route s’approchant du feu tricolore.
Le système radar, qui calcule la vitesse entre 50 et 200 mètres avant le feu, permet de définir si le véhicule circule à une vitesse au-dessus de la limitation autorisée, ou s’il suit les réglementations en vigueur le long de la voie.
En fonction de la vitesse constatée et du type de feu comportemental installé, celui-ci adaptera son comportement en conséquence :
Les feux comportementaux permettent de modifier efficacement les comportements des usagers circulant en agglomération.
Ainsi, il permet de valider les comportements respectant les limitations de vitesse en autorisant les usagers de la route à passer sans avoir à s’arrêter lorsqu’ils respectent la législation. Ces feux jouent également un rôle de protection, puisqu’ils sont installés généralement au niveau des passages pour piétons et des écoles. Ils permettent donc de protéger les usagers vulnérables (piétons, enfants, …) comme les usagers motorisés en sanctionnant leurs excès de vitesse.
Généralement nous ne mettons jamais le feu au rouge…
Une succession de ces feux à l’entrée de Gérone par la nationale, du côté de l’Hôpital, est particulièrement « piégeuse »… Mais à part le fait de s’arrêter cela n’entraine pas de verbalisation liée…
Nous rentrons à Roses sans encombre et après un arrêt pour quelques courses et refaire le plein d’essence, (un peu moins chère qu’en France), dans un supermarché « Esclat », enseigne que nous n’avons pas en France, nous regagnons notre hôtel.
Fin de cette journée et de l’épisode ! Mais 2 bonus musicaux après les photos !
Je reprends ici un article paru dans le magazine Cap Catalogne en octobre 2018.
À côté des êtres vraiment légendaires, des monstres, des sirènes et des interventions du diable, d’autres personnages peuplent l’imaginaire catalan : les bandits de grand chemin, parfois cruels, parfois au grand cœur. Bandolers et trabucaires ont toujours eu leur place à la veillée, à la « vora del foc » (près de l’âtre).
Le plus célèbre de ces bandits fut immortalisé par le grand Lluís Llach dans sa chanson « El Bandoler ». Un jour, alors qu’il volait des poires avec d’autres enfants, Joan Serra dit la Pera (la poire) en mémoire de cet épisode, fut surpris par un paysan et le tua. Trouvant plaisir à son crime, il se mit à assassiner à tour de bras, ce qui fait de lui une sorte de serial killer avant la lettre. Après chaque crime, il allait allumer deux bougies dans l’ermitage de Valls et faisait réciter des prières pour sa victime, un cynisme qui lui valut sans doute son incroyable célébrité.
Arrêté, il fut écartelé sur la place publique. Au XVIIème siècle, la Catalogne était marquée par la scission de sa noblesse entre deux factions rivales, les Nyerros, partisans de la lignée des Banyuls de Nyer et les Cadells, seigneurs d’Arsèguel. Des factions armées de mercenaires, plus ou moins mafieuses, écumaient le pays en se réclamant des uns et des autres. C’est sur ce terreau que naquit le bandolerisme, formidable creuset de légendes populaires. Le héros de cœur des Catalans, leur Robin des Bois, c’’était Joan Sala i Ferrer (1594-1634) dit Serrallonga, qui écumait les montagnes de la Selva. Au départ voleur et plus ou moins mercenaire, sa résistance forcenée aux forces centralistes lancées à sa poursuite, lui valut l’appui de la population qui le cacha pendant des années. Arrêté sur dénonciation, il fut torturé, jugé et exécuté mais son courage donna lieu à de nombreuses chansons, de danses et même à une pièce de théâtre qui le transforma en romantique justicier volant les riches pour donner aux pauvres. Beaucoup d’œuvres littéraires ont suivi qui ont forgé la légende du héros du massif des Guilleries.
Son lieutenant Toca-Sons, fut également exécuté en 1631. Il a même donné naissance à une expression « en avoir fait plus que Toca-Sons » pour exprimer une vie de patachon. Son autre lieutenant, le Fadrí de Sau, eut une conduite moins glorieuse. Ses aveux lui valurent d’échapper à la mort et d’être condamné aux galères.
Dans les Gavarres et sur la Costa Brava on raconte encore, pour faire peur aux enfants, l’histoire de Bartomeu Camps, l’Empordanais qui était à la tête d’une bande de soixante-dix hommes dont, paraît-il, de nombreux Gascons, qui écumait le chemin de Palamós. Son exécution, particulièrement horrible est passée dans la mémoire populaire : il fut flagellé, mutilé à la tenaille incandescente, amputé des mains et enfin écartelé par des chevaux. Du côté de la Conca de Barbera, dans la même veine sanglante, on chante la mémoire de Pere Barba, dit Barbeta. En 1613, il réussit à voler une caravane royale transportant un chargement de monnaies. Traqué par le pouvoir central, il décida de s’enfuir et trouva refuge au Vatican, mais il fut piégé et extradé vers Barcelone en 1616 pour y être exécuté. Les Terres de l’Ebre célèbrent encore Joan Pujol Fontanet dit « Panxampla », étant donné son embonpoint et son ventre proéminent.
Accusé à tort d’avoir volé des sacs de caroubes, il se mit à voler et finit par tuer un représentant de l’ordre. Longtemps protégé par la population, il finit par fuir en France d’où il fut extradé pour être exécuté. La longue liste de ces héros populaires démontre que le peuple aimait ces mauvais garçons capables de défier le pouvoir dont la littérature européenne baroque et romantique a fait ses choux gras. En Vallespir, les trabucaires du nom du trabuc (le tromblon) qu’ils portaient sont apparus au XIXe siècle et c’est une affaire espagnole, puisqu’il s’agit d’une opposition entre les partisans de Don Carlos et ceux de la régente Marie-Christine. Les pillards carlistes basés à Las Illas, mirent le Vallespir à feu et à sang.
Ils attaquèrent notamment la diligence Perpignan-Barcelone et prirent au passage trois otages, dont deux trouvèrent la mort, dans l’espoir d’obtenir une rançon. Ils se réfugièrent avec leur dernier prisonnier près de Corsavy, au mas de l’Aloy. Averti de l’arrivée de la police, Xicolata, le plus célèbre d’entre eux, égorgea l’otage et coupa ses deux oreilles. Ils furent assiégés et arrêtés. Quatre furent guillotinés : Tocabens, Sagals, Llaurens et Xicolata. Comme leurs frères du sud, les trabucaires ont inspiré Ludovic Massé, Jordi Pere Cerdà, Joan Tocabens… Bien sûr, impossible de ne pas parler des Angelets de la Terra et de leur chef Josep de la Trinxeria, symboles du soulèvement du Vallespir et du Conflent contre les dictats de Louis XIV et notamment de l’imposition de la gabelle, qui mirent en échec pendant près de dix ans les armées françaises.
Ni du sinistre Francesc de Segarra, président du Conseil Souverain, collaborateur cruel. Ne dit-on pas, quatre cents ans plus tard, pour désigner quelqu’un de néfaste « és de la pell d’en Segarra ? » (il est de la lignée de Segarra). Ainsi se constituent les imaginaires des peuples, autour des mythes de héros ou anti-héros dont les hauts faits ou les méfaits se racontaient à la veillée et dont poètes, peintres et écrivains ont fixé à jamais la mémoire collective. Trabucaires et bandolers sont ainsi passés de l’histoire au mythe.
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Et voici un second article, publié dans le magazine Cap Catalogne :
La Selva qui lui a servi de refuge, de repaire, fut le théâtre de ses méfaits puis de son arrestation, elle représente au-delà du décor de la fin d’une folle cavale, le cadre de la légende de Joan de Serrallonga et de Joana Massissa, les Bonnie and Clyde de la Catalogne.
A la manière de la forêt de Sherwood pour Robin des bois, La Selva a représenté un repaire pour les bandits et les parias de la société. La misère engendrée par les guerres entre Français et Espagnols ou les vendettas entre familles de Nyerros et Cadells, aux XVIe et XVIIe siècles (voir encadré), entraînent toutes sortes de gens à vivre de rapines et à se vendre comme mercenaires aux plus offrants. Le « Bandolerisme » ensanglante les grands chemins de communication et terrorise les fermiers vivant dans des mas isolés. Le plus emblématique de tous ces brigands est sans aucun doute Joan de Serrallonga (1594-1634).
Comme Robin des bois, Cartouche, Mandrin et jusque dans une certaine mesure Butch Cassidy, ces princes des voleurs suscitent admiration et respect. On les dit généreux avec les pauvres et on les affuble de bien des vertus, très souvent imaginaires, en tout cas fort discrètes au moment des faits. Le plus célèbre bandit de grand chemin de Catalogne ne semble pas échapper à cette règle. Accompagné de ses complices dont quelques noms résonnent encore, Toca-son, El Fadri de Sau, Tallaferro, il commet de petits larcins, jusqu’au moment où il assassine un de ses délateurs. Il semble qu’à partir de ce moment, il soit poursuivi par le pouvoir central qui déploie de grands moyens et obtient de bons résultats dans son projet de mettre un terme au « Bandolerisme ». A la manière d’un Zorro avant l’heure, le fouet de Serrallonga claque aux oreilles des puissants et le trabuc se fait menaçant. La légende se forge, l’autorité royale est bafouée,la population se prend de compassion et projette sur Serrallonga tous ses désirs de justice et de liberté.
De puissantes troupes à ses trousses, il est contraint de trouver refuge dans le Conflent, au sein de la bande des Nyerros dont sa famille est issue. En 1632, la tempête calmée pour un temps, il décide de retourner dans la Selva, son territoire de prédilection pour y perpétrer, à nouveau, ses méfaits. Lors d’une de ses attaques, il enlève Joana Massissa, fille d’un meunier, profession fort lucrative et particulièrement impopulaire auprès des paysans. Il n’y aura pas de demande de rançon. Entre le brigand et la belle captive commence une histoire d’amour qui va durer plus d’un an. Le mythe ne s’en trouve que renforcé. Accompagnée de sa belle et volontaire captive, devenue complice, Joan de Serrallonga va enchaîner durant une année, razzias et rapines en tous genres, déclenchant à nouveau l’ire du pouvoir central.
En 1633, sans doute trahi par quelques compagnons d’armes, le couple est arrêté dans un mas des environs de Santa Coloma de Farners. A Barcelona, Joan de Serrallonga est longuement torturé pour qu’il avoue le nom de ses complices, avant d’être condamné à mort. Son corps supplicié sera promené dans toute la ville où il finira écartelé, puis étranglé en place publique. Joana plus chanceuse aura la vie sauve. Enceinte, sa situation attendrira les juges, elle porte l’enfant de Joan. Dans la Selva, la répression est terrible et les maisons de ceux qui avaient caché Serrallonga sont brûlées. Sept ans après sa mort, la France et l’Espagne entrent en guerre. Les paysans sont contraints d’héberger la soldatesque espagnole, ce qui suscitera l’exaspération de ce monde rural, auquel rien n’est épargné. A Santa Coloma, les paysans n’y tenant plus se soulèvent et assassinent Joan de Monrodon, l’un des bourreaux de Serrallonga. La révolte des Guilleries qui s’en suit sera très durement réprimée mais déjà on sent poindre les prémisses de la grande révolte des Catalans : « La Guerre des Segadors ».
Si Joan de Serrallonga ne devient un héros de légende que longtemps après sa mort, c’est qu’il faut sans doute chercher les raisons de ce culte populaire dans son opposition à un pouvoir central toujours haï dans l’arrière-pays catalan. La générosité chez Serrallonga ou le partage des biens pris aux riches sont sans doute pur fantasme, mais ce qui est vrai, c’est que le pouvoir central n’a eu de cesse de s’acharner contre lui, employant des moyens colossaux, suscitant ainsi le ressentiment de la population. A ce jour, aucun bandit catalan n’a jamais généré autant de chansons, de livres, de films ou encore de légendes… Il existe même un chemin de grande randonnée (GR 178) bien balisé, qui porte son nom. Une promenade guidée invite les marcheurs à mettre leurs pas dans ceux du bandit de grand chemin à travers Les Guilleries et la Selva. Si, lorsqu’ils se sentent en danger, les Catalans chantent : « Torna, torna, Serrallonga que l’alzina ens cremaran, que la terra ens robaran… » (Reviens, reviens Serrallonga car les chênes verts ils veulent nous brûler, la terre nous voler…) c’est que les temps sont difficiles. Depuis le début de la crise, on entend de plus en plus fredonner ce petit air entraînant demandant le retour de celui qui lutte contre les puissants, une élite autoproclamée incapable de créer autre chose que misère et injustice. Dans la Selva et bien au-delà, on n’a pas fini de chanter.
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Et en 1er bonus la chanson est à écouter ici !:
https://www.youtube.com/watch?v=jHz1QruQgZI
Et voici les paroles traduites :
El Bandoler → traduction en français
Le Brigand
C’était au XIX ème siècle
son nom Joan Serra
brigand par vocation
son surnom “La Pera”(1)
Il aimait le sang
bien frais et bien neuf
dégoulinant par les blessures
et tâchant les vêtements
On entendait crier
les victimes folles
de peur et de douleur
“pitié pitié” !
- Ne me tuez pas !
J’ai deux fils et une épouse
Je vous donnerai tout mon argent
Mais ne m’enfoncez pas ce poignard !
- Ne me tuez pas !
Je vous le demande pour ma mère.
Priez le dernier “je crois en Dieu”
-Pitié, Pitié
Et peu à peu
il lui enfonce des coups de couteau
son surnom était “La Pera”
brigand par vocation
Le lendemain
devant la Vierge du Carmel
Il y a un homme qui est en train de prier
il allume la flamme de deux cierges
Et ainsi
par les chemins et les montagnes
on entend les forts cris
des gens que La Pera” tue.
- Ne me tuez pas !
J’ai deux fils et une épouse.
Je vous donnerai tout mon argent
mais ne m’enfoncez pas ce poignard !
- Ne me tuez pas !
Je vous le demande pour ma mère
Priez le dernier “Je crois en Dieu”
- Piété, piété !
Et une autre fois
La Vierge reçoit une prière
pour l’âme d’un mort
deux cierges sont déjà allumés
Mais Joan Serra
aujourd’hui n’a pas eu de chance
deux soldats l’ont attrapé
et maintenant il est entre les barreaux.
Et tout le monde de bon matin
voit la potence préparée
La Pera pousse un cri
c’est la dernière prière
- Quand je serai bien mort
et pendu de haut gibet
et que mon corps défaille
et que vous allez me mettre dans la tombe
que quelque prie une prière
devant la Vierge du Carmel
et que deux cierges aient une flamme.
Personne ne le fit.
https://www.youtube.com/watch?v=ZkS3c5si6YA
Torna, Torna Serrallonga
Du coeur des Guilleries
Del cor de les Guilleries
Une grosse éclaboussure va sortir
Sortirà un gran espetec
Qu'ils feront des échos de guerre
Que en faran ressons de guerra
Les murs de Tavertet
Les parets de Tavertet
De Sau à Cellera
Des de Sau a la Cellera
Du phare de Matagalls
Des del far al Matagalls
Le tromblon de Serrallonga
El trabuc d'en Serrallonga
Il retournera dans les cachettes
Tornarà als amagatalls
Reviens, reviens, Serrallonga
Torna, torna, Serrallonga
Que le chêne nous brûlera
Que l'alzina ens cremaran
Qu'ils nous arracheront les pierres
Que ens arrencaran les pedres
Que la terre nous sera volée
Que la terra ens robaran
Reviens, reviens, Serrallonga
Torna, torna, Serrallonga
Que le chêne nous brûlera
Que l'alzina ens cremaran
Qu'ils nous arracheront les pierres
Que ens arrencaran les pedres
Que la terre nous sera volée
Que la terra ens robaran
Reviens, reviens, Serrallonga
Torna, torna, Serrallonga
Que le chêne nous brûlera
Que l'alzina ens cremaran
Qu'ils nous arracheront les pierres
Que ens arrencaran les pedres
Que la terre nous sera volée
Que la terra ens robaran
Reviens, reviens, Serrallonga
Torna, torna, Serrallonga
Que le chêne nous brûlera
Que l'alzina ens cremaran
Qu'ils nous arracheront les pierres
Que ens arrencaran les pedres
Que la terre nous sera volée
Que la terra ens robaran
Reviens, reviens, Serrallonga
Torna, torna, Serrallonga
Que le chêne nous brûlera
Que l'alzina ens cremaran
Qu'ils nous arracheront les pierres
Que ens arrencaran les pedres
Que la terre nous sera volée
Que la terra ens robaran
Reviens, reviens, Serrallonga
Torna, torna, Serrallonga
Que le chêne nous brûlera
Que l'alzina ens cremaran
Qu'ils nous arracheront les pierres
Que ens arrencaran les pedres
Que la terre nous sera volée
Que la terra ens robaran