Le col d’Engayresque : un col triple et un étonnant Monsieur Fenaille...

Commençons par un rappel des cols déjà visités :

Col des Issartets, en Lozère, épisode 1 c'est la ! 

Col du Pas de l’Ase, en Lozère, épisode 2 c'est ici ! 

Col de la Fagette, en Lozère, épisode 3 il est là !

Col de Lagarde, en Aveyron, épisode 4 cliquez là ! 

Col de Palassy, en Aveyron, épisode 5 cliquez ici ! 

Col d’Engayresque, en Aveyron, épisode 6, c’est maintenant !

Pour mener à bien notre mission nous nous sommes armés des cartes routières Michelin, les actuelles et celles de 1924 et 1926, les cartes IGN, Google Maps, le site Brevet des Cols Routiers, dont nous reprenons parfois la classification et la carte des cols de France !

En route pour notre dernier col puis nous rentrerons directement à Montpellier. Nous quittons Séverac et prenons la D809.

Le col de cette fin d’après-midi nous le connaissons bien car à chaque passage sur l’A75 d’immenses panneaux le signalent.

Mais voilà, sont-ils à leur bonne place ?

Pour la webcam de l’autoroute sans aucun doute mais pour Google et d’autres sites c’est différent.

Nous avons relevé 3 emplacements, que nous avons reportés sur une photo aérienne :

• 1 : Celui sur l’autoroute, corroboré par la Michelin Actuelle
• 2 : Celui sur la D809 actuelle
• 3 : Celui sur l’ancienne Nationale 9, corroboré par la Michelin de 1924, Google et IGN

Le col de l’Engayresque sur l’A75

Nous commençons par celui de l’autoroute, avec 2 photos pour les 2 sens, nord/sud et sud/nord.

Il faut aussi signaler que ce cols a plusieurs voies d’accès et que les cyclistes varient le côté de son ascension, notamment par Boyne ou par Aguessac...

Maintenant nous allons chercher le panneau sur l’actuelle D809.

Le col de l’Engayresque sur la D809 actuelle

Facile à trouver il est bien au sommet d’une côte qui monte dans notre sens nord/sud et qui descend vers le nord.

Il est peu éloigné de l’A75 que l’on peut apercevoir sur des photos.

Après quelques photos nous allons chercher le col sur son 3^ème emplacement.

Le col de l’Engayresque sur l’ancienne Nationale 9

Plus délicat à trouver car il n’y a pas de panneau... Mais il est facilement repérable grâce à un ancien sanatorium devenu hôpital et dont une dépendance se nomme la baraque de Jean.

A notre grande surprise le site est très bien documenté alors que nous nous trouvons en pleine campagne aveyronnaise...

Tout est parti d’un homme dont voici un peu de son histoire...

Maurice Fenaille, "Monsieur ESSO"

Maurice Fenaille est né en 1855 et est mort en 1967. Pour résumer c’était « Monsieur ESSO » et un industriel, collectionneur d'art et mécène français...

Maurice Fenaille, l’origine de sa fortune

« Son père, qui s'était associé en 1853 avec un négociant en graisses, s'associe en 1855 avec deux autres personnes, introduit dans le commerce la fameuse Saxoléine, huile de pétrole destinée à l'éclairage. C'est le début de l'ère pétrolière.

En 1881, Maurice Fenaille, entré dans l'entreprise quelques années plus tôt, part travailler aux États-Unis dans la filiale de Fenaille et Despeaux installée à New York.

Lorsque son père meurt en 1883, il revient en France et il lui succède à la tête de l'entreprise ; il ajoute à la Saxoléine, l'Oléonaphtine et le Saxol, deux lubrifiants, ainsi que le Benzo-moteur, une essence pour automobiles et avions.

L'entreprise continue à se développer en même temps que l'utilisation du pétrole dans la vie courante ; elle est renommée La Pétroléenne.

1929: La Pétroléenne fusionne avec l'Economique (les fondateurs perdent alors la majorité au profit de la Standard Oil & Cie).

1936: Prends le nom de "Standard Française des Pétroles"

1952: "Esso Standard".

1975: "Esso SAF"

Aujourd’hui Esso S.A.F., filiale à 82,89 % du groupe ExxonMobil, est le 2ème raffineur français. Le groupe Esso est présent sur le marché des produits énergétiques (carburants et des combustibles) ainsi que des produits de spécialités (lubrifiants, bitumes ou paraffines entres autres).

Amateur d’art et philanthrope

Amateur d'art, il consacre une grande partie de son temps et de son argent à aider les musées français, mais aussi au profit de nombreux artistes contemporains, auxquels il commande des œuvres (Auguste Rodin, Antoine Bourdelle, Eugène Viala, Jules Chéret…).

Vous trouverez quelques infos sur un extrait de la notice réalisée par La galerie Marc Maison.

Marc Maison est un antiquaire spécialiste en cheminées et éléments architecturaux, basé à Paris et aux Puces de Saint-Ouen.

En 1903, Maurice Fenaille devient membre de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, mais il va également étendre son activité à des domaines très variés : il crée une école d'agriculture, un centre de rééducation agricole pour les mutilés de guerre, un atelier de fabrication de tapis, et bien d’autres choses dont un sanatorium......

Focus sur...

Le sanatorium Maurice Fenaille

« En 1912 Maurice Fenaille a fait construire un sanatorium sur un site désertique. A l’origine il a été créé à l’intention des aveyronnais de Paris que la tuberculose atteignait en grand nombre.

A partir de 1916 Maurice Fenaille met à la disposition du gouvernement la station sanitaire d’Engayresque encore inachevée pour soigner les militaires tuberculeux et les blessés de guerre.

Le 1er juillet 1919, Maurice Fenaille en reprend la direction.

En 1935, après 23 ans de fonctionnement du sanatorium qui compte alors 68 lits, Maurice Fenaille décide d’en faire don au département.

Par une lettre en date du 18 aout 1935 Maurice Fenaille fait connaitre qu’il serait disposé à céder au département le sanatorium qu’il a créé à Engayresque et dont il ne peut plus s’occuper en raison de son âge.

Après une étude il ressort que l’établissement fonctionne de façon prospère et que le total des dépenses parait inférieur à celui des recettes...

La procédure a pris du temps, Maurice Fenaille décéda en 1937, mais cela n’empêcha pas la signature de l’acte de donation le 14 mai 1938.

Beaucoup de personnel était logé sur place, notamment à « la baraque de Jean ».

L’établissement fut régulièrement mis aux normes et son confort ne cessa de s’améliorer... ».

Les lignes précédentes sont issues d’un numéro passionnant de la Gazette de Lumansoneque.

Actuellement le centre Hospitalier Maurice Fenaille est un établissement de santé public de 81 lits :

41 lits de SSR polyvalent (Soin de Suite et de Réadaptation)

40 lits d’USLD (Unité de Soins de Longue Durée) dont 18 en UHR  (Unité d’Hébergement Renforcée)

Son budget de fonctionnement est de 6,2M€ avec un effectifs de 96 ETP (équivalent temps plein)

Revenons à Maurice Fenaille...

En parallèle à ses activités professionnelles Maurice Fenaille voyage beaucoup, en Angleterre, en Espagne, en Palestine, en Italie, en Allemagne, en Égypte, où il assiste à l'ouverture du tombeau de Toutânkhamon.

Il ramène de ses voyages les dernières nouveautés : des piscines, l'électricité domestique, des automobiles et des avions.

Ses sociétés sponsorisent des évènements, focus sur...

Le raid Paris-Omsk 1926 en avion !

« Histoire de l’aviation – 14 juillet 1926.

Qui succédera aux frères Arrachart en tant que recordmen de vol sans escale en ligne droite ?

Peut-être les pilotes Eugène Girier et Jean Dordilly qui, ensemble, vont tenter de relever ce défi en ce mercredi 14 juillet 1926, date de leur départ de l’aérodrome du Bourget pour s’essayer à cet exercice.

Les deux hommes devront ainsi enregistrer un vol supérieur à 4 305 kilomètres, soit la distance qu’avaient couverte les frères Arrachart en évoluant dans le ciel durant 26 heures et 25 minutes, entre la France et l’Irak, allant du Bourget jusqu’à la ville de Bassorah. Un exploit signé le 27 juin 1926.

C’est avec un appareil Breguet XIX motorisé avec un bloc de 12 cylindres en V de la firme Hispano-Suiza, en mesure de fournir une puissance de 500 chevaux que le capitaine Eugène Girier et le lieutenant Jean Dordilly vont réaliser leur raid, qui devrait les amener jusqu’en Sibérie, à Omsk.

Mission réussie, puisqu’ils arriveront à destination ayant mis une trentaine d’heures pour parcourir 5 000 kilomètres environ. ».

Il y aurait beaucoup de chose à dire sur la vie extraordinaire de Maurice Fenaille mais nous en resterons là...

Nous ne nous approchons pas du site de l’hôpital Maurice Fenaille, d’ailleurs plus ou moins fermé par une barrière, et nous descendons sur Millau.

Si la descente est simple en Z ce n’est pas le cas en sens inverse...

... Pour les cheminots !

En effet, dans le sens Millau/Séverac cette montée de l’Engayresque était un passage redouté pour les trains.

C’était la rampe la plus dure de la ligne des Causses, cette voie qui venait du sud hissait la voie depuis Aguessac en rampe de 33 pour mille sur 15 km, la montée cessait au niveau de la halte d’Engayresque...

En Z la route est plutôt amusante avec de beaux lacets au niveau de Verrières, Mais nous sommes dans le sens de la descente !

Nous traversons Millau sur notre lancée et poursuivons à bon train jusqu’à Montpellier...

Une journée de 250 km qui se termine par 35°, il a donc fait chaud...

Mais le contrat est rempli, 6 cols qui n’ont (presque) plus de secret pour nous...

Fin de l’épisode et de cette balade !