Nous arrivons à Saint Juéry que nous identifions bien vite malgré son panneau à l’envers !
Le panneau d’entrée de ville à l’envers est une action des agriculteurs français débutée en novembre 2023. Presque 1 an après, en ce début d’octobre 2024, les agriculteurs reprennent ce genre d’action, car rien n’a évolué...
Extrait d’un article de France Bleu :
«En quelques jours, des milliers de panneaux signalétiques se sont retrouvés la tête en bas, aux quatre coins de la France. Dévissés, retournés et revissés à l'envers. Une action de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA), visant à dénoncer une politique agricole qui "marche sur la tête". Dans leur viseur : des normes trop nombreuses selon eux, et une concurrence déloyale venue des autres pays non soumis aux mêmes normes.».
Nous voilà à Saint Juéry
Un petit belvédère sur la D989 permet de stationner pour admirer le très beau panorama sur ce petit village de... 59 habitants !
Jadis les Saint-Juéryens furent plus nombreux avec un pic de population de 364 habitants en 1804...
Le nom de Saint-Juéry proviendrait d’une évolution du nom de « Georgius/γεώργος », saint dont le nom en grec signifie laboureur, ou de celui d'un autre saint, son homonyme du Velay.
Le village a l’air bien tranquille... Au 1er janvier 2024, Saint-Juéry est catégorisée « commune rurale à habitat très dispersé », et est située « hors unité urbaine » et « hors attraction des villes » ...
Du belvédère on a une vue superbe sur l’église Saint-Maurice et le pont sur la rivière le Bès qui décrit un méandre entourant les 3/4 du village.
Au centre du village se trouve une magnifique croix en basalte.
Jetée à l'eau une première fois en 1793, elle fut finalement redressée et placée au bout du vieux pont après le passage des Allemands en 1944. Datant du XIIème siècle, cette croix est l'une des plus anciennes de la Lozère. Elle est reconnue et classée monument historique, ainsi qu'une autre du XVème siècle située dans le cimetière du village.
Continuons à évoquer l’Histoire car Saint Juéry fut le théâtre d’un épisode dramatique de la seconde guerre mondiale.
Une plaque sur le belvédère rappelle ce tragique évènement.
« Au lendemain de la dispersion du Mont-Mouchet, les troupes allemandes savaient que des maquisards s’étaient enfuis vers le sud et l’est.
Dès le 16 juin le nouveau rassemblement est localisé. Eugène Martres lit dans le journal de von Brodowski : "vastes concentrations de terroristes vers Chaudes-Aigues".
Le général allemand von Brodowski commandait l'état-major principal de liaison de Clermont-Ferrand, chargé du maintien de l'ordre dans le Massif central. Il fut capturé à l'automne 1944.
Le mardi 20 juin 1944 l’assaut allemand contre le réduit de la Truyère se développa à partir de 3 axes de pénétration.
A l’est, de Saint-Chély à Fournels (Lozère), ce sont les Azerbaïdjannais du groupe Lange (3 compagnie, 450 hommes) qui iront au contact le 20 juin au matin avec les maquisards (surtout ceux de la 5e compagnie) dispersés dans le village de Saint-Juéry pour faire quelques emplettes ou simplement pour flâner.
Soudain une estafette déboucha, annonçant l’arrivée imminente des Allemands.
Les maquisards gagnèrent leurs postes en courant.
Quelques minutes plus tard, la tête de la colonne ennemie se présentait. Le combat s'engagea mais le pont sur le Bès avait sauté et les voitures allemandes ne purent franchir la rivière. Il était alors entre 9 et 10 heures. [...]
Le gros de cette colonne fit donc demi-tour de Saint Juéry, passa à nouveau à Fournels, emprunta la départementale 12 en Lozère, traversa la Chaldette et piqua vers le nord par la départementale 13 du Cantal. [...]
D'autre part, si les véhicules n'ont pu franchir le Bès à Saint Juéry, il semble assuré que des soldats allemands l'ont franchi à pied et ont attaqué vers l'ouest, faisant bientôt leur liaison avec ceux venus du secteur des Deux-Verges...
En fin de matinée un front quasi continu s’étend sur plus de 5 km du point 1022 à Saint-Juéry, le long de la nationale 589.
Les combats durèrent toute l’après-midi. Les maquisards luttaient par petits groupes, sans liaison assurée ente eux.
Dans la soirée, un à un, ces groupes, morceaux de compagnies ou éléments mêlés de plusieurs compagnies, décrochèrent pour tenter d’échapper à l’encerclement et à la destruction. Des blessés se réfugièrent dans les granges, derrière les haies. Les habitants des villages et des hameaux avaient fui et se terraient au fond des bois.
En quelques points de la ligne de feu certains éléments ripostèrent jusqu’au soir, ne se repliant qu’à la nuit.
Pendant la bataille les Allemands tirèrent au mortier, mitraillèrent et bombardèrent par avions.
Surplombant le village de Saint-Juéry, un groupe de maquisards avait installé un fusil mitrailleur. Six d’entre eux trouvèrent la mort à leur poste de combat ou dans les rochers alentours par l’explosion d’un obus : Jean-Marie Andrieux, Baptiste Rozières, Marius Campagnac, René Liadière, Pierre Sarrou et Jean Daude. ».
Une stèle se trouve sur le lieu de leur mort, sur la colline en face dominant le Bès.
La physionomie des lieux est aujourd’hui un peu différente car depuis 1973 la D989 ne traverse plus le village. Un contournement a été mis en place.
Nous suivons donc ce nouveau tracé pour nous approcher du Cantal.
A l’origine cette route était une route nationale reliant Le Puy-en-Velay à Chaudes-Aigues. Elle était identifiée sous le nom de N589 ou RN589 et faisait 115 kilomètres.
À la suite de la réforme de 1972, elle a été déclassée en RD 589 dans la Haute-Loire et en RD 989 en Lozère et le Cantal.
Nous voilà à la borne signalant le changement de département.
La borne est de belle dimension mais le texte est bizarrement écrit car il donne l’impression d’être dédoublé !
Quelques photos et nous reprenons la route qui, pour une fois, ne change pas de nom en changeant de département, donc nous allons rester sur la D989 jusqu’à Chaudes Aigues.
Mais avant d’y arriver nous prenons une petite route sur la droite, dont nous n’avons pas le nom. Sur des panneaux sont simplement indiqués des fermes et le site d’escalade des gorges du Bès.
Nous n’avons pas l’intention d’escalader mais simplement de voir un menhir et de pique-niquer !
Il faut dire que le massif central est réputé pour avoir autant de croix et de menhirs que d'habitants !
C’est donc un spot d’escalade réputé et la balade des gorges du Bès l’est tout autant mais elle se fait à pied...
Côté escalade le site équipé depuis 1982, à 900 mètres d’altitude, il y a environ 80 voies de 20 à 100 mètres de hauteur...
La roche est un excellent granite porphyroïde rose, un peu abrasif pour les doigts !
Nous trouvons le petit menhir et juste à côté une table et ses bancs en bois semblaient nous attendre pour un pique-nique très confortable...
Dans le bois menant à cet endroit nous avons remarqué des espèces de petits miradors en bois.
Il s’agit d’installations destinées aux chasseurs... Voir les photos...
Une fois restaurés nous reprenons la route, joignons la D989 et continuons vers l’ouest, vers Chaudes Aigues...
Fin de l’épisode 2 !