Dans un premier temps ce changement de département commence par un changement de numérotation de la route !
En effet, nous passons de la D47 à la D106 !
Mais les chasseurs sont toujours là et le brouillard aussi !
Cela fait une jolie ambiance... Comme il n’y a personne sur la route à part nous tout va bien !
Mais ce changement de département est le résultat d’une drôle d’histoire...
« Ce département a été créé pendant le Premier Empire, sur décret impérial de Napoléon Ier, le 21 novembre 1808, avec des territoires pris à cinq des six départements limitrophes.
En effet, sous l'Ancien Régime, la sénéchaussée de Cahors (12 députés) comprenait quatre bailliages secondaires (dont celui de Montauban), mais la généralité de Montauban englobait à la fois le Quercy et le Rouergue.
Après la création des départements en 1790, Montauban n'était plus qu'un chef-lieu de district du Lot, et Castelsarrasin un chef-lieu de district de la Haute-Garonne.
Cette situation déplaisait fort aux notables montalbanais...
L'Empereur fut donc sollicité par les gouverneurs de cette ville. Il fut alors décidé de créer, autour de celle-ci, le Tarn-et-Garonne, en annexant des territoires des départements voisins. ».
Le département de l'Aveyron fut donc dépouillé d'un canton de 18 communes !
Voici la liste des communes « transférées » et rattachées au nouveau département :
Sur une base de carte de la communauté de communes du Quercy Rouergue et des gorges de l'Aveyron actuelle, carte du 1er janvier 2019, j’ai indiqué en violet les communes de l’Aveyron qui ont été données au Tarn et Garonne en 1808.
Aujourd’hui ce canton fait partie de la communauté de communes du Quercy Rouergue et des Gorges de l'Aveyron.
Cette communauté de communes du Quercy Rouergue et des gorges de l'Aveyron regroupe 17 communes et présente une superficie de 462,8 km².
Depuis le 1er janvier 2016 la région Midi-Pyrénées, à laquelle appartenait le département, fusionne avec la région Languedoc-Roussillon pour devenir la nouvelle région administrative Occitanie.
Donc nous changeons de département mais restons en Occitanie et... Dans le brouillard !
Soudain émerge de la brume une belle bâtisse.
C’est donc le bâtiment à côté de l’église Saint Vincent, mais dans le brouillard nous n’apercevons pas l’église, pourtant non loin...
Elle renferme des peintures murales du XVIIème siècle.
Par contre la Croix de chemin est bien visible.
C’est une croix en fonte dont le bras vertical est malheureusement cassé et raccourci, décorée sur les bras de feuilles de lierre, au centre d’une couronne de lierre, en bas du bras vertical d’une branche d’olivier ou de laurier et de fleurs stylisées, due au fondeur Gillet.
Nous arrivons à Varen, mais toujours dans une brume tenace...
C’est une petite commune rurale d’environ 650 habitants, les Varennoises et les Varennois, qui vit essentiellement de l’agriculture, surtout depuis la fermeture de la gare de Lexos et de la cimenterie...
Par contre le site intéresse et attire de nombreux étrangers, Anglais et Néerlandais, qui viennent se fixer dans le village.
Nous arrivons maintenant au niveau de la gare de Lexos, hameau qui fait partie de Varen. C’est un bâtiment et un endroit étonnant.
C’est un superbe bâtiment inscrit au titre des monuments historiques ainsi qu’une vaste halle aux marchandises. La gare a un petit air de ressemblance avec la gare de Canfranc en Espagne, transformée brillamment en hôtel majestueux...
« La gare de Lexos, bâtie au cœur du hameau du même nom, au bord de l'Aveyron, est un joyau isolé de l'architecture ferroviaire de la fin du XIXème siècle. Sa monumentalité et sa qualité architecturale sont à la hauteur du véritable carrefour ferroviaire qu'était Lexos durant les années 1860-1880, à la confluence des lignes : Montauban-Lexos, Carmaux-Vindrac et Brives-Capdenac-Toulouse. ».
Nous voyons la gare du côté des voies, c’est son plus bel angle. Le givre recouvrant la végétation donne une impression étrange, presque fantastique...
La visite de cette gare est impossible car interdite pour des raisons de sécurité... Seule une petite partie fonctionne car depuis 1955 seule subsiste la liaison de Capdenac à Toulouse où une dizaine de trains circulent encore chaque jour dans les deux sens.
Mais commençons par l’histoire de cette gare.
La station de Lexos est mise en service le 30 août 1858 par la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO), lorsqu'elle ouvre à l'exploitation le chemin de fer de Montauban à Capdenac qu'elle a reprise, encore en travaux, le 11 avril 1857 avec le démantèlement de la Compagnie du chemin de fer Grand-Central de France. La station est édifiée sur la rive droite de l'Aveyron.
La gare est reliée à Toulouse le 24 octobre 1864, lors de la mise en service de la ligne de Toulouse à Lexos par la Compagnie du PO.
Il faut noter que l'ouverture du tronçon Capdenac - Montauban en 1858 avait pour but de capter l'essentiel de la production des centres sidérurgiques et miniers d'Aubin et de Decazeville.
La ligne a aussi favorisé le développement de la carrière de pierre de Lexos, future importante cimenterie.
Au départ c’est grâce à une formation calcaire de bonne qualité dans le cirque de Varen et de la proximité de la voie ferrée, qu’un four à chaux est construit près du hameau de Lexos, hameau qui s'était agrandi quand la gare de bifurcation avait été mise en service.
Très vite, un four à ciment est ajouté par la société des Chaux et ciments de Lavazière.
En 1925 sont installés des fours rotatifs pour la production de ciment. En 1958, est construit un four de grande capacité, rejoint par un deuxième en 1966, ce qui porte la production annuelle de ciment à 650 000 tonnes.
Au début des années soixante, toute la production ne partait pas par le rail, de très nombreux camions rejoignaient Caussade et la Nationale 20
Suite à la crise de l'énergie en 1974, la méthode de fabrication étant très gourmande, on modernise la cimenterie en abandonnant la voie humide et en utilisant la voie sèche.
En 1977 nous avons à Lexos une cimenterie Lafarge moderne et performante.
En 1994, sous prétexte de rentabilité, l'usine ferme définitivement.
Il restait alors 116 employés, seuls 8 furent conservés pour les opérations de démantèlement du site.
L’usine a été dépecée, par exemple le four a été démonté, et envoyé au Sénégal.
En octobre 1998 les deux cheminées de 70 mètres furent démolies...
L’une datait de 1956 et la seconde de 1965.
Côté détail pratique : 16 kilos de dynamite sur une, 18 kilos pour l’autre, 480 détonateurs, placés 15-cm à l'intérieur du béton de la base des cheminées...
Un écart de tir de 2 secondes et tout est tombé à l’endroit prévu...
Dans les années 1940, la gare est un important nœud ferroviaire, avec notamment une activité conséquente de trains de marchandises, qui emploie plusieurs dizaines de cheminots.
Durant la deuxième moitié du XXème siècle le trafic diminue par la fermeture de lignes et d'industries. En 1999, il n'y a plus de cheminot résidant sur le site de la gare.
En 2014, c'est une gare voyageurs d'intérêt local (catégorie C : moins de 100 000 voyageurs par an de 2010 à 2011), qui dispose d'un quai.
En 2023, selon les estimations de la SNCF, la fréquentation annuelle de la gare était de 16 520 voyageurs...
Donc, il y a longtemps, la gare de Lexos était une importante gare de bifurcation entre la ligne venant de Montauban et la ligne Toulouse-Brive via Capdenac et l’histoire de ces lignes est passionnante.
Il faudra que nous nous penchions sérieusement sur ces lignes car nous rencontrons souvent d’ anciennes infrastructures ferroviaires.
Par exemple rien que sur le secteur où nous nous promenons depuis 2 jours existent encore quantité d’ouvrages d’art dont :
Ne pouvant visiter la gare nous nous arrêtons un peu plus loin pour regarder d’un peu plus près la halle aux marchandises.
C’est, avec la gare, un des rares bâtiments conservés, parce qu’inscrit aux monuments historiques.
La halle est grandiose, mais bien taguée et laissée à l’abandon...
Nous repartons et continuons notre « traversée » du Tarn et Garonne.
Nous voilà bien vite à Lexos le Bas puis au pont qui permet de traverser l’Aveyron.
Nous passons donc de la D33 à la D600 car au milieu du pont nous sommes entrés dans le Tarn.
Le brouillard est toujours là après nous avoir accompagnés dans nos 8 km de la traversée du Tarn et Garonne...
Mais il est moins dense, ce qui est de bon augure pour la découverte de la forêt de Grésigne...
Fin de l’épisode.