C’est à l’envers de notre prévision initiale mais l’essentiel c’est d’y arriver !
Notre détour va nous donner l'occasion de voir le géosynclinal d'Albas et de parler de la (très) méconnue "Route Corbières 20"...
Nous arrivons à Albas.
Albas est une commune rurale qui comptait 78 habitants en 2022, les Albassiennes et les Albassiens.
Même si le village remonte à l’âge du fer c’est l’histoire plus récente qui nous intéresse.
En 1830, la culture de la garouille (chêne nain qui fournissait le colorant vermillon) et la fabrication du charbon constituent l’activité économique principale d’Albas, avec la culture de la luzerne et l’élevage (chèvres pour le lait, ovins pour la viande, mulets pour les déplacements).
L’exploitation du fer qui se bornait à recueillir le minerai à fleur de roche (ferrières) au Moyen Âge, laisse place au début du XXème siècle à des mines sur le plateau de Lacamp.
Le fer était emporté par chariots et par la petite voie ferrée reliant Durban à Tuchan, jusqu’en 1930.
La voie ferrée est délaissée au profit des premiers camions, les mines deviennent trop coûteuses, elles sont abandonnées en 1930.
Les puits de mine ont été fermés, seuls quelques initiés savent y pénétrer par des galeries discrètes.
On peut apercevoir les restes d’une carrière de marbre rose sur la route de Cascastel, près du village.
Le village étant tout petit, nous le traversons rapidement mais en sortant du village nous remarquons le célèbre, mais faux, géosynclinal d’Albas.
Il s’agit d’une crête rocheuse en forme de sinusoïde dont les roches sont teintées de variations de rouges.
Mais qu’est ce alors que ce « géosynclinal » ?
« Par définition, un géosynclinal représente une profonde dépression de l'écorce terrestre partiellement comblée par une couche épaisse de sédiments et, dès 1870, ce terme géosynclinal est appliqué aux fosses remplies de sédiments marins des mers profondes. Cette appellation de géosynclinal règnera en maître jusque dans les années 1960.
Les anciens géologues avaient constaté depuis longtemps qu’il existait un plissement des terrains, un creux, le long d’un axe passant par les villages de Talairan et de Coustouges.
Pour expliquer cette dépression, ils se basaient sur le fait qu’une mer avait inondé progressivement l’endroit au secondaire et la masse engendrée aurait fait s’enfoncer les terrains.
Ils appelèrent dès lors cette singularité « géosynclinal d’Albas ».
Après 1960, grâce aux nouvelles connaissances sur les fonds océaniques, conséquence du problème de rupture des câbles transocéaniques, est acceptée et reconnue l’hypothèse que Wegener a émise en 1910 de la dérive des continents et la géologie française adopte à partir de 1970 cette théorie dite de la tectonique des plaques.
Actuellement, au lieu de géosynclinal d’Albas on parlerait de résultante de mouvements tectoniques sous forme de plissements et de charriage de nappe…
L’appellation de géosynclinal est donc totalement erronée mais néanmoins consacrée par l’usage ! ».
Vous pouvez en apprendre davantage sur les mouvements tectoniques en suivant ce lien : https://www.albas-corbieres.fr/patrimoine/geologie
Nous avons pris maintenant la D106.
Nous arrivons à Cascatel des Corbières.
Cascastel-des-Corbières est une commune rurale qui comptait 216 habitants en 2022, après avoir connu un pic de population de 856 habitants en 1886. Ses habitants sont appelés les Cascatellois et Cascatelloises.
Les paysages vallonnés autour de Cascastel-des-Corbières sont propices à de belles balades à travers la garrigue.
Mais le secteur n’est pas toujours aussi calme et bucolique.
Il faut l’éviter par temps de pluie !
Car certaines parties du territoire communal sont susceptibles d’être affectées par le risque d’inondation par débordement de cours d'eau, notamment la Berre.
La commune a été reconnue en état de catastrophe naturelle au titre des dommages causés par les inondations et coulées de boues survenues en 1982, 1986, 1987, 1992, 1996, 1999, 2005, 2009, 2014, 2018 et 2021 !
Nous passons un pont dont un panneau rappelle le triste évènement de 1999.
Il faut aussi signaler que le vignoble de Cascatel des Corbières produit plusieurs AOC, nous allons d’ailleurs voir des vignes tout autour de la route.
Nous remarquons également des panneaux « Corbières Route 20 ».
Nous n’avons pas trouvé grand-chose sur la signification de ces panneaux.
Il semblerait qu’il s’agisse d’une initiative du syndicat de l’AOC Corbières dans les années 2013-2014.
Cette route semble tombée en désuétude aujourd’hui…
Pourtant, à l’origine, forte d’une nouvelle signalétique mettant à l’honneur la couleur ocre du Sud, la Route 20 Corbières proposait cinq itinéraires à travers le vignoble de l’AOC Corbières :
« Chacune de ces routes portant les promesses de paysages sauvages et variés alternant villages de pêcheurs, citadelles du vertige, petites collines aux airs de Toscane, jusqu’au Hautes Corbières avec ses plateaux et l’Alaric. Sans omettre Narbonne, berceau romain de la viticulture. ».
Nous traversons le village et continuons en prenant la D123 qui serpente entre les vignes.
Nous arrivons à Quintillan.
Encore une toute petite commune rurale de 57 habitants en 2022, après avoir connu un pic de population de 227 habitants en 1841. Ses habitants sont appelés les Quintillanais ou Quintillanaises.
Comme d’autres communes du secteur le territoire de la commune de Quintillan est vulnérable :
Nous apercevons le clocher de l’église Sainte-Madeleine de Quintillan.
Nous continuons sur la D123 et nous arrivons au col d’Amiel
Répertorié sous la référence FR-11-0378 il culmine donc à 378 mètres.
Le col est indiqué par une petite pancarte de bois fixée sur un panneau d’affichage en bois.
Ce panneau a été tagué d’un slogan « anti-éoliennes » …
Voici un article de la Dépêche du Midi du 11 avril 2018, nous ne savons pas où sont les éventuelles implantations mais dans la proximité du col d’Amiel nous n’avons rien noté…
« Le Collectif Citoyen pour des Corbières vivantes communique : « Plusieurs maires des Hautes-Corbières ont décidé de faire appel à EDF Énergies Nouvelles pour développer un très gros projet éolien dans les Hautes-Corbières. L'industriel est en train de finaliser ses études. Le projet initial prévoyait quatre sites d'implantation et 40 machines. Depuis, deux sites ont été retirés : Mouthoumet et Quintillan. Les sites restant sont : Laroque-de-Fa, Davejean, Dernacueillette, Massac et Villeneuve - Cascatel des Corbières. Il y aurait donc 30 machines de 125 m de haut (mât de 80 m et pales de 45 m). C'est le double de la taille des éoliennes qui dénaturent aujourd'hui le mont Tauch. Ce projet nécessite également la création d'un transformateur électrique qui sera sans doute situé à Palairac. Le coût d'un tel équipement est faramineux (25 millions d'euros) et entraînerait nécessairement le développement d'autres projets éoliens ou photovoltaïques industriels dans des communes jusqu'ici préservées… Face à tout cela, il y a lieu de s'interroger fortement sur l'obsession dont font preuve les maires et la société EDF-EN. Est-ce simplement de l'orgueil ou prévoient-ils, par des pressions sur les ministères et sur des politiques, de faire passer en force leur projet ? Si tel était le cas, le Collectif Citoyen pour des Corbières Vivantes fera tout ce qui est en son pouvoir dans le cadre de moyens légaux, notamment du contentieux juridique, pour que ce projet destructeur des paysages, de la biodiversité et de la paix sociale de nos villages n'aboutisse pas ».
Nous quittons le col d’Amiel toujours sur la D123, direction le prochain col, le col de la Gineste.