Forêt des Coulmes, col de Romeyère et salamandre du pont Chabert

Toujours sur l'étonnante D22 nous entrons dans la forêt, nous éloignant de la route des gorges du Nan. À cette distance nous distinguons à peine la route et ses tunnels intégrés dans la falaise…

Nous remontons un peu en altitude, sur une route étroite bien ombragée…

Situé entre 800 et 1 475 mètres d'altitude, le domaine forestier des Coulmes se dresse en avant-poste du Vercors.

Le massif des Coulmes

La forêt des Coulmes s'étend sur une superficie d'environ 16 km², c’est une des plus vastes du Vercors. Elle est partagée entre les territoires des communes de Malleval-en-Vercors, d'Izeron, de Rencurel et de Presles.

Son nom vient du latin « culmen » qui signifie sommet, nous passerons bientôt au col du Mont Noir, 1 475 mètres.

Le massif a longtemps été difficile d’accès, selon la revue des eaux forêts dans son édition de juillet 1935, seuls « quelques rares et très mauvais chemins de montagne extrêmement rocheux et pentueux permettent aux habitants de Rencurel et de hameaux environnants de rejoindre les autres vallées... ».

En voiture il y a peu de routes pour y accéder et toutes à un moment ou un autre de leur tracé font parties des routes « à hurler de peur » comme l’écrivent certains auteurs…

• La D22, que nous venons d’emprunter, la route des gorges du Nan
• La D35 « nord »  par laquelle nous allons continuer après une excursion dans le domaine des Écouges…
• La D35 « sud » par laquelle nous partirons et rejoindrons les gorges de la Bourne

La forêt a longtemps été exploitée par les charbonniers qui produisaient du charbon de bois. Cette production indispensable pour alimenter notamment une fabrique de canons a incité à créer des routes…

Mais nous en parlerons dans le prochain épisode…

Pour le moment nous arrivons à Malleval en Vercors, village à l’histoire tragique dont une statue entretien la mémoire…

Malleval en Vercors

Malleval en Vercors, haut-lieu de la Résistance, fût envahi dans la nuit du 28 au 29 janvier 1944 par les Nazis qui ont exterminé de nombreux villageois et résistants.

Une statue, le Gisant, réalisée par Michel Chauvet, y a été édifiée en mémoire des victimes.

Ce monument « le Gisant » de Malleval rend donc hommage aux 45 fusillés et 10 déportés, tous victimes de la trahison d'un agent français, le 29 janvier 1944, qui eut pour conséquence l'anéantissement des maquis du secteur de Malleval.

Il rend également hommage aux sept maquisards tombés le 29 juillet 1944.

Ce gisant est l’œuvre du sculpteur Michel Chauvet (5 mai 1916 - 5 décembre 2001). Il est en pierre locale (calcaire dur) et épouse la forme de la falaise qui lui sert de décor.

Sur la partie gauche du socle du monument sont inscrits les noms des martyrs, civils et combattants, du 29 janvier 1944.

Et, d’autre part, sur une plaque à droite, ceux des sept maquisards tués lors de leur tentative d’exfiltration du Vercors, le 29 juillet 1944.

Le monument est imposant, dans un cadre assez grandiose…

Nous avions déjà remarqué des plaques commémoratives le long de la route…

Nous reprenons la route en direction de Rencurel.

La forêt devient de plus en plus dense, la route D22 nous amène au col du Petit Mont Noir, l’arrivée de la course cycliste dont nous avons aperçu les panneaux.

En réalité nous sommes à Patente, une vaste clairière d’où nous partons en prenant la route forestière du Mont Noir.

La route est étroite mais goudronnée, nous arrivons rapidement à « la patte d’oie », nous enchaînons vers le col du Mont Noir.

Le col du Mont Noir

Il est perdu au milieu de cette forêt des Coulmes, nous sommes à 1 431 mètres d’altitude. Le Mont Noir est le col cyclable le plus haut du Vercors. Une belle ascension de 18 km à 7% de moyenne…

Mais nous ne voyons pas de vélo, d’ailleurs nous ne voyons toujours personne !

Nous continuons et arrivons en lisière de la forêt, nous passons devant un poteau indiquant « Scialet du Mont Noir ».

Nous ne connaissions pas le mot… Voilà la définition :

Scialet

« Scialet est un terme dialectal désignant les gouffres et dépressions de surface dans les zones préalpines de l'Isère et de la Drôme (France), notamment dans le massif du Vercors.».

Les scialets, comme les autres phénomènes karstiques et souterrains, sont explorés, étudiés, répertoriés par les spéléologues…

Nous poursuivons et arrivons au col de Romeyère.

Le col de Romeyère

Nous avons un petit jeu qui consiste à prendre Z devant les panneaux de cols. Parfois c’est facile, parfois délicat, parfois impossible… Mais aujourd’hui c’est du gâteau avec pas moins de 3 panneaux indiquant le col et absolument personne pour nous gêner !

Ils indiquent tous 1 074 mètres, c’est parfait, car il arrive que sur des panneaux côte à côte l’altitude indiquée varie…

Dans les environs du col, deux rivières prennent leurs sources.

• Le torrent de la Doulouche, d'une longueur de 6,5 km. Elle prend donc sa source au niveau du col pour ensuite suivre un axe nord-sud en direction de la vallée de la Bourne dont elle est un affluent, nous la traverserons plusieurs fois  en passant sur des ponts.
• Le torrent de la Drevenne, d'une longueur de 9,3 km. Cette rivière se présente sous la forme d'un torrent au débit fluctuent selon les saisons. Ce torrent creuse de profondes gorges dénommées canyon des Écouges, nous y allons…

Et ce lieu est aussi l’emplacement d’une station de ski familiale.

« La station du Col de Romeyère propose un ensemble d’activités pour profiter de la neige dans un espace 100% nature et convivialité.

3 remontées mécaniques, 6 pistes (3 vertes, 2 bleues, 1 rouge), 5 km de pistes, ski-club, location de ski, école de ski (E.S.F).

Ainsi que le domaine nordique des Coulmes, qui est situé au cœur de la forêt des Coulmes avec 50 km de pistes tracées pour le ski de fond traditionnel, mais aussi idéal pour le skating et la pratique de la raquette.».

Nous prenons la D35 vers le nord, la route des Écouges qui longe la Drevenne.

Nous voilà au pont Chabert, au cœur de l’Espace Naturel Sensible des Écouges.

L’Espace Naturel Sensible des Écouges

D’une surface de 918 hectares, cet espace naturel sensible s’étend entre 880 mètres à 1 636 mètres d’altitude. Sa richesse naturelle est liée à ses différents milieux (essences forestières variées, pâturages, falaises, forêts, prairies, rochers…) et à la présence de plusieurs sources d’eau, pourtant rares dans le Vercors. Perché en altitude et entouré de falaises et de canyons, le domaine des Écouges demeure un lieu secret où l’on retrouve une faune sauvage encore préservée.

Il est notamment reconnu pour être le lieu de vie de chamois, marmottes, aigles royaux mais accueille également plus de 70 espèces d’oiseaux, 22 espaces de mammifères, 10 espèces de reptiles et poissons.

Et effectivement, coup de chance, nous avons vu une belle salamandre !

La salamandre tachetée

Passant sur le pont Chabert nous apercevons une sorte de lézard qui traverse lentement la route, comme il n’y a toujours personne nous nous arrêtons et nous nous approchons. Il s’agissait en réalité d’une salamandre tachetée.

C’est une espèce protégée en France.

En principe c'est un animal nocturne, muni de grands yeux noirs adaptés à la vision de nuit et crépusculaire.

Un animal très facilement reconnaissable mais rarement visible en journée. « La peau lisse et noire de la salamandre tachetée est interrompue sur le dos par un motif jaune, occasionnellement orange, de points et/ou de lignes. Par la variabilité de ce motif, on peut identifier les individus séparément.».

Sa durée de vie est de 20 à 25 ans.

Parmi les amphibiens, cette espèce est la plus proche des milieux forestiers. Elle préfère les boisements mixtes s'ils présentent une certaine humidité au sol. La salamandre tachetée reste habituellement cachée dans la journée dans des cavités humides, sous des pierres ou des écorces, ou dans des troncs d'arbres en décomposition.

Les salamandres sont souvent victimes du trafic routier. Ne craignant pas les prédateurs, elles se déplacent lentement, et n'hésitent pas à traverser des espaces à découvert, souvent au péril de leur vie quand il s'agit de routes fréquentées…

Après quelques photos nous reprenons la route des Écouges en direction de son fameux tunnel…

Fin de l’épisode 16 !