Nous développerons dans l’article suivant notre arrêt à la plage du Dramont et notre passage devant le viaduc d’Anthéor car ce sont des lieux riches en histoire…
Nous quittons le rond-point du boulevard de la mer avec son monument aux morts et suivons la mer au plus proche. Nous passons devant une sculpture monumentale.
C’est une œuvre monumentale, sculpture de 10 mètres de haut pour 2,5 tonnes, réalisée en 2004 par le sculpteur Beppo, artiste de Draguignan, né en 1943, qui fut installée à cet emplacement en 2016.
Nous continuons et faisons un arrêt sur les quais pour voir les bateaux de plaisance…
Puis reprenons la route qui reflète bien les routes de la Côte d’Azur, à savoir une grande urbanisation tout autour de la route avec une voie ferrée côté « terre » et, de l’autre côté, des propriétés privés, généralement très bien clôturées, qui bloquent l’accès à la mer, voire même la vue sur celle-ci…
Et elle se poursuit sur 13 km jusqu’au village Le Trayas. La route est véritablement taillée dans le porphyre rouge et le paysage est spectaculaire, encore davantage avec un soleil levant ou couchant… Malheureusement le soleil nous manque aujourd’hui…
Il est aussi évident que la Corniche d’Or est un terme utilisé dès la création de cette route il y a 120 ans !
Tout a donc énormément changé…
Depuis l'époque romaine et jusqu'à la fin du XIXème siècle, on n'allait de Fréjus à Cannes qu'en traversant le massif de l'Esterel. Le 11 avril 1903, une route est enfin construite en bord de mer à l’initiative du Touring club de France (TCF) et avec l'appui de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM). La réalisation de cette voie doit beaucoup au président du TCF Abel Ballif, qui construit sa résidence le long de cette route.
D’ailleurs plusieurs plaques commémoratives rappellent son intervention et celle du Touring Club de France.
Donc en ce début du XXème siècle, de nouvelles problématiques entrent en compte : l’avènement du tourisme et les grands débuts de l’automobile. Pour répondre à celles-ci, cette nouvelle voie fut donc créée pour le plus grand plaisir des touristes, riverains, et surtout pour le plus grand bonheur des professionnels du tourisme et des promoteurs immobiliers…
C'est donc une route touristique, avec de nombreux virages, qui recoupe plusieurs fois l'itinéraire de la voie ferrée, mais sans aucun passage à niveau.
Elle est intégrée, en 1904, à la N 7, en remplacement de l'itinéraire que celle-ci suivait jusque-là de Fréjus à Mandelieu par l'intérieur du massif. En 1937, la circulation sur ce tracé étant devenue trop importante, la nationale 7 reprend son itinéraire initial, et la route de la corniche est intégrée à la N 983.
En 2006, la route est déclassée en départementale, et prend la dénomination D 559 dans le Var et D 2098, puis D 6098, dans les Alpes-Maritimes.
C’est sur cette route bordée par les eaux les plus limpides du département, qui relie le Var et les Alpes Maritimes, en longeant la mer et en surplombant les calanques que nous roulons aujourd’hui…
Une route qui est célèbre depuis plus de 120 ans et qui apparait de temps en temps sur les écrans, un peu comme la route des crêtes de La Ciotat à Cassis…
De nombreux films ont eu partiellement la corniche d'or comme décor : Atoll K de John Berry et Léo Joannon, Le Corniaud de Gérard Oury, Le Clan des Siciliens d'Henri Verneuil, L'Arnacœur de Pascal Chaumeil, notamment.
Des séries comme "Extrême Limite", des spots pub, ou bien la chanteuse Angèle qui y a tourné son clip de la “Thune” autour du Rocher St Barthelemy.
Même un épisode de l'émission de télévision Wheeler Dealers France, diffusé le 28 novembre 2019, a pour cadre la corniche d'Or sur laquelle Gerry Blyenberg procède à l'essai d'une Porsche 911 !
Bon, vu la circulation nous roulons certainement plus doucement que Gerry Blyenberg et nous admirons le paysage.
Après Agay il devient de plus en plus sauvage et de plus en plus de couleur rouge… Nous passons devant le viaduc ferroviaire d’Anthéor dont nous parlerons dans l’article suivant.
Tout au long du parcours des « hommages » à la création de la route sont (très) visibles. Dès 1903 le marketing de la corniche de l’Estérel devenu Corniche d’Or a fonctionné à plein, et il continue aujourd’hui. Le mythe et l’attrait touristique est toujours bien entretenu…
Donc défilent des plaques commémoratives en tôle émaillée apposées sur les murs de soutènement de la RD 6098. Elles rendent hommage à Abel Ballif, président du Touring Club, dont la ténacité a permis la construction de cette route.
Nous passons Le Trayas et découvrons une immense croix de Lorraine.
Cette stèle monumentale, visible du large, célèbre le centenaire de la naissance du Général de Gaulle. Elle a été érigée sur la RD 6098, Pointe de l’Esquillon, sur les lieux où le Groupe Naval d’Assaut de Corse a débarqué le 15 août 1944 pour permettre par son action l’intervention du 141ème Régiment d’Infanterie américain. Le lendemain, 16 août 1944, Théoule-sur-mer fut la première ville libérée au prix de la vie de 11 officiers et marins. 19 autres seront blessés et 27 faits prisonniers.
Nous poursuivons, passons devant un autre hommage mais pas de plaque émaillée cette fois mais une sculpture réalisée à même la paroi de roche rouge.
L'image principale de la sculpture représente deux personnages féminins de style antique, qui forment une allégorie du tourisme. Celle de gauche tient dans ses mains un petit monument et celle de droite une petite automobile. Sous la sculpture principale, quatre petits reliefs carrés représentent un cycliste, un voilier, un avion et une voiture.
Vous l’avez deviné, ce monument inauguré le 26 juin 1939 est un hommage à Abel Ballif, réalisé par le sculpteur Antoine Sartorio et l'architecte Paul Tournon.
Nous apercevons le château de Théoule sur Mer qui marque les derniers kilomètres de cette Corniche d’Or !
A l’origine, le château était une savonnerie construite en 1630 par un groupe de marseillais. Elle était alimentée par les oliveraies de la région et la soude nécessaire à la fabrication du savon venait d’Egypte. Il reste du bâtiment d’origine les fondations et les caves voutées. Le château fut reconstruit à la fin du XIXème siècle et transformé plusieurs fois avant de prendre sa forme définitive vers 1905…
Mais avant de quitter définitivement la Corniche d’Or vous trouverez dans l’épisode qui suit un autre aspect de cette route touristique mais aussi historique…
Fin de l’épisode 2