Donc nous quittons la Corniche d’Or et allons prendre l’autoroute A8 à Mandelieu La Napoule pour gagner un peu de temps afin de ne pas arriver trop tard dans notre appartement… Il faut dire que nous sommes un samedi de vacances scolaires pour les 3 zones et donc la circulation est assez dense…
Après une soixantaine de kilomètres nous sortons donc de l’A8 par la sortie n°59 et prenons la belle D2566 que nous connaissons, un joli tronçon de la RGA.
Cette route passe à proximité d’ouvrages d’art remarquables qui ont été construits pour le tramway de Menton à Sospel.
« Le tramway de Menton à Sospel était une des lignes du réseau départemental de chemin de fer secondaire des Alpes-Maritimes, exploité par la compagnie des Tramways de Nice et du Littoral. Partant de Menton, elle traversait le hameau de Monti (Menton) et le village de Castillon pour atteindre Sospel.
Un des objectifs de la réalisation du tramway était d'apporter des matériaux de construction pour la ligne de chemin de fer de Nice à Breil-sur-Roya (devenue depuis ligne de Tende). Quand celle-ci fut achevée en 1928, le trafic de la ligne diminua sensiblement et elle fermera finalement quatre ans après. ».
La construction débuta en 1909, le tunnel de Castillon fut terminé en 1910.
Le 6 juillet 1911 voit enfin circuler la première motrice d’essai, malgré les catastrophes naturelles et les contraintes imposées par l’Armée, soucieuse de sécuriser le fort Saint-Jean situé à proximité.
La ligne fut enfin inaugurée le 30 mars 1912 et ce fut un jour de fête pour les habitants de Menton, Monti (hameau dépendant de Menton), Castillon et Sospel.
Le 15 avril suivant elle est ouverte au trafic des voyageurs. Pourtant, dans les journaux de l’époque, bien peu de place lui fut consacrée car cette mise en service coïncida avec le naufrage du Titanic qui avait fait, dans la nuit du 14 au 15, près de 1 500 victimes.
Cette pittoresque ligne ferroviaire aura eu une vie relativement brève car elle était devenue déficitaire, à la suite des dégâts de la guerre de 1914-1918 ainsi qu’à l'entrée en service de la ligne Nice-Coni (1928) qui a détourné une grande partie du trafic de voyageurs et de marchandises, ainsi que le développement de lignes d'autocars. Le dernier train régulier circula le 22 mars 1931 et la ligne fut officiellement déclassée le 20 juin 1933. En novembre 1934 débuta la dépose de la voie.
Mais plusieurs ouvrages d’art seront conservés.
Il a été reconverti en tunnel routier, un deuxième tube a été creusé et seul le portail côté Castillon est en état proche de l'origine. Mais nous ne l’avons pas emprunté car nous préférons passer par le col de Castillon.
Tout au bout d'un vallon, le Careï était franchi grâce à un viaduc semi-circulaire en maçonnerie, composé de cinq arches, s'étirant jusqu'aux environs de la carrière du Caramel, la voie se trouvant alors en contrebas de la route. Nous apercevons le viaduc du Caramel en sortant d’un virage.
Nous passons au-dessous de l’arche centrale du viaduc du Caréï et allons pouvoir stationner dans un virage en épingle tout à côté du viaduc du Caramel.
Déjà à l’époque du tramway c’était l’endroit d’où l'on jouissait du plus prestigieux panorama de tout le tracé. Aujourd’hui il n’est plus qu’un témoin silencieux de l’existence de cette ligne.
Le viaduc est en forme d'un « oméga » et il permettait au tramway de faire une boucle à flanc de montagne. Sa longueur est de 120 mètres et comporte 13 arches. Il a été construit de 1908 à 1912 par les concessionnaires d'Hennebique qui ont également construit le viaduc de Monti à 5 km de Menton et à 2 km du viaduc du Careï pour la même ligne. Il suit une courbe nettement détachée du flanc de la montagne qui a été imposée par le ministère de la Guerre pour pouvoir le détruire facilement en cas d'invasion.
La ligne serpentait ensuite à travers la campagne, puis traversait la route et la quittait pour s’enfoncer dans la vallée jusqu’à la gare de Castillon, qui précédait le tunnel de Castillon. À l’arrivée dans le vallon de Merlanson, le paysage changeait radicalement et l’ambiance devenait montagnarde. Puis la voie descendait en pentes continues, passait par la halte du Vallon de Saint-Jean et atteignait Sospel après un trajet de 17,279 kilomètres.
Après quelques photos du viaduc nous repartons sur la D2566. Nous traversons Castillon, passons par un petit tunnel.
Ce petit tunnel n’a rien à voir avec le tunnel de Castillon du tramway maintenant transformé en tunnel routier. De même, un autre homonyme, le viaduc du Caréï dont nous venons de parler n’a rien à voir avec le viaduc du Caréï de Menton sur l’A8 qui est un pont-autoroutier en béton précontraint de plus de 500 mètres !
Après Castillon nous franchissons le col de Castillon, col qui fait partie des cols de la RGA.
Ce col à l’altitude de 706 mètres fait la jonction entre la vallée de la Bévéra au nord et la vallée du Caréï et Menton au sud, d’où nous venons.
Nous roulons jusqu’à Sospel où nous prenons alors la direction de Breil sur Roya.
Un panneau nous avertit que l’accès en Italie par le col de Tende est toujours fermé, suite aux intempéries dus à la tempête Alex en 2020…
Nous y reviendrons, mais à ce jour la réouverture a été reportée au printemps 2024…
« Côté budget, de 187 millions d'euros, on en est actuellement à un budget affiché de 257 millions d'euros, partagé 60% Italie, 40% France".
Nous poursuivons sur la D2204 et arrivons au col de Brouis, 879 mètres d’altitude, l’auberge est fermée.
Une route sympa pour y arriver, et pas mal de vent bien frais !
Tout à côté du col se trouve une fortification faisant partie de la ligne Maginot.
Il s'agit d'un petit ouvrage d'artillerie composé de trois blocs, il avait pour but d'interdire le col de Brouis reliant la vallée de la Roya au nord à celle de la Bévéra au sud, soit la route reliant le col de Tende à la ville de Sospel.
L'ouvrage ne fut pas très actif lors de la bataille des Alpes en juin 1940, les combats se déroulant hors de portée de son armement. En 1945, les Allemands, pour couvrir leur retraite, firent sauter le bloc 2 qui ne fut jamais reconstruit, ainsi que l'usine.
Après 1945, l'ouvrage ne fut plus entretenu par l'armée et fut ouvert à tout vent, les souterrains furent pillés…
Nous entamons notre descente vers Breil sur Roya. Un peu avant d’arriver à cette ville nous prenons le chemin du col d’Agnon pour rejoindre notre appartement loué.
Surprise, la route devient de plus en plus étroite… Puis perd son goudron… Et enfin se creuse de (très) grands nids de poule… Nous roulons très doucement et Z passe de justesse…
En contrepartie la vue sur Breil sur Roya est superbe, l’appartement sympa et l’accueil au vin d’orange maison est chaleureux !
Fin de cet épisode et de cette journée de 300 km environ.