« Tout d’abord remontons un peu le temps !
Il y a deux millions d'années, la rivière Arize bute contre la falaise et y creuse un porche de 70 mètres de haut et de large pour traverser le massif du Plantaurel et ressortir cinq cents mètres plus loin.
Au XIXème siècle, les travaux de construction de la route sous la caverne livrent les premiers vestiges archéologiques qui permettent d’identifier une culture préhistorique encore inconnue. Le site capture l’attention d’archéologues, de collectionneurs et d’historiens et les fouilles se prolongent jusqu’à nos jours.
Dans cet immense abri naturel où se sont tout d’abord réfugiés ces animaux, différentes cultures se sont succédées à la charnière entre les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique et les sédentaires du Néolithique : les Aurignaciens (40000 ans avant JC), les Magdaléniens (16000 ans avant JC) et les Aziliens (13000 à 9000 ans avant JC). Ici pas de stalactites ou de stalagmites, il s’agit d’une grotte sèche, habitée essentiellement de nos jours par des colonies de chauves-souris.
Après la préhistoire la grotte fut toujours utilisée comme abri, et ce tout au long de son histoire...
Egalement comme lieu de recueillement chrétien au IIIème siècle après J.C. mais aussi comme refuge en 1635 pour les protestants...
La grotte fut aussi exploitée jusqu’à la Révolution pour l’extraction du salpêtre qui servait à la fabrication de la poudre noire (poudre à canon) et pendant longtemps, çà et là dans la caverne, des amas de cendres et de terres lavées, témoignaient de l’importance qu’avait la recherche du salpêtre. Cette exploitation fut au XVIème et XVIIème siècle la principale industrie de la ville et elle est attestée par un acte royal du 8 février 1585.
Ensuite, dans la première moitié du XXème siècle, l’exploitation du guano de chauve-souris y fût régulière. La grotte a toujours été le refuge privilégié des chauves-souris, surtout dans les galeries profondes de la Rive Droite et le reste encore de nos jours.
Rapidement d’épaisses couches de guano recouvraient le sol de ces cavités et comme il a la réputation d’être un excellent fertilisant, les jardiniers du Mas d’Azil s’y sont intensément intéressé, d’où une exploitation excessive.
La commune qui gérait la grotte, fut donc dans l’obligation de règlementer ce ramassage par un arrêté qui le limitait à quelques kilogrammes par habitants.
Pour en apprendre davantage sur la grotte et surtout visiter les parties aménagées qui évoquent la préhistoire un centre d’interprétation a été créé à l’intérieur de la grotte, sur l’ancien emplacement des parkings !
En 1857, la construction de la route qui traverse la grotte nécessite des travaux de remblaiements. Lors de ces aménagements, les Ponts et Chaussées mettent à jour plusieurs éléments archéologiques.
Ces découvertes attirent les érudits de la question et des « fouilles » commencent sous la direction de l’abbé Pouech, des préhistoriens Garrigou et Regnault. On peut également citer d’autres amateurs et curieux comme E. Filhol, l’abbé Cau-Durban et Trutat.
En 1875, suite à une crue importante, la route est emportée et, à nouveau, des travaux de construction vont mettre à jour de nouvelles trouvailles
De 1887 à 1897, fouilles de Edouard Piette qui découvre de très nombreuses pièces lithiques et d’art mobilier mais également un crâne humain attribué à l’azilien.
En 1901 et 1902, l’abbé Breuil effectue deux campagnes de fouilles. C’est à cette occasion qu’il découvre les premières peintures et gravures de la grotte.
Il est suivi par Joseph Mandement qui va dégager, de 1936 à 1958, l’accès à plusieurs galeries, et donc augmenter le nombre de représentations préhistoriques...
Depuis de nouvelles découvertes ont eu lieu et les anciennes découvertes sont revisitées avec les plus récentes techniques d’étude archéologique...
« Pour répondre aux recommandations de la Commission nationale des Monuments historiques du Ministère de la Culture imposant la réversibilité complète du bâtiment, l’architecte, Olivier WEETS, a réussi le tour de force de concevoir un bâtiment sans fondation qui épouse les lignes de la Grotte avec sa façade et sa toiture courbées.
A l’intérieur de la grotte, reposant sur des platines, les passerelles et les escaliers ont été préfabriqués en usine, pour éviter tout apport de chaleur, et boulonnés sur place.
Soutenu par la Région Midi-Pyrénées, le Conseil général de l’Ariège et la DRAC de Midi-Pyrénées, cet extraordinaire bâtiment a rénové entièrement le parcours des visiteurs tout en respectant parfaitement l’intégrité de ce lieu patrimonial unique au monde. A partir du parking extérieur, les visiteurs empruntent une passerelle en encorbellement surplombant la rivière Arize avant d’entrer dans un le bâtiment d’accueil de 300 m² dans lequel sont présentés, grâce aux techniques virtuelles, tant la formation géologique de la grotte que ses inaccessibles galeries ornées. Ce parcours scientifique et ludique se prolonge par un cheminement dans la grotte qui présente la paléontologie, la vie des hommes durant la période magdalénienne, le travail des fouilleurs et les travaux dantesques de construction de la route.
Le coût global du projet s’est élevé à 3 millions d’euros, et il a été opérationnel en 2013.
Pendant le chantier des nouvelles découvertes, notamment dans les remblais liés à la construction de la route, ont permis de nouvelles avancées sur la connaissance du site...».
« La traversée de la grotte du Mas d'Azil fait désormais l'objet d'une surveillance renforcée "afin de garantir la sécurité des usagers" : c'est l'annonce faite en 2017 par le conseil départemental de l'Ariège, qui indique que, l'an dernier, de nombreuses chutes de pierre et des glissements de terrain ont été constatés sur cette route longue de 420 mètres, empruntée par la RD 119 et qui longe l'Arize. Elle dessert notamment un centre d'interprétation située sous les voutes de la grotte. Les deux porches d'entrée et la voute seront désormais soumis à une surveillance régulière et à des inspections annuelles, complète le conseil départemental de l'Ariège. "La sécurité des usagers n'a pas de prix", conclut-il. D'importants travaux ont été réalisés depuis 2010 pour sécuriser cette route, mais l'état du massif rocheux n'est pas figé. ».
Dans notre cas nous nous sommes sentis en parfaite sécurité et nous avons fait la traversée une deuxième fois puis une troisième !
Le spectacle est réellement étonnant... La grotte est assez bien éclairée, avec quelques touches lumineuses de couleurs...
Et finalement presque pas de gouttes d’eau venant du plafond. La pluie nous attendait à l’extérieur...
Après le dernier passage direction le village de Sabarat pour nous rapprocher de Montpellier...