Traversée du Causse du Larzac et Pont de Salars

Nous avons décidé de rester sur l’ancienne Nationale 9, actuelle D809, et de ne pas reprendre l’autoroute A75.

Dès la sortie de l’Hospitalet se trouve l’aérodrome de Millau-Larzac (code OACI : LFCM) c’est un aérodrome ouvert à la circulation aérienne publique.

Nous sommes à 18 km de Millau.

Il a été créé dans les années 1920-1930 et actuellement dispose d’une piste bitumée orientée sud-nord, longue de 1 700 mètres  et large de 30 mètres.

Cet aérodrome est très réduit...

Il est aujourd’hui utilisé pour la pratique d’activités de loisirs et de tourisme : aviation légère, parachutisme et voltige.

Mais il aurait pu avoir un destin bien différent...

En effet, l’aérodrome de Millau-Larzac a  fait partie du réseau des stations Air-Route.

Les stations Air-Route

Extrait d’un article de Jean-Philippe Chivo de 2020.

« Retour sur les stations Air-Route... Ou l’histoire d’une utopie liée au tourisme aérien…

A la fin des années 1950, la France de l’aviation légère considère avec envie le développement de l’utilisation de l’avion privé aux Etats-Unis...

... L’idée maîtresse d’alors est que l’aviation légère doit permettre à l’usager d’atteindre par la voie aérienne tous les centres urbains du territoire et que, d’autre part, cet usager doit pouvoir effectuer dans de bonnes conditions toute escale technique imposée par la météo, le carburant ou la mécanique...

...Il fallait donc créer une parfaite adéquation entre le voie aérienne et la route au sol pour que ne soit pas perdu le gain de temps aux extrémités de l’aérien, auquel cas ne subsisterait, comme nous le voyons de nos jours, que l’agrément du vol…

Cette idée plut aux différents présidents de La FNA (Fédération nationale aéronautique dont le nom fut transformé en 2004 en FFA, Fédération française aéronautique). Et les présidents Pellevoisin, Maroselli et Burlaton firent jouer leurs relations et aboutirent à la concrétisation de l’idée de station Air-Route d’aérodrome...

A la mi-1960, les résultats étaient les suivants : 160 points d’implantation avaient été étudiés, 30 dossiers d’implantation remis à l’administration et 15 sociétés de réalisation et de gestion constituées pour la mise en place immédiate de station Air-Route...

Mais les obstacles réglementaires et administratifs furent insurmontables et l’opération se solda par la création de seulement 4 stations Air-Route sur les terrains de Dijon, Abbeville, Dôle et ... Millau !

La station Air-Route de Millau-Larzac sur la Nationale 9

La carte postale que j’ai retrouvée et mise dans les photos date de 1965, les autres éléments sont des missions aériennes IGN de 1966 et Google.

On peut voir sur cette carte postale l’hôtel-restaurant de la station Air-Route de Millau-Larzac...

Entre l’hôtel et la Nationale 9, sur un terre-plein, est installé un Nord 1000 !

Sur le parking les voitures de l’époque, Renault 4L, Citroën 2CV et DS.

Aujourd’hui ce bâtiment n’existe plus car son emplacement se situe maintenant en plein milieu de l’aire Larzac de l’autoroute A75 longeant l’aérodrome...

Fin de cette belle l’histoire...

Nous continuons la D809 et nous traversons maintenant le camp militaire du Larzac...

Le camp du Larzac

 « Le camp du Larzac est un camp militaire de l’Armée de terre. Il est donc situé sur la commune de La Cavalerie dans l'Aveyron. D'une superficie de 3 000 hectares sur les 100 000 ha du causse du Larzac. Il abrite la 13e DBLE depuis 2016, nous verrons plus loin...

Son nom vient de celui du plateau sur lequel il se trouve. Ce camp militaire, achevé en juin 1902, occupe 3 % du plateau du Larzac. Une extension de plus de 400 % fut décidée en 1970.

Cette tentative d'agrandissement, de 13 700 hectares touchant douze communes aurait entraîné de nombreuses expropriations de paysans, a été l'objet de nombreuses actions et manifestations de ceux-ci soutenus par une partie de la population française.

Après avoir longtemps tergiversé, l’Etat finit par utiliser la contrainte juridique de l’expropriation, ce qui a eu pour effet de relancer la polémique... En 1981, l’élection de François Mitterrand comme président de la République met fin au projet d’extension.

Depuis 1902 le camp a servi à de multiples unités et fonctions, notamment celle de camp d’internement administratif collectif durant la guerre d’Algérie.

Mais il fut également utilisé comme base de lancement de fusées, terrain d’exercice de drones, et même lieu de compétition automobile !

« Le camp militaire du Larzac a été le théâtre de compétitions automobiles, le rallye des Cardabelles en particulier. Ce rallye fait partie du championnat de France des rallyes sur terre depuis les années 1980. ».

Actuellement le camp est occupé par la 13e DBLE : Demi-Brigade de Légion Étrangère, qui dépend de la 6e BLB, Brigade Légère Blindée.

La devise de la 13e DBLE : More Majorum - « À la manière de nos Anciens ».

Depuis l’été 2016, elle est stationnée sur le camp du Larzac et participe de façon permanente aux missions de l’armée de Terre. Elle a été déployée au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane, au premier semestre 2018 et en 2022 et se prépare actuellement à de futures projections extérieures.

Régiment composé de 1 350 cadres et légionnaires, la 13e DBLE est articulée en sept compagnies auxquelles s’ajoutent une compagnie de réserve, une compagnie de commandement et de logistique.

En décembre 2024, pour la première fois de son histoire, le camp du Larzac et la 13e DBLE accueillaient des démonstrations, drones, avion, véhicules terrestres, brouilleurs…

« Son terrain de tir permettait de montrer avec des tirs réels, l’impact de ces nouvelles technologies dans des conditions les plus proches du terrain, sans danger devant le public. Seules les vibrations des impressionnantes détonations étaient palpables depuis la tribune d’observation. ».

Le camp permet notamment les tirs d'infanterie, mais aussi de mortier de 81 mm et de 120 mm, l’évolution d’engins blindés et de tester divers matériels...

Nous nous arrêtons sur une aire autorisée, car il est interdit de quitter la route dans l’emprise du camp.

Nous faisons quelques photos de Z et nous entendons nettement des détonations de tirs d’artillerie...

Le Larzac est photogénique car on le retrouve dans plusieurs publicités... Exemple avec Mitsubishi !

Nous repartons vers le nord.

Descente sur Millau, d’où nous apercevons au loin le toujours superbe viaduc, puis la montagne de la Puncho d’Agast, voir notre article de cet été, puis petit arrêt dans Millau pour un ravitaillement en échaudés...

Nous traversons Millau et prenons la D911 que nous allons suivre sur une centaine de kilomètres, pratiquement jusqu’à Villefranche de Rouergue. Il y aura juste le passage de La Primaube à Baraqueville où la route deviendra N888 et N88. Nous détaillerons dans l’épisode n°4.

Pour l’instant, à mi-distance, nous passons devant plusieurs champs d’éoliennes et nous arrivons à Pont de Salars.

Nous avons regroupé dans cet épisode les photos de la traversée du nord au sud et celle du retour, du sud au nord. Entre les 2 nous vous détaillerons notre visite d’un barrage dans le prochain épisode...

Pont de Salars

C’est une petite ville d’environ 1 250 habitants, les Salarsipontaines et les  Salarsipontains.

L'origine du mot Salars est inconnue, cependant plusieurs hypothèses circulent comme celle le faisant dériver du mot sel, le bourg étant connu au Moyen Âge pour la route du Sel (salars) avec droit de passage (sur le pont).

C’est d’ailleurs au fait qu'elle se situe sur un passage du Viaur facilité par la construction de la route militaire, vocation historique de la D911, de Montauban à Millau au XVIIIème siècle qu’elle doit son développement.

En fait, le bourg initial correspondait au village de Salars, sur la butte, dont il ne reste aujourd'hui que sa chapelle du XIème siècle.

Avec la construction de la route D911, le bourg s'est développé autour du pont le long de la route d'où son nom actuel.

Pour traverser la ville il y a 2 rues en sens unique, une dans chaque sens.

Nous avons donc traversé la ville en entrant par l’avenue de Rodez pour aller voir le barrage de Bage ou du Bage, et le lac du même nom. Notre but est de retrouver trace d’une route aujourd’hui engloutie...

Mais ce sera dans l’épisode suivant !

Pour terminer cet épisode quelques photos de la suite du parcours, de la route nous apercevons Rodez et sa cathédrale, nous passons Rieupeyroux, nous continuons jusqu’à l’embranchement de la D26 afin de prendre cette route pour Compolibat...

Fin de cet épisode 2 sur 8 !