Nous voilà arrivés au bout de la route, juste avant un virage à gauche qui suit la plage.
Il est 18 heures et le parking est désert. Il faut savoir que ce site a été très récemment modifié.
En effet, c’était il y a encore peu de temps une aire de stationnement des camping-cars. Mais dans un souci de mettre en valeur le site les camping-cars ont été déménagés ailleurs et le site va certainement être aménagé pour valoriser le dolmen.
Pour le moment il est assez sauvage, on y accède à pied en suivant un chemin parallèle à l’océan.
Il y a une magnifique vue sur le petit bosquet du Dolmen d'Er Hourel, de l’autre côté de la baie de la plage de Breneguy.
Nous sommes sur la pointe du Verteil, le dolmen des Pierres Plates fait face à l'océan. Il fait partie d’un groupe de tombes mégalithiques coudées que l’on ne retrouve que le long du littoral, toujours à proximité immédiate de la mer.
Le dolmen est accessible à pied par un sentier qui part du parking.
Comme nous l’avons écrit au-dessus sa situation offre un très beau point de vue sur l’îlot de Méaban, le bosquet de pin et la plage de sable de Locmariaquer.
Il faut imaginer que lors de son édification la mer était située à plusieurs dizaines de mètres de son niveau actuel : la vue embrassait alors des plaines, recouvertes depuis par la montée du niveau marin.
Il aurait été édifié aux environs de 3000 ans av. J.-C, période correspondant à la fin du Néolithique et plus précisément du Néolithique récent sud-armoricain. Il fait partie d’un ensemble d’une demi-douzaine de monuments mégalithiques répartis entre l’estuaire du Blavet et celui de la Loire, qui répondent au même style architectural de forme « coudée ».
Le dolmen est un témoin remarquable de la présence humaine sur le site de la pointe du Verteil et de l’évolution des édifices funéraires entre les régions et les périodes du Néolithique.
Le dolmen des Pierres Plates est donc un sanctuaire funéraire à couloir coudé, constitué de blocs de granites sculptés et recouvert à l’origine par un Cairn, remblayé entre le XVIIème et XVIIIème siècle.
Il se présente comme une allée d’une totalité de 26 mètres de long (mais de 23 mètres aujourd’hui), divisée en deux parties principales : un couloir d’accès et une chambre funéraire.
A l’origine, le monument devait comporter environ 70 blocs de granite. De nos jours, il en compte 50, dont 38 « piliers » (orthostates) et 12 dalles ou pierres de couverture. La richesse du monument réside dans les gravures ornant les orthostates de granite qui soutiennent les dalles de couverture.
Nous poursuivons à pied le chemin qui borde la plage. Le site est vraiment beau et l’éclairage donné par le soleil qui se couche est photogénique.
Nous retournons au parking et nous remarquons des zones goudronnées qui correspondent aux anciens aménagements du site.
« Depuis quarante ans, l’aire des Pierres-Plates était utilisée par les camping-cars. Son occupation était gratuite pendant 48 heures, mais il y a eu des dérives. Mais surtout, dans notre démarche d’inscription de l’ensemble des mégalithes au patrimoine mondial de l’Unesco, l’environnement de la zone des Pierres-Plates, site mégalithique, devait être libre », explique Hervé Cagnard, maire de Locmariaquer ».
Nous quittons le site pour suivre la route de la plage.
Cette route suit la plage et elle est très sympa.
Lorsque nous arrivons au niveau d’un bois de pins nous remarquons des taches de couleurs. Il s’agit d’un bunker recouvert de peinture.
Ils ont été réalisés dans le cadre de la construction du Mur de l’Atlantique, à partir de 1940, qui s’étend de la Norvège jusqu’à la frontière espagnole sur plus de 4000 km.
Le littoral sud de la Bretagne présente, tout particulièrement sur les sites stratégiques que sont Lorient, la presqu’île de Quiberon et les territoires insulaires tels que Belle-île, Groix, etc, une densité d’ouvrages formant un important système de défense.
Les ensembles défensifs sont néanmoins relativement légers. Pour l’occupant allemand ce secteur n’était pas considéré comme un site de défense prioritaire, à l'échelle du territoire à défendre, compte tenu de la nature du littoral et de la difficulté d’accès par la mer.
Les ouvrages sont construits en béton armé et présentent des volumes et des fonctions différentes (bunker, tobrouk, etc.). Chaque ouvrage est standardisé et répond à un rôle précis. Les ouvrages peuvent être isolés ou constituer des points d’appui. Un point d’appui regroupe sur un espace tous les moyens nécessaires à la défense d’un secteur et au fonctionnement du site (ouvrages d’artillerie et de logistique).
Pour défendre l’entrée du Golfe du Morbihan, les pointes de Kerpenhir (Locmariaquer) et de Port-Navalo (Arzon) sont des sites stratégiques.
Ainsi, plusieurs bunkers ont été installés sur la pointe et le site de Kerpenhir.
Une organisation similaire a été installée à Port-Navalo, sur la commune d’Arzon pour une défense totale de l’accès au Golfe. Les bunkers possédaient des embrasures permettant de tirer dans deux directions opposées et ainsi de contrôler l’ensemble du domaine maritime. Pour compléter cette organisation défensive, plusieurs ouvrages (bunker, tobrouk) sont notamment présents sur la plage de Saint-Pierre à Locmariaquer.
Nous passons devant ce bunker transformé en œuvre d’art pour rapidement arriver à notre destination.
Kerpenhir est construit à partir de trois mots bretons :
Cette pointe de Kerpenhir est une avancée de sable occupée par d'anciennes fortifications.
Elle est exactement situé en face de Port Navalo où nous étions il y a quelques heures, voir l’épisode 6.
La pointe est entourée de rochers au milieu desquels se dresse la statue de Notre Dame de Kerdro (Bon Retour), taillée dans le granit et mesurant 2,70 mètres, sculptée par Jules-Charles Le Bozec.
Tout au bout de la pointe, sur un petit ilot rocheux on peut admirer la statue de la Vierge de Kerpenhir, haute de 2 mètres 70, invoquée Notre-Dame de Kerdro à Locmariaquer.
Elle signifie « bon voyage et bon retour » et protège les hommes partis en mer.
La légende dit qu’une femme serait apparue aux yeux de Priol, capitaine au long cours, sur la pointe de Kerpenhir lui sommant de revenir sur terre. Pensant qu’il s’agissait de son épouse, il fait demi-tour et laisse partir les deux autres navires l’accompagnant. Rentré à la maison, il apprit que sa femme n’en avait pas bougé, il comprit alors que la Vierge lui serait apparue pour le sauver d’un naufrage.
Les équipages des deux autres navires périrent effectivement en mer à la suite d’une tempête...
Pour commémorer la légende, une première statue en plâtre est érigée sur les remparts du fort de Kerpenhir en 1883. Ce fort est détruit lors de la Seconde Guerre mondiale par l'occupant allemand entre 1940 et 1944 afin de construire un blockhaus et la statue subit le même sort.
À la fin de la guerre, la ville de Locmariaquer commande une statue au sculpteur Jules-Charles Le Bozec, choisissant comme maquette une Vierge à l'Enfant réalisée pour le pavillon breton de l'exposition universelle de 1937 à Paris. Le Bozec réalise la statue en 1946 et est installée dans l'église Notre-Dame en 1947. Elle est finalement érigée à son emplacement actuel en 1962.
Le site de Kerpenhir n'a pas toujours ressemblé à ce qu'il est aujourd'hui. Des études effectuées en 1996 sur la tourbière de Kerpenhir, aujourd'hui submergée, nous renseignent sur un niveau d'eau inférieur de 7 à 8 mètres à celui d'aujourd'hui. Le chêne est alors l'essence prédominante. On trouve également des tilleuls, des ormes et un peu plus tard des noisetiers. Au Néolithique, avec le développement de l'agriculture, on assiste à une première grande déforestation...
Ensuite vers 1746 un ouvrage défensif fut réalisé sur le site, amélioré au cours des années...
Les dernières modifications le furent pendant la guerre 1939-45, des dizaines d'ouvriers de Saint-Philibert, Crac'h et Locmariaquer vont participer à la construction des blockhaus du Mur de L'Atlantique.
L’ancien fort est dynamité. Les pierres sont concassées sur place, pour la fabrication du béton...
D’ailleurs à cette période le site des Pierres Plates échappa de peu à la destruction...
Trois blockhaus sont édifiés à Kerpenhir. Un de chaque côté de la pointe pour surveiller l'entrée du golfe, le troisième, à quelques mètres du sémaphore (derrière le parking actuel), servait de garnison.
Depuis 1984, l'intervention du Conservatoire du littoral, à l'initiative de la commune, a permis la constitution d'un domaine de 95 ha composé de deux zones distinctes : les dunes de Saint-Pierre Lopérec et la pointe de Kerpenhir.
Plusieurs chantiers ont permis de réhabiliter cette dernière et les abords du sémaphore. Les qualités paysagères ont été restaurées, le confort de visite amélioré.
Le muret, élevé sur le site de Kerpenhir en 1993, reprend le tracé de l’ancien fort.
Nous quittons la Pointe de Karpenhir, et retraversons Locmariaquer par la D781.
Nous allons suivre cette route jusqu’à Carnac. Pour l’instant nous arrivons à La Trinité sur Mer
Nous n’allons pas nous y arrêter car il est déjà 18h30 et Carnac nous attend...
Juste quelques mots sur le pont que nous empruntons.
C’est un des symboles de la Trinité sur Mer avec :
Aujourd’hui cette petite ville de 1 850 habitants s'est transformée de port de pêche en port de plaisance avec l'essor du tourisme nautique. L'ostréiculture est aussi bien présente à la Trinité-sur-Mer.
Le blog carnetsdunebretonne.fr offre un parfait résumé de son histoire.
« Avant la présence d’un pont, les passages s’effectuaient grâce à un bac. Mais à ce niveau de la rivière de Crac’h, les courants sont connus pour leur force causant de nombreux accidents.
Le premier pont remonte donc à 1899, construit façon « Eiffel », il se pare de deux rampes d’acier longues de 100 mètres sur 18 mètres de haut, très reconnaissable au style du constructeur. À cette époque, une seule voie constitue le passage, ce qui restreint le va-et-vient des habitants.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le 8 août 1944, exactement, le pont de Kerisper fut détruit par les Allemands. Il a fallu malgré tout continuer le passage entre les deux rives. Ce sont mis alors en place, des bateaux passeurs qui durant 14 ans se relayèrent pour continuer l’accès aux rives.
C’est seulement en 1956, que la construction du second pont a débutée. Après 2 ans de travaux, le nouveau pont s’impose et impressionne avec son arche de 86 mètres de haut et ses 203 mètres de long.
Depuis, chaque passant à pied, à vélo ou en voiture peut admirer une vue exceptionnelle sur le port de La Trinité sur Mer et son chenal, la Baie de Quiberon au loin ou la rivière de Crac’h. ».
La structure attaquée par la corrosion due à l'environnement marin, des travaux de réfection ont été engagés.
Il y passe quotidiennement entre 9 000 et 10 000 véhicules, beaucoup plus lors de régates...
Nous admirons la vue et poursuivons notre route en direction de Carnac...
Fin de cet épisode 9 !