Le texte est plus long que d'habitude car nous avons découvert des sites qui nous ont intéressés...
Nous sortons des Saintes par la D85A qui passe à travers les marais. A l’ouest l’étang de l’Impérial, puis l’étang de Consécanière, à l’est le marais du Couvin…
En cette saison c’est parfait, nous n’avons croisé que 2 ou 3 moustiques…
« La Camargue est constituée d’une mosaïque de groupements végétaux dont l’agencement est déterminé essentiellement par la présence et l’abondance de l’eau et du sel. On y trouve des étangs d’eau douce bordés de vastes roselières, des rizières et autres cultures, des ripisylves le long des deux bras du Rhône, des dunes, des matorrals à Genévriers de Phénicie, des sansouires, des marais salants et de vastes lagunes d’eau saumâtre peu profonde. Un bel ensemble de lagunes se trouve justement au sud-ouest de l’étang du Vaccarès, entre les étangs de Consécanière et de l’Impérial…».
Bon, nous apercevons bien des oiseaux mais notre connaissance en ornithologie est limitée…
Mais nous savons reconnaitre une cigogne !
En effet, sur le bas-côté de la route une cigogne a construit son nid… Nous en verrons d’ailleurs d’autres du côté de l’étang de Scamandre.
Pour l’instant nous passons le pont de Sylvéréal, sur le Petit-Rhône.
Il permet de franchir le Petit Rhône entre le hameau de Sylvéréal, dont l'ouvrage porte le nom, sur la commune de Vauvert, en rive droite, et les Mas de Jonquières et Sénébier, côté Saintes-Maries-de-la-Mer, en rive gauche. Il se situe sans doute à l'emplacement de l'ancien pont suspendu, juste en amont de l'entrée du canal de Peccaïs à Sylvéréal. Il s'agit d'un ouvrage comportant deux travées de longueur équivalente. Le tablier à ossature métallique (sans doute en acier) rivetée est constitué de deux hautes poutres latérales en treillis de type Warren. L'ossature métallique inférieure supporte une dalle de couverture en béton (probablement armé). Il offre une chaussée routière en double sens, à deux voies de circulation, que bordent deux étroits trottoirs.
Voilà, vous savez tout !
Au bout du pont nous tournons à droite pour emprunter la D202.
C’est cette route que nous appelons « route du Loup » car la forme de son tracé avec ses virages originaux donne la forme d’une tête de loup…
Elle n’a rien d’original. Les routes de Camargue sont toutes plates avec en général peu de virages… Mais ceux de la route du loup ne sont pas mal… La route zigzague un peu au milieu de rizières…
Problème, la route est très poussiéreuse… Les engins agricoles déposent de la boue, suite aux travaux dans les champs inondés, et cette boue se transforme en poussière sur le goudron et c’est cette poussière qui s’envole en nuages derrière les véhicules… Vaut mieux passer devant !
Autre caractéristique de cette route ce sont d’étranges panneaux de signalisation dont nous avons mis un long moment à trouver la signification…
Le SYMADREM (Syndicat Mixte Interrégional d’Aménagement des Digues du Delta du Rhône et de la Mer) est un établissement public qui a pour missions l’entretien, la gestion et la surveillance des digues fluviales du Delta du Rhône, de Beaucaire/Tarascon à la mer, d’un tronçon de la digue à la mer et de ses ouvrages annexes (épis, brises lames, tenons). Il réalise des études et des travaux sur son territoire de compétence, en vue d’améliorer la protection des personnes et des biens contre les crues du Rhône et les submersions marines. Il participe aux réunions de travail auprès des instances en charge de la gestion globale du fleuve Rhône ou de la mer. En période de crue, il met en œuvre son "plan de gestion des ouvrages en période de crues" (PGOPC) dans le cadre de ses missions de surveillance. Le SYMADREM gère un linéaire de 230 km de digues de protection contre les crues et les submersions marines.
Donc ces panneaux doivent indiquer des points importants liés à ce PGOPC…
Bientôt des travaux vont débuter, ils consistent à démonter les ouvrages actuels et construire la future digue en recul du fleuve (décorsetage), tout en préservant les habitations pour une protection durable contre les crues ainsi que les enjeux environnementaux présents aux abords de la digue actuelle…
Le budget est imposant : 136,7 millions d’euros !
Début de travaux 2024, pour 5 ans… « L’objectif est de détecter au plus tôt des désordres générés par la crue et le cas échéant, de procéder à des interventions d’urgence afin d’éviter toute aggravation du phénomène et qui pourrait entraîner la formation d’une brèche et l’inondation de la zone protégée… ».
Nous poursuivons et de la D202 prenons la D179, dite route des Iscles, nous passons devant le moulin de Bramasset.
Une originale et ancienne construction…
Cet édifice de forme cylindrique est situé au sud de l’étang de Scamandre sur la route des Iscles. Cette tour, est appelée « tour de bramasset » ou plus récemment « des cigognes ».
(Bramasset : doit venir de « bramassa » beugler désagréablement.).
Diamètre extérieur : 4.65 mètres, intérieur : 3.20 mètres, hauteur : 10 mètres.
Cette construction est celle d’un moulin à eau, construit pour assécher les marais…
Cette tour est également étroitement liée au creusement du canal d’Aigues Mortes à Beaucaire.
Le premier projet de desséchement de ces marais remonte à Henri IV !
La première idée du canal date de 1645. Mais ce fut seulement en 1780 que les États de Languedoc, subrogés aux précédents concessionnaires, commencèrent ce grand ouvrage, en creusant le lit du canal dans la section d’Aigues-Mortes à Saint-Gilles, sur un parcours d’environ 35 kilomètres, à travers des marécages dont le niveau est à peine égal, et même inférieur à celui de la mer. Il avait bien fallu établir le canal en contrebas de ce niveau; aussi l’eau salée n’aurait pas manqué de refluer dans les terrains adjacents, et d’y détruire tous les germes de végétation, si elle n’avait été retenue par des chaussées insubmersibles…
La longue histoire de cette région est la lutte pour remplacer l’eau de mer par de l’eau douce pour permettre la valorisation des terres et créer des hectares de vigne, de rizière ou d’autres cultures…
Une question se pose, quel rapport a le moulin avec le canal ?
Les eaux prises dans le petit Rhône et arrivant de l’écluse de Saint Gilles, passent au nord de l’étang de Scamandre. La tour étant au sud, il n’y avait apparemment aucune relation entre les deux. Pourtant, le gouvernement de l’époque avait passé un accord qui semble très avantageux pour la compagnie qui s’occupait des travaux.
«… Le gouvernement concédait à la Compagnie la propriété incommutable et perpétuelle de tous les marais, étangs et palus situés dans le département du Gard, entre Beaucaire, Aigues-Mortes et l’étang de Mauguio, appartenant à l’État, et provenant de l’ancien domaine de l’Ordre de Malte, de tous domaines nationaux… »
Il était donc impératif pour la compagnie, d’assécher le maximum de zones marécageuses afin de pouvoir les mettre en culture. Le moulin de Bramasset a dû être construit dans les années 1830, afin de permettre la valorisation de très nombreux hectares de terre…
Malheureusement, il semble que ce moulin ne soit pas resté en activité très longtemps car le vent parfois violent l’abimait…
Ensuite, vers 1836 ce fut l’arrivée des pompes à vapeur en grande Camargue. La première fut installée sur les terres de la société agricole de basse Camargue. Système beaucoup plus efficace, qui n’avait pas besoin de vents favorables…
Nous poursuivons la D179 et au niveau du mas des Iscles et prenons vers le sud.
La route longe des prés où paissent des taureaux…
La route passe entre cultures, canaux, et marais, toujours un peu en hauteur, au-dessus de fossés remplis d’eau…
L’histoire de ce hameau d’une vingtaine d’habitants est originale.
Elle commence réellement à la fin du XIXème siècle. Montcalm est une création ex nihilo. À cette époque, ce sont des bourgeois de la ville de Marseille qui investissent dans le Bas-Languedoc à la recherche de nouvelles terres à exploiter. Le Bas-Languedoc et la Petite Camargue attirent les investisseurs, car on peut y développer un vignoble planté dans le sable, ce qui le protège du phylloxéra faisant des ravages à cette époque. En 1882, l'entrepreneur et grand bourgeois marseillais Louis Prat, à la tête de l'industrie Noilly-Prat qui fabrique du vermouth et de l’absinthe, achète les terres de Montcalm. Il s'approprie 700 ha de terres qui lui permettent de planter des vignes dans les zones sablonneuses, le long de la route conduisant d'Aigues-Mortes à Sylvéréal, tandis que les espaces de marécages, de pâtis à mûriers et de bois sont réservés pour la chasse.
Afin de développer son domaine viticole et son domaine de chasse, Louis Prat fait construire un château servant de pavillon de chasse et de maison secondaire. Il peut y accueillir et loger toute la bourgeoisie marseillaise, amis, proches et hommes politiques marseillais venus chasser avec lui. Autour du château, il fait construire une agglomération. Il établit les mas du Pive et le Mas Neuf. On y trouve également des bâtiments d'exploitation : une cave et des écuries pour les chevaux de chasse à courre. On crée aussi un « ramonettage » qui est une grande résidence collective pour loger les employés, les travailleurs saisonniers et les domestiques (une quarantaine d'employés) surveillés par le « ramonet » (sorte de contremaître). S'ajoutant à ces infrastructures, on construit également : un four public, un château d'eau, un lavoir public, une école pour les enfants des employés et une chapelle située à 500 m du château. Après les dures journées de vendanges les agriculteurs venaient se détendre au restaurant La Ceinture. Le restaurant est toujours au même endroit, secondé ou concurrencé par un important distributeur automatique !
À la mort de Louis Prat, en 1932, le domaine n'est pas repris, faute d'héritiers directs. Depuis, plusieurs propriétaires se partagent ses terres. L'école a été reprise par la commune de Vauvert et les pavillons autour du château achetés par divers propriétaires. Le château lui-même est passé dans les mains de plusieurs acquéreurs. Ce château est actuellement en ruine…
Nous rejoignons la D58 en direction d’Aigues-Mortes. Un petit arrêt ravitaillement au caveau du mas des Sablons…
L’histoire de cette cave commence en 1952, lorsque la cave particulière des Sablons est devenue une cave coopérative.
Par la suite, elle fusionnera avec deux autres caves coopératives d’Aigues-Mortes, la cave Saint Louis et la cave du Môle, pour former l’entité Sabledoc.
Le caveau de vente des Sablons verra le jour en 2004. Il permet de découvrir la gamme de Vins des Sables DUNE, des produits du terroir, et de mettre en avant les artistes locaux. Entre 2006 et 2007, aura lieu la fusion entre la cave coopérative des Remparts et le groupe Sabledoc. En 2008, au pied de la ville fortifiée d’Aigues-Mortes le caveau des Remparts verra le jour suite à la démolition de l’ancienne cave.
Aujourd’hui, une centaine de coopérateurs écrivent l’histoire de la marque Dune.
Le vignoble de la Cave Coopérative des Sablons couvre une surface de 580 hectares répartie sur les communes d’Aigues-Mortes, Saint Laurent d’Aigouze et Vauvert. Le vignoble de Camargue est implanté sur d’anciens cordons littoraux, sur des sols sablonneux. Le terroir est composé de sables siliceux et calcaires d’origine rhodanienne. Mais aussi d’apports éoliens et marins des sables dunaires.
Le climat ensoleillé et tempéré par la proximité de la mer permet une maturation idéale des raisins. La culture de la vigne dans le Sable de Camargue est très ancienne. Au XIXème siècle, l’épidémie de phylloxéra qui a détruit le vignoble du Languedoc, fut stoppé par ce terroir sableux qui a résisté à l’insecte ravageur.
Il a ainsi permis le développement du vignoble. L’encépagement est typique de l’appellation Vins des Sables de Camargue.
Pour les cépages blancs :
Pour les rouges :
Les méthodes culturales sont respectueuses de l’environnement.
Courses effectuées nous prenons le chemin du retour vers Montpellier, en passant par la route littorale, face au soleil couchant…
Fin de l’épisode et de la balade !