Visite de Moulins, préfecture de l’Allier, à pied !

Moulins n’est pas seulement la préfecture du département de l’Allier, c’est aussi la capitale du Bourbonnais, ancien duché de la riche et puissante famille des Bourbons…

Moulins, parfois dénommée Moulins-sur-Allier

La ville doit son nom aux nombreux moulins à eau, à vent et à bateaux qui s’étendaient autrefois sur ses collines, le long de ses ruisseaux et sur la rivière Allier. Si la rivière Allier traverse toujours la ville aujourd’hui, les moulins ont quant à eux tous disparus.

Fondée en 990, la ville connaît un véritable essor lorsqu’elle est à la tête du duché du Bourbonnais de 1327 à 1527. Les ducs de Bourbon s’y succèdent et apportent à la ville et à son duché toujours plus de richesses, de puissance et de nouvelles terres.

Mais c’est sous la direction du couple Pierre II de Bourbon et Anne de France, fille aînée du roi Louis XI, que Moulins rayonne et bénéficie d’un apport culturel et artistique de première importance dans de nombreux domaines ! La cour regorge en effet d’artistes en tous genres, invités par ce couple mécène qui leur permet de réaliser des chefs-d’œuvre en peinture et en architecture. Le duché du bourbonnais est alors considéré tel un véritable état princier.

Aujourd’hui la ville compte moins de 20 000 habitants.

Une fois Z stationnée nous commençons une balade à pied dans le centre de la ville.

Nous tombons immédiatement sur une place.

La place de l’Allier

Sur cette vaste place une fontaine avec une belle colonne.

C’est Monsieur de Saincy, l’un des plus riches notables de Moulins, qui a financé à deux reprises, sur les Cours Doujat (aujourd’hui Anatole-France) puis sur la place d’Allier, la construction de cette fontaine qui porte son nom. Cela ne lui portera pas chance… Cet aristocrate sera guillotiné pendant la Révolution française…

La fontaine actuelle a été mise en eau le vendredi 7 septembre 2012 lors de l’inauguration de la nouvelle place d’Allier.

Nous traversons la place, et donc passons devant le Grand Café, nous y reviendrons dans le prochain épisode…

Nous voilà maintenant devant une imposante  église.

L'église du Sacré-Cœur

L'église du Sacré-Cœur est donc située entre le quartier historique du palais des ducs et l'Allier, à l'extrémité ouest de la place d'Allier.

La paroisse Saint-Nicolas a été érigée en 1751 au cœur du quartier des mariniers de la Loire. Son église est l'ancien édifice du couvent des Dominicains, bâti au début du XVème siècle.

En 1839, l'abbé Martinet décide de la construction d'une nouvelle église dédiée au Sacré-Cœur de Jésus. C'est la première église de France à avoir cette dédicace. Un premier projet de l'architecte départemental Esmonnot, de style roman, est présenté, mais ce sera finalement celui de Jean-Baptiste-Antoine Lassus, de style néo-gothique, qui est retenu et construit sous le Second Empire.

Sa façade ouest a trois portails dont chacun des tympans est orné d'un décor sculpté sur le thème du Sacré Cœur. Ce monument édifié en grès de Coulandon constitue l'un des témoins les plus achevés et réussis d'architecture religieuse néo-gothique en France. Ses proportions sont particulièrement harmonieuses ; la hauteur sous voûtes atteint 24 mètres tandis que les deux flèches en façade, qui semblent dialoguer avec celles de la cathédrale, s'élèvent à 74 mètres au-dessus de la place d'Allier.

A l’intérieur nous remarquons une chapelle de la Vierge Noire, vénérée dans le quartier depuis le XVème ainsi qu’une chasse de Sainte Bénédicte…

Nous poursuivons la balade en direction de la cathédrale, mais avant d’y arriver nous passons devant le château des Ducs de Bourbon et sa tour « Mal Coiffée » !

Le château des Ducs de Bourbon

Construit en 1400 par Louis II de Bourbon, le château surprend par son donjon surnommé « la Mal Coiffée ». Cet édifice a connu des usages très différents : après avoir accueilli les Ducs de Bourbon, le château a vécu une période plus sombre et est devenu une prison de 1775 à 1983. Pendant la seconde guerre mondiale, Moulins, proche de Vichy, est à la frontière de la séparation entre la France et l’Allemagne, et on emprisonne alors les résistants dans les sous-sols du château.

Face au château, la cathédrale.

Cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation

Remplaçant une chapelle de la fin du Xème siècle, à l'origine dédiée à saint Pierre, la « collégiale des Bourbons » fut construite à la fin de l'époque médiévale. Partie la plus ancienne de l'édifice actuel, construite en style gothique flamboyant, sa première pierre fut posée en 1468 par Agnès de Bourgogne, mère de Jean II, duc de Bourbon, et veuve du duc Charles Ier de Bourbon. Les travaux s'achevèrent en 1550.

La collégiale fut érigée en cathédrale en 1823 lors de la création du diocèse de Moulins. Suite à d’importants travaux la surface de la nef fut doublée et furent ajoutés les deux collatéraux et la façade harmonique avec ses deux flèches hautes de 81 mètres. Ces ajouts architecturaux sont réalisés en style néogothique imité du gothique francilien du XIIème siècle, sous l'influence de Viollet-Le-Duc.

De nombreux vitraux dépeignant les Bourbons, la vie de sainte Catherine, celle de sainte Barbe, le Crucifiement ou encore l'Arbre de Jessé, éclairent le monument pourvu d'une kyrielle d'œuvres d'art.

La cathédrale est surtout célèbre pour son Triptyque du Maître de Moulins, chef-d'œuvre réalisé autour de l'an 1500 par un artiste longtemps non identifié, le Maître de Moulins, aujourd'hui reconnu comme le peintre d'origine néerlandaise Jean Hey.

Mais on peut aussi y admirer plusieurs « trésors »

Le vitrail de Godefroy de Bouillon et la Sainte Épine, une Vierge noire du XIème siècle, un groupe sculpté gothique flamboyant représentant la « déploration du Christ » ainsi qu'une statue de Jeanne d'Arc en génuflexion. Le trésor de la cathédrale abrite un christ reliquaire en ivoire du XVIIème siècle, un triptyque d'Aubery, un autre de Bethléem attribué au flamand Joos van Cleve.

Nous poursuivons la visite à travers le quartier des « vieilles maisons », celles-ci datent des XVème et XVIème siècles.

Nous passons ensuite devant la mairie et observons en face la famille Jacquemart perchée à 30 mètres du sol !

Le Jacquemart

C’est le beffroi symbolique de Moulins. A son sommet, voici la famille Jacquemart, ce sont des automates !

Les parents, Jacquemart et Jacquette sonnent les heures, et les enfants Jacquelin et Jacqueline sonnent les quarts d’heure…

Cette tour horloge a une longue histoire et la version actuelle date d’une reconstruction réalisée en 1946 suite à un incendie…

Nous entrons dans la mairie et remarquons deux plaques commémoratives. Elles font allusion à des villages des Vosges, ce qui nous interpelle puisque c’est une partie à venir de notre voyage…

Les plaques gravées de la mairie de Moulins

Nous avons finalement  trouvé des infos et voici un article intéressant publié le 12 Janvier 2019 par Louis Delallier in www.legrenierdemonmoulins.fr au sujet de ces plaques.

« Il ne reste plus que ces deux plaques pour rappeler le lien fort unissant les deux départements et leurs habitants après la Seconde guerre mondiale.

En effet, dès la Libération, le comité Bourbonnais-Lorraine se constitue pour venir en aide à la population vosgienne terriblement touchée par les bombardements, l’occupation et les exactions commises par l’armée hitlérienne avant de quitter son territoire. Le fondateur du comité est Georges Biquet (1905-2002), natif de Monthureux-sur-Saône dans les Vosges et installé à Moulins.

Dès mars 1945, le département de l’Allier adopte 28 communes vosgiennes…

Georges Biquet met toute son énergie à la recherche de fonds pour les aider à se relever de tant de destructions et de souffrances. Il réussit l’exploit de réunir 70 millions de francs pour nos compatriotes de l’est qui ont subi de plein fouet, et à trois reprises, les guerres franco-allemandes et leurs conséquences désastreuses. L’Allier sera aussi une terre d’accueil pour des milliers de petits vosgiens qui, le temps d’un été, y trouveront un dépaysement salutaire.

Le 30 mars 1952, les communes de Jeanménil et de Saulcy-sur-Meurthe offrent chacune une plaque gravée pour manifester durablement leur reconnaissance à la commune de Moulins, leur marraine.

Elles sont toujours accrochées sous le porche de l’hôtel-de-ville. ».

Nous quittons la mairie et nous retraversons la ville pour regagner la place de l’Allier, presque 20h00, l’heure de se mettre à table…

Fin de l’épisode 2 sur 3.