Un des objectifs de la journée est d’aller visiter la Chapelle Notre-Dame-des-Fontaines de La Brigue.
Cette chapelle de réputation mondiale, qualifiée de « chapelle Sixtine des Alpes », nous intéresse et nous avons du prendre un rendez-vous plusieurs jours auparavant pour pouvoir y accéder… Vous la verrez en détail dans l’épisode suivant.
Avant ce rendez-vous nous avons le temps de faire quelques photos et surtout nous en avons la possibilité. Car la route est souvent étroite, les bas-côtés effondrés et des panneaux d’interdiction de stationner, ou même de s’arrêter, sont disposés partout....
Vous comprenez pourquoi il y a peu de photos de Z dans les épisodes de cette journée…
Entaillant les grès et arkoses massifs du Permien, La Roya a creusé ces gorges profondes où le soleil ne pénètre pas longtemps. Le lit de La Roya s’élargit ensuite au niveau du chef-lieu communal où il traverse les terrains triasiques, avant de s’enfoncer à nouveau dans les gorges calcaires de Saorge que nous venons de traverser.
Le paysage est très minéral, la couleur grise domine, la végétation parsème les falaises de touches dans des nuances de vert. La Roya coule le long de la route dans un lit de pierres et de rochers.
Tout cela créant une ambiance à la fois majestueuse et un peu glaciale…
Quelques photos et nous repartons.
Nous passons devant la centrale hydraulique EDF de Paganin avec sa conduite forcée. Un peu plus loin nous passons devant une autre centrale, la centrale EDF de Saint Dalmas de Tende, c’est l’occasion de faire un point sur l’hydroélectricité.
L’utilisation de la puissance des chutes d’eau depuis le bassin haut de la Bieugne, affluent de la Roya, pour la production d’hydroélectricité a fait l’objet d’une stratégie et de travaux remarquables avant la première guerre mondiale.
L’installation d’une première turbine à l’aval de Casterino a été motivée par les besoins en énergie de la Mine de Vallauria, une mine de plomb argentifère et de zinc. La société Elletro Mineraria lança la construction de la centrale des Mesches, qui fut mise en service vers 1918-1919. Nous irons voir ce secteur dans quelques jours.
Le barrage des Mesches, le plus haut des Alpes Maritimes, à 1369 mètres d’altitude, est la clé du système. Mis en service en 1917, il est alimenté par huit lacs d’altitude dotés de vannes pour réguler les réserves, dont sept ont été surélevés pour augmenter leur capacité. C’est un barrage poids en maçonnerie, de 77 mètres de haut, qui présente un fruit important sur sa face aval, et un parement en pierres de taille sur sa moitié supérieure. Il alimente la centrale de Saint-Dalmas de Tende par une quadruple conduite forcée, d’une chute de 720 mètres.
Le chantier de construction de la centrale de Saint-Dalmas a débuté en 1910 pour s’achever en 1914. Mais la retenue du lac des Mesches qui l’alimente ne fut mise en service qu’en 1917. La production de cette usine contribua notamment à l’électrification de la ligne de chemin de fer Cuneo-Vintimille.
Le double bâtiment s’étire entre la route D6204 et le pied du versant où descendent les conduites forcées. La grande halle des turbines se trouve au nord et le vaste bâtiment d’exploitation, sur cinq niveaux, au sud.
Le soubassement (niveau bas, rattrapant la pente longitudinale du site) est doté d’un parement de pierres à bossages. Une attention particulière a été portée aux détails de la décoration moderniste.
La centrale de Paganin a été achevée en 1917 et mise en service peu après.
La construction implantée sur un site exigu, au fond d’une gorge rocheuse, entre le versant et la route, se trouve contre le vallon de Paganin, qui marquait la frontière franco-italienne jusqu’en 1947. La volonté des Italiens était d’utiliser l’eau des Mesches une dernière fois sur le territoire national, avec la chute maximum possible. L’eau captée à Saint-Dalmas est dirigée vers l’usine de Paganin avant d’être restituée à la Roya, sur l’ancienne frontière… Où elle était immédiatement captée pour alimenter la centrale française de Fontan.
Le petit bâtiment de Paganin reprenait des éléments d’architecture de la centrale de Saint-Dalmas, dimensions et ornementation en moins.
Lors de notre passage ces centrales étaient en grève… Vous le verrez sur nos photos prises au retour…
Nous traversons les gorges toujours dans ce paysage superbe extrêmement minéral.
Passons le tunnel à côté duquel est stocké le sel destiné au déneigement en hiver, puis passons sous un viaduc de la ligne de chemin de fer avant la centrale de Paganin.
Et nous entrons dans le village de Saint Dalmas de Tende, puis nous passons au-dessus de la Bieugne pour aller faire un tour à la gare !
Il faut savoir que ce petit village de 600 habitants a longtemps été réputé pour… Sa gare monumentale !
"Mussolini voulait à travers cette gare montrer la grandeur de l’Italie." C’est ainsi qu'Armand Oliviero résume cet endroit, une gare totalement hors norme pour un village de 600 habitants.
"Quand on partait de Sospel" ajoute ce passionné de l’histoire de la Roya, installé à Tende, "la petitesse de la gare quittée devait trancher avec celle de Saint-Dalmas. On l’apercevait de loin, depuis le train, à la sortie d’un tunnel".
Il faut préciser qu’à l’époque cette partie de territoire appartenait à l’Italie, la gare ayant été inaugurée en 1928, construite à l'initiative de l'administration ferroviaire italienne (ligne Nice-Coni)
Mussolini voulait en mettre plein la vue aux touristes qui sortaient de France. Difficile, à l’extérieur de l’imposante bâtisse en pierre de taille, d’imaginer comment cela pouvait être à l’intérieur.
Armand Oliviero nous éclaire sur ce point. Il faut d’abord vous dire, explique-t-il "que la gare est murée désormais et qu’il est donc impossible d’y pénétrer. Mais je me souviens pour y être entré il y a 15 ans, c’était monumental, gigantesque. En plus d’être une gare, c’était, pendant sa période d’activité, le lieu où étaient hébergés les carabiniers et les soldats italiens".
On en apprend encore plus sur le bâtiment auprès du ministère de la Culture : "120 mètres de longueur, 15 de largeur, un corps central plus élevé flanqué de deux longues ailes, animées par d’autres avant-corps. Le tout est recouvert de toits de tuiles, en pavillon ou à deux versants."
Rien à envier avec l'architecture intérieure, "un décor à caractère néo-baroque, le jeu vigoureux des matériaux (bossages rustiques alternés, bichromie des pilastres et des murs du corps central…)"
La gare devient française après la Deuxième Guerre mondiale, en 1947 exactement, et devient la propriété de la SNCF. Elle abritera des colonies de vacances durant l’été.
Elle devient un lieu de squat dans les années 2000, tout a été saccagé à l’intérieur, il n’y a plus rien.
Pour l’heure la SNCF dit n’avoir eu d’autres choix que d’abord murer le rez-de-chaussée puis, face aux intrusions répétées, le premier étage…
Nous cherchons maintenant la D43, l’embranchement pour La Brigue ou le vallon de Morignole car c’est le chemin pour arriver à Notre Dame des Fontaines.
Le sanctuaire est bien fléché et nous franchissons La Levenza avant de découvrir la chapelle…
Vous la verrez dans le prochain épisode !
Fin de l’épisode 2 sur les 5 de la journée.