Pourquoi passer à Saint Juéry avant Albi?
Notre idée est triple :
Il se situe en cœur de ville, à l’angle d’une pharmacie. Il date du 13 septembre 1932 !
Et il indique la destination de « Monplaisir » petit village à 3 km de Saint Juéry...
Photo faite nous cherchons la route D172 qui va à Ambialet, distance entre les villes d’environ 18 km, mais nous n’irons pas à Ambialet aujourd’hui.
Nous voulons simplement voit le point où nous serions susceptibles d’arriver lors d’une balade que nous prévoyons. L’idée est de suivre la totalité de la rivière Tarn, de sa source à sa confluence avec la Garonne, après Moissac.
Et la D172 est une des routes qui suit le Tarn au plus proche notamment en utilisant des portions d’une ancienne voie ferrée... Le point noir est que les tunnels sont nombreux et surtout très étroits... ils sont interdits aux véhicules dont la largeur est supérieure à 1,80 mètre... C’est exactement la largeur de la Z...
Mais nous détaillerons tout cela prochainement...
Nous faisons demi-tour à la fin de la dernière usine et passons sur la rive opposée. Nous passons le pont du Saut de Sabo, longeons pendant quelques kilomètres le Tarn avant de faire demi-tour pour arriver au belvédère de la centrale EDF. Mais retraçons l’histoire de Saint Juéry...
Saint-Juéry, connue sous la Révolution sous le nom de Bellevue, compte aujourd’hui environ 6 600 habitants.
La ville est surtout connue pour son passé industriel et un musée retrace cette histoire.
Ce sont des lieux que l’on ne peut dissocier, leur histoire étant liée. Le premier est un chaos rocheux dans lequel la rivière Tarn se précipite pour former dans un bruit infernal, une chute d’eau de vingt mètres. Ce site est propice à l’établissement de Saint-Juéry, un village fortifié dont l’existence est attestée au XIème siècle et de l’usine du Saut du Tarn, une exploitation métallurgique datant du XIXème siècle. Il faut dire que la force hydraulique générée par le Saut de Sabo attire de nombreuses activités économiques depuis le Moyen Âge.
Saint-Juéry, qui est le nom occitan de Saint-Georges, voit son territoire souvent modifié. Dès 1824, la vie quotidienne des Saint-Juériens est chamboulée par le développement industriel !
Attirés par la force motrice du Tarn à Saint-Juéry, deux industriels Messieurs Garrigou et Massenet développent une activité métallurgique sur le site du Saut de Sabo. Ainsi, de 1824 à 1983, ce sont des milliers d’ouvriers qui vont vivre au rythme de l’usine du Saut du Tarn.
L’histoire de l’usine du Saut du Tarn commence par celle d’un site naturel unique : le Saut de Sabo.
C’est un défilé rocheux marquant l’essoufflement final du vieux Massif central qui s’éteint là en déposant ses ultimes schistes. Puis le Tarn et le temps ont sculpté cette gorge profonde et étroite aux pans escarpés et sauvages produisant une chute naturelle d’une vingtaine de mètres jonchée de tourbillons, courants rapides, embruns et d’assourdissants vacarmes.
Comment ne pas tenter de dompter cette force considérable circulant dans le défilé ? Ce que font les hommes grâce à un vaste réseau de canaux qui alimentent sur les deux rives les nombreux moulins (à partir de 1373), une papeterie (1639), un martinet à cuivre (1687), une filature… Enfin, en 1824, l’énergie hydraulique permet l’implantation d’une usine en faisant fonctionner les machines et plus tard des centrales hydroélectriques. Pour cela, l’usine est autorisée par l’ordonnance royale de 1828 à concevoir un barrage pour acheminer plus efficacement l’eau sur la rive droite (6.06 m³) et la rive gauche (11.5 m³). L’usine a ainsi la mainmise sur ces eaux sauvages et le site.
La situation géographique et géologique du Saut de Sabo offre la possibilité au vicomte François-Gabriel de Solage, propriétaire des mines de fer d’Alban, situées à 20 km de Saint-Juéry, et à l’ingénieur Dodun d’entreprendre une industrialisation du site dès 1793. Cette tentative échoue, faute de capitaux.
Quelques années plus tard, en 1824, deux industriels qui exploitent les forges du Bazacle à Toulouse, Messieurs Garrigou et Massenet, reprennent cette idée : utiliser la force hydraulique du Saut de Sabo, le minerai de fer d’Alban, le charbon de bois de la forêt de Sérénac et le charbon de terre des mines de Carmaux afin de fondre le fer et de fabriquer des outils de taillanderie.
Une délibération du Conseil Municipal de la ville de Saint-Juéry, datant du 23 juin 1824 cède les terrains communaux « pouvant se trouver sur le site en contrepartie de la réparation d’une muraille de soutènement sur le chemin d’Albi ». En peu de temps, les industriels acquièrent la quasi-totalité des terrains et voies d’eau de la rive gauche du Tarn.
Une fabrique de faux dite la Halle aux Martinets, est initialement installée, avec 2 fours à cémenter pour fabriquer l’acier et 22 martinets à forger. Chaque martinet pesant 20 tonnes nécessite une force hydraulique importante ! On imagine très bien les conditions de travail difficiles dans cette pièce presque souterraine où règnent le bruit, l’humidité et l’obscurité.
Joseph-Léon Talabot, grand industriel limougeaud, prend la direction de l’usine en 1832 et développe la production jusqu’ici réservée à l’agriculture, première activité économique du pays. Le Saut du Tarn commence également à produire des ressorts de voiture, domaine en plein essor. Cependant, à la mort de Léon Talabot en 1864, l’activité de l’usine stagne contrairement aux autres industries métallurgiques qui progressent à grand pas. A cette époque, l’usine n’emploie que 200 ouvriers.
C’est en 1870, sous la direction de Charles Vissac, que l’usine devient « Société anonyme des aciéries du Saut du Tarn ». De nouveaux investissements sont réalisés et l’usine commence à diversifier sa production par la fabrication d’outils aratoires (surtout destinés aux colonies françaises) et de limes. L’usine commence à connaître un véritable essor et la marque Talabot devient symbole de qualité, notamment pour la fabrication manuelle des limes et râpes.
L’arrivée d’Adolphe Espinasse à la direction de l’usine en 1876 marque un tournant majeur : la construction du Haut-Fourneau sur le site en 1882 et l’acquisition des mines de fer du Fraysse vont encore augmenter la production de fonte et d’acier.
Avant la construction du haut-fourneau, « […] la consommation annuelle de fonte était d’environ 1 200 tonnes qu’il fallait faire venir de l’Ariège et du Périgord. Ce mastodonte de 15 mètres de hauteur peut produire 40 tonnes de fonte par jour.
Dès 1898, l’usine commence à produire sa propre électricité grâce à sa première centrale hydroélectrique.
Aussitôt, le Saut du Tarn dispose d’une nouvelle force motrice pour ses ateliers modernes. L’aciérie s’agrandit et des laminoirs sont installés dans de nouvelles halles. L’usine s’équipe de machines-outils modernes. Il devient alors urgent d’augmenter la quantité d’énergie électrique ; en 1906, la deuxième centrale alimente le premier four électrique (le four Héroult) ; plus tard, la centrale n°3 dite la Pyrénéenne est achetée par le Saut du Tarn. En 1912, un bâtiment aux Avalats est transformé en centrale hydroélectrique. Et pour finir, la centrale d’Ambialet est érigée en 1917 pour électrifier les mines du Fraysse et le prieuré d’Ambialet.
À l’aube du XXème siècle, le Saut du Tarn emploie près de 1 000 ouvriers et son potentiel technologique a considérablement augmenté. L’objectif de départ est atteint : productrice de matières premières, cette usine devient « une des plus grandes industries métallurgiques du Centre et du Midi de la France ».
La suite de l’histoire est moins flamboyante puisque elle se termine par la fermeture de l’usine...
Concernant les centrales électriques EDF a repris l’exploitation des 5 centrales jusqu’en 1990, date à laquelle une nouvelle centrale est construite sur la rive droite du Saut de Sabo. Seules les centrales des Avalats et d’Ambialet ont été modernisées et remises en service...
C’est donc du belvédère de cette centrale que nous voyons le Tarn et les vestiges industriels toujours debout, en face, sur l’autre rive...
Maintenant il est temps d’aller à Albi, ville que nous aimons bien et dont nous souhaitons revoir la cathédrale qui est magnifique...