Tout d’abord un bref rappel de l’histoire de cette route qui aurait du être une voie ferrée...
Pour raccourcir les temps de transport, ne plus passer par Narbonne et la côte méditerranéenne, d’une part, et développer économiquement cette région d’autre part, l’Etat avait envisagé de construire dès 1880, une ligne ferroviaire de Saint-Affrique à Albi.
Ainsi, les relations par le rail, déjà possibles de Roquefort à Saint-Affrique (ligne SNCF de Tournemire à Saint-Affrique) auraient pu se prolonger jusqu'à Albi.
L’Etat commença les travaux en 1904, ponts et tunnels furent construits... Des chantiers titanesques...
Mais contrairement à ce qui était prévu la société ferroviaire Compagnie du Midi rechigna à prendre en charge la suite des travaux...
Et les rails ne furent jamais posés !
Mais il est probable que la pose des rails n'aurait pas empêché la fermeture de la ligne :
Cependant, vers la fin des années 1960 l’idée commença à germer d’utiliser cette infrastructure, du moins en partie, d’où cette route D200 qui emprunte les ex-futurs tunnels et viaducs de la ligne...
Il y a 6 tunnels praticables en voiture sur la portion Aveyronnaise. Nous en avons traversé 3 hier, aujourd’hui les 3 derniers sont au programme.
Car à la sortie du dernier tunnel, celui de Combradet, ce sera simplement la fin de la D200 mais elle se transformera en D172, sa classification dans le département du Tarn... Mais nous vous en reparlerons dans une prochaine balade...
Pour le moment nous traversons la rivière Tarn par le pont de Brousse le Château, D54, et retrouvons la D902.
La voie ferrée aurait dû passer sous le pont et continuer vers l’ouest. Nous, nous contournons un méandre du Tarn alors que le train aurait dû emprunter un superbe tunnel de plus de 500 mètres, le tunnel des Girbes, mais celui-ci n’a pas été recyclé en tunnel routier...
Il est à l’altitude de 245 mètres, et donc il n’a pas été requalifié dans un usage routier et il est maintenant complétement abandonné mais les randonneurs ou vététistes peuvent s’y risquer. Beau tunnel de percement il mesure 521 mètres, et est en courbe. Nous le contournons sans le voir.
Enfin nous quittons la D902 pour prendre la D200. Elle commence par un beau pont.
C’est beau un pont en maçonnerie comportant 5 grandes arches plein cintre. Il est assez étroit et la chaussée est bordée de garde-corps ferroviaires.
Mais c’est aussi un magnifique site pour pratiquer la pêche toute l'année (2° catégorie piscicole).
Sur les 80 mètres de large du Tarn vous pourrez trouver truite, goujon, vairon, loche, barbeau, chevesne, vandoise, gardon, ablette, sandre, perche, brochet, silure et lâchers de truites.
A un moment on peut voir une grande surface plane et herbeuse sur le côté de la route, un peu aménagée en aire de pique-nique, il s’agit d’une plateforme qui aurait dû recevoir une future gare qui n’a pas été réalisée...
La route se poursuit et nous apercevons le village de Lincou
Deux tunnels s’enchaînent et entre les deux un très beau viaduc routier, la D902 y passe, nous, nous passons dessous ! Nous passerons sur ce pont au retour afin de prendre la route de Réquista.
Le 1er tunnel est le tunnel du Petit Lincou
Il s’agit plus exactement d’une tranchée couverte et non d’un tunnel de percement.
Ouverte en 1920, elle mesure 97 mètres de long, avec une largeur de 4,00 mètres.
Non éclairée, non ventilée
Le tunnel est vite traversé !
Le second tunnel se profile.
Un vrai tunnel de percement de 289 mètres de long, en courbe. Sa largeur est de 4,00 mètres et il est vaguement éclairé... Il a été ouvert en 1926.
Nous sortons et poursuivons la D200 pour arriver au barrage de la Croux.
C’est un des derniers barrages réalisés, il fut construit de 1980 à 1982, hauteur 15 mètres.
C’est dans les années 1890 que les falaises et détroits des Raspes du Tarn attirent les dirigeants de la Société d’énergie électrique de la Sorgues et du Tarn.
Les Raspes sont des défilés encaissés et relativement sauvages, où serpente le Tarn. Ils forment la limite sud du Lévézou et la limite nord du pays Saint-Affricain. Ce territoire très abrupt présente une faune et une flore exceptionnelle et est parcouru par une multitude de cascades et de ruisseaux.
Rapidement, les travaux du projet d’un barrage à Verdalle commencèrent l’été 1910 et s’achevèrent en 1914. La première guerre mondiale démontra l’importance de l’électricité dans divers secteurs de l’économie.
Par conséquent, d’autres projets de constructions de barrages dans la Vallée des Raspes vont suivre, en commençant par le barrage de Pinet en 1925 qui va mobiliser 1500 ouvriers sur son chantier, puis le barrage de la Jourdanie, la centrale du Pouget, le barrage du Truel et enfin, celui de La Croux.
La nationalisation de l’électricité en 1946 engendra par la suite des changements dans les programmes.
Depuis cette année-là, les aménagements et travaux des installations hydroélectriques du territoire sont confiés à EDF.
Un ancien article du journal La Dépêche en parle ainsi.
« ... A la frontière du Tarn et de l’Aveyron, la petite route qui mène au barrage EDF de La Croux serpente à flanc de colline. Longeant le courant du Tarn, une succession de petits tunnels, tellement étroits que deux voitures s'y croisent à peine. Au bout de l'un d'entre eux, campé sur ses piles massives, le barrage se dresse, fournissant chaque année de l'électricité pour alimenter 23 000 habitants.
Le Tarn est la rivière la plus capricieuse d'Europe, tant les crues y sont fréquentes. Mais dans le bâtiment de contrôle de La Croux, on sait comment s'y préparer. Comme les pilotes qui ont leur simulateur de vol, les techniciens d'EDF ont leur simulateur de crue. Déjà présent dans plusieurs barrages, le système « Simba » (simulateur de barrage) se généralise...
Aujourd'hui, c'est Gérard Delpuech qui se met aux commandes. Il est le maître des lieux, où sont postés en permanence trois agents. En période de crue, on peut monter à huit. « Là, on voit la crue monter » explique-t-il, pointant à l'écran le compteur de hauteur d'eau. Dans ce cas, ils doivent ouvrir les vannes. Gérard s'exécute, virtuellement. Pas trop vite, pour ne pas envoyer trop d'eau en aval. Ni trop doucement, sinon, le village de Lincou, un peu plus haut, serait noyé. « Pour s'entraîner, on rajoute aussi des pannes », explique le professionnel. Panne du moteur des vannes, par exemple, ou de l'ordinateur qui calcule automatiquement l'ouverture optimale des vannes. Il faut savoir tout faire à la main.
Quand le Tarn monte, et il monte souvent, les barrages comme La Croux ne peuvent pas contenir d'eau, en tout cas pas très longtemps. Ils n'ont pas l'immense retenue d'un barrage d'altitude... »
Nous aurons l’occasion de reparler du Tarn et d’EDF...
Nous repartons et prenons le dernier tunnel de l’Aveyron.
Il est à l’altitude de 232 mètres. Ouvert en 1921 c’est un vrai tunnel de percement d’environ 195 mètres de long.
Il est en courbe, avec une largeur de roulement de 4,00 mètres, il est non éclairé, non ventilé, interdit aux cyclistes...
Une fois traversé nous faisons demi-tour car la D172, qui est simplement la D200 dans le département du Tarn, ce sera pour une autre balade.
Aujourd’hui nous devons traverser l’Aveyron pour aller dans le Cantal...
Nous connaissons la D172 mais nous ne savons pas si la limite de 1,80 mètre de large a été augmentée à 2 mètres comme sur la D200...
Pourtant les tunnels n’ont pas été élargis !
Mystère auquel je n’ai pas trouvé la réponse...
Suspense jusqu’à notre balade Tarnaise !
Pour le moment nous repartons en sens inverse et, longeant le Tarn, nous retraversons les tunnels...
Le Combradet... Le Grand Lincou... Le Petit Lincou...
Presqu’immédiatement après le Petit Lincou, ou Castellas, nous montons sur le beau pont sous lequel nous sommes passés quelques instants auparavant.
Il supporte la D902 que nous allons suivre pour aller à Réquista...
Fin de la D200 et de l’épisode 1 de cette 2ième journée au temps toujours morose...