Le département de l’Aveyron contient 6 000 km de routes et 97 tunnels ferroviaires dont 54 tunnels en service et 43 tunnels abandonnés, selon l’Inventaire des Tunnels Ferroviaires de France.
Concernant les tunnels routiers il y a 10 tunnels routiers dont 6 dans la vallée du Tarn et situés sur la RD 200 que nous allons parcourir.
Aujourd’hui nous allons en traverser 3 sur ces 6 et demain les 3 autres !
Il s'agit de tunnels ferroviaires utilisés en tunnels routiers. Nous vous racontons leur histoire plus bas...
Il y en a aussi dans la partie Tarnaise de la ligne... Mais ils sont aussi peu larges !
Donc au programme du jour :
Jusque-là rien d’extraordinaire, mais pourquoi sont-ils sont si « angoissants » ?
Tous simplement parce qu’ils sont bien particuliers...
Il y a un sens de priorité, le panneau avec les flèches blanches et rouges, et nous sommes dans le sens rouge... Le sens blanc n’offre pas le même frisson...
C’est parce que la D200 et son tronc commun avec la D902 est une ancienne voie ferrée, dont les rails n’ont jamais étés posés.
Je n’ai pas trouvé mieux pour vous expliquer l’origine de cette route ferroviaire que ces extraits d’articles de spécialistes tirés du site « inventaires-ferroviaires.fr ». Notre documentation ce sont aussi d’anciens numéros de Connaissance du Rail, 1983, et la la revue Voie Ferrée de mars 1994.
La Route Ferroviaire de la Vallée du Tarn est l'un des plus longs et plus beaux parcours routiers de France qui suit le tracé d'une ancienne voie ferrée presque de bout en bout (n° IGRF 81004.04N).
Elle résulte de l'histoire malheureuse d'une ligne restée inachevée mais dont la chance a quand même voulu qu'elle ne soit pas totalement perdue et inemployée.
En effet, du temps où les prouesses des locomotives à vapeur ne permettaient pas de rouler très vite, la seule façon de gagner du temps consistait à essayer de raccourcir les parcours au maximum.
Ainsi fut envisagé dès 1875 un vaste projet visant à relier Toulouse à Nîmes via la vallée du Tarn, Saint Affrique, le causse du Larzac et le Vigan. Malgré son profil accidenté, cet itinéraire aurait permis de gagner un kilométrage appréciable par rapport au détour par Narbonne et la côte méditerranéenne.
Mais vingt ans plus tard, alors que le projet prend forme de part et d’autre de Tournemire, vers Saint Affrique et le Vigan, rien n’est encore entrepris au départ d’Albi. Les forges du Saut du Tarn proposent alors une subvention à l’Etat pour permettre la construction d’une voie ferrée entre Albi et leur usine sidérurgique de Saint Juéry. Cet encouragement aboutit à l’ouverture d'un embranchement particulier de 10 km de long qui sera mis en service fin 1899.
Mais il faudra encore attendre 1904 pour que les dix lots de chantiers jusqu'à Saint Affrique soient enfin attribués.
Les travaux avancent lentement et la première guerre mondiale viendra en entraver le cours, contraignant à l’embauche de main d’œuvre étrangère et à l’emploi de prisonniers allemands qui ne feront pas montre d'un zèle extraordinaire.
Puis, après-guerre, les travaux reprendront mollement en raison d'autres urgences et du développement des transports routiers, si bien que le projet sera mis en sommeil dans les années trente en l'attente de jours meilleurs qui ne viendront jamais.
C'est ainsi que la section Saint Juéry > Saint Affrique ne verra jamais de rails...
En 1938, la SNCF est créée, elle se désintéresse des petites lignes et en 1941, la ligne est déclassée.
63 700 000 francs de l’époque auront été dépensés pour une ligne qui n’aura jamais connu les rails...
Mais elle deviendra par la suite la superbe route touristique que nous connaissons dans le cadre grandiose de la vallée du Tarn, D200 et D902 côté Aveyron, D172 côté Tarn.
La route se superpose exactement au tracé ferroviaire sur les deux tiers de sa longueur. Pour le reste, elle longe de très près l'ancienne plateforme abandonnée.
Elle emprunte de nombreux ponts et tunnels.
Mais attention, sa fréquentation est assez délicate car la voie ferrée aurait dû être en voie unique et la route est donc étroite. Les croisements n'y sont pas toujours faciles...
Par ailleurs, les cyclistes devront être extrêmement prudents et surtout bien équipés pour être visibles dans les tunnels non éclairés. Mais la plupart des tunnels leurs sont interdits... De même qu’aux piétons...
Moyennant quoi cette route offre un parcours ferroviaire d'une richesse peu commune dont la suite est la voie verte Sainte Affricaine réservée aux mobilités douces.
Vous l’avez compris, nous roulons à la place de trains !
Cette « ligne » d'Albi à Tournemire dite "des Rougiers" mesure dans le département de l'Aveyron environ 36 kilomètres. Il faut noter que pour la partie Tarn elle sera également transformée en route sous l’appellation D172.
Mais nous vous parlerons de la partie Tarnaise, encore plus "angoissante" dans un futur article...
Pour la partie aveyronnaise, à l’époque, les travaux d'infrastructure sont évalués à 11 800 000 francs et ceux de superstructure à 2 700 000 francs, ce qui porte la dépense kilométrique à :
Il faut également préciser que tous les tunnels n’ont pas été convertis en usage routier. Ceux qui ne furent pas utilisés sont plus ou moins dégradés et abandonnés. Ils servent pour les randonneurs et les VTTistes mais certains sont interdits car en trop mauvais état...
Autre point délicat c’est que tous ces tunnels ont différents noms... Parfois 3 noms pour un même tunnel, donc nous indiquons tous les noms pour mieux les situer. Nous avons également fait un petit tableau récapitulatif sur la praticabilité en voiture des tunnels, ou l’impraticabilité !
Cette ancienne ligne comportait une multitude d’ouvrages d’arts et constructions. L’Etat a donc tout financé pour 65 millions de francs de l’époque, toute la ligne, sauf les rails !
Sur le parcours on trouve des ponts, des maisons de gardes-barrière, des garde-corps type voie ferré et non des glissières de sécurité, ...
Voici les caractéristiques pour quelques ouvrages d’art, dans l’ordre de notre parcours :
Nous l’avons pris dans le sens non prioritaire, flèche rouge...
Pont au-dessus du Dourdou de Camarès.
Beau pont en maçonnerie de grès rose-rouge, les garde-corps sont de type « ferroviaire »...
Il marque la sortie des Terres Rouges autre nom du Rougier de Camarès.
Tunnel de 474 ou 453 mètres selon les sources, le panneau à l’entrée indique, lui, 440 mètres.
Il est légèrement courbe.
Il a été construit entre 1911 et 1913. Ce sont les dates figurant sur les plaques « clef de voûte » posées aux dessus des entrées/sorties.
Nous entrons par le côté « 1913 ».
Tous les tunnels dont nous parlons dans cet article sont donnés pour 3 mètres de gabarit maximum et selon certaines sources ils font au maximum 4,50 mètres de large mais nous n’avons pas vérifié cette mesure...
Ils ne sont pas ventilés, ni éclairés.
A priori nous l’avons pris dans le sens non prioritaire, flèche rouge...
Il passe au-dessus du Tarn. Toujours très étroit mais il a quelques petits élargissement « refuges » pour les piétons, et toujours les garde-corps «ferroviaires »...
Le pont de Broquiès a une architecture voisine de celui de Bouisse décrit plus bas. La différence étant que ses deux travées centrales sont encadrées par deux avant ponts en maçonnerie comportant chacun 3 arches plein cintre.
Nous l’avons pris dans le sens non prioritaire, flèche rouge...
Il a été ouvert à la circulation en 1927. Mais la plaque « clef de voûte » indique 1915, probablement la date de sa construction.
C’est un tunnel courbe, de 244 ou 227 mètres selon les sources et 230 mètres selon le panneau sur place....
Pas d’indication de priorité.
C’est un tunnel courbe, de 438 ou 440 mètres, 440 sur le panneau, mis en service en 1923.
C’est le seul autorisé aux cyclistes et c’est le seul de la journée avec des feux tricolores !
C’est donc le tunnel le plus rassurant du jour
Pont de la Bouisse ou de Couffoulens
Il passe bien au-dessus du Tarn. Toujours avec les maigres garde-corps ferroviaires...
Le pont de la Bouisse comporte un avant pont en maçonnerie comptant 3 arches plein cintre auxquelles font suite deux grandes travées métalliques en treillis reposant sur une pile centrale.
Nous sommes dans le sens prioritaire, flèche blanche.
La voiture Google est passée partout ! Bravo !
Donc en mode Google Street View vous entrez le point de départ : 43.9872558, 2.7001297 et indiquez le point d’arrivée : Brousse le Château et en mode itinéraire de Google Street View suivez la D200 !
Par contre les passages dans les tunnels donnent de jolies images roses... Nos photos sont plus réussies...
Au sujet des photos
S’il y a beaucoup de photos de tunnels dans l’article il n’y en a pas de Z...
En effet, d’une part il faut rester bien concentré sur la conduite sur ce type de route et d’autre part il n’y a pas beaucoup d’endroits photogéniques où l’on peut stationner facilement sans gêner la circulation...
Car il y avait un peu de monde sur la route, peu de touristes pour un mois de juillet mais des « locaux » pressés et/ou habitués car roulant (trop) vite...
Fin de cet épisode, 3 tunnels de passés sur cette D200, demain 3 autres au programme !