Nous quittons donc la D25 et prenons la D60 pour entrer dans le village...
Situé à 265 mètres d'altitude dans un méandre du Dourdou, le village se trouve au cœur du Rougier de Camarès.
C’est une commune rurale d’environ 300 habitants.
Le site est occupé depuis le néolithique (présence de statues-menhirs), et au Moyen Âge le village fut fortifié, et dominé par un château épiscopal. Nous y reviendrons car ce qui saute aux yeux en arrivant à Saint Izaire, c’est son pont qui franchit le Dourdou de Camarès.
Cette rivière coule dans les départements de l'Hérault, de l'Aveyron et du Tarn. C'est un affluent du Tarn en rive gauche, donc un sous-affluent de la Garonne.
Le Dourdou de Camarès, d'une longueur totale de 86,8 km, prend sa source dans la commune de Murat-sur-Vèbre et se jette dans le Tarn à Saint-Izaire, après avoir arrosé 13 communes.
Il a une eau claire et poissonneuse qui peut virer vers une couleur rouge ocre lors de gros orages. Elle traverse des zones géologiques riches en argile ferrique et collecte les eaux de pluie chargée de cette couleur ocre. Le Tarn qui reste clair par beau temps est donc coloré par les eaux du Dourdou lors des fortes pluies.
Nous avons vu des photos après des orages et c’est étonnant ce mélange de couleurs à la confluence.
Mais pour traverser le Dourdou un pont est indispensable... Voici l’histoire du pont actuel.
Le pont de Saint Izaire est un ouvrage en béton armé qui permet à la RD60 de franchir le Dourdou dans le village de Saint Izaire.
Il s’agit d’un ouvrage imposant de 67 mètres de portée, construit en 1931/1932 suite à une crue dévastatrice du Dourdou qui avait emporté l’ouvrage historique.
En effet, au début du mois de mars 1930, il se produisit une crue d’importance exceptionnelle dans tout le Haut-Languedoc. Sur un bassin aux sols saturés par les pluies de l’hiver et portant encore une couche de neige importante sur les sommets de l’Espinouse et des Monts de Lacaune, une pluie méditerranéenne intense et longue, marquée par deux paroxysmes violents et étendus, s’abattit du 1er au 3 mars 1930.
Cet évènement va être, jusqu'à l'épisode de 1982, la crue de référence pour l’ensemble de l'UHR Tarn-Dourdou-Rance.
Le pont existant datant probablement des années 1850 fut détruit par la rivière...
D’où la construction en 1931 du pont actuel, un pont en béton armé de type bow-string bridge, littéralement « pont à corde d'arc ».
Mais les inspections détaillées, réalisées tous les cinq ans, ont mis en évidence des désordres de surfaces et structurels qui s’aggravaient inexorablement. Des investigations sur les bétons, les armatures et la peinture ont été réalisées.
Un projet de réparation a été finalement décidé, il comprenait :
Outre le désamiantage, l’enjeu principal du projet résidait dans le renforcement du tablier nécessaire au maintien du trafic lourd sans limitation de charge. Cela a imposé de modifier les conditions de circulation des véhicules comme des piétons.
Cette opération de sauvegarde, complexe et couteuse, environ 5 millions d’euros, a été indispensable pour garantir la pérennité de l’ouvrage et la sécurité des usagers.
La construction d’un nouvel ouvrage a également été envisagée mais non retenue. En raison des bâtiments existants et de la zone d’expansion des crues, cet ouvrage aurait présenté une longueur supérieure à 160 m. Son coût aurait été de l’ordre de 9 millions d’euros en incluant la démolition du pont actuel et son désamiantage préalable.
Mais cette décision de ne pas construire un nouveau pont a déçu les habitants car ils espéraient un pont neuf, longiligne, permettant de mettre en valeur le patrimoine de Saint-Izaire...
Il est vrai que ce pont des années 30 n’est pas particulièrement discret... Vous jugerez sur les photos !
Et son fonctionnement avec des feux tricolores n’est pas très pratique...
Auparavant il y avait une double voie dont la largeur a été réduite à 3,60 m pour n’accueillir qu’une seule voie à sens unique, donc gérée par des feux tricolores...
Une fois le pont franchi nous continuons la route qui monte vers l’imposant château.
Le château fut la résidence d’été des abbés, puis des évêques de Vabres, mais il fut aussi leur refuge pendant les troubles du chapitre et surtout pendant les guerres de Religion, à tel point qu’il fut question d’y transférer le siège de l’évêché. Le bâtiment a été reconstruit vers 1416 par Guillaume Bastide, évêque de Vabres et, au milieu du XVème siècle, Louis de Baradat (1675-1695) en remania les ailes ouest et sud. Ce fort impressionnant semble avoir dissuadé les ennemis de toute attaque : en 1568, M. d’Acier avec 7 000 calvinistes obligea François de La Valette à s’y réfugier, mais n’alla pas plus loin. Celui-ci y fit sa résidence et y décéda (mai 1585). Des peintures murales ornent la chapelle, les murs et les plafonds du logement des évêques.
Depuis sa fondation jusqu’à sa suppression en 1789, 24 prélats se succédèrent sur le siège épiscopal de Vabres, dont François de la Valette Cornusson (1562-1585) frère du fameux Jean de la Valette, qui à la tête de 700 chevaliers, défendit vaillamment l’ile de Malte contre l’armée turque. La capitale porte, aujourd’hui, son nom : La Valette.
L’imposante masse du château ne laisse pas deviner le raffinement de certains éléments de son décor intérieur. Résidence d’été des évêques de Vabres l’Abbaye, cet édifice conserve en effet quelques traces de l’époque où les évêques avaient le même mode de vie que les grands seigneurs.
Le château se présente comme une masse quadrangulaire de grès rouge, d’où émerge un donjon tronqué. Un tableau de la fin du XVIIème siècle nous montre l’édifice avec un donjon deux fois plus haut qu’il n’est aujourd’hui, couronné d’un chemin de ronde crénelé et d’un toit à quatre pentes.
Ce sont les sœurs de Saint Joseph de Lyon venues s’installer au château au milieu du XIXème siècle qui ont dû faire abattre les parties hautes qui menaçaient ruine. Les archives manquent pour connaître précisément l’histoire du château. Les transformations effectuées aux XVIIème et XIXème siècles rendent difficile la compréhension des différentes étapes de la construction mais trois ensembles encore cohérents peuvent être isolés :
Nous nous contentons d’un tour extérieur car l’accès est fermé. La vue sur le village, le Dourdou et la campagne environnante est superbe.
En premier plan nous voyons une église.
« L’église de Saint-Izaire est dédiée à saint Aredius, saint limousin qui fut chancelier de Théodebert, roi d’Austrasie. Elle fut donnée à l’abbaye de Vabres en 861.
A l’origine, l’église était intégrée à l’enceinte du village. Elle a été démolie entre 1887 et 1890, et ses matériaux ont servi à la construction de la nouvelle église consacrée en 1891.
Près de la porte de la sacristie, on peut y voir un panneau de bois consacré à la mémoire de François 1er de La Valette-Cornusson par Louis de Baradat en 1679...».
Une fois le tour de l’église effectué nous redescendons vers le centre du village et reprenons le pont.
Avec un certain regret de n’avoir pas trouvé des bouteilles de vin blanc à goûter car nous avons appris qu’ « au XVIIIème siècle, le pays était réputé pour ses vignobles et la qualité de son vin blanc. »...
L'Aveyron blanc est un vin blanc tranquille produit dans la région viticole de l'Aveyron. Administrativement, l'Aveyron blanc peut être produit dans 304 communes du département.
Son terroir bénéficie d'un climat méditerranéen ou supra méditerranéen et de sols schistes et granites.
Les cépages principaux qui rentrent dans la composition du vin Aveyron blanc sont le Chardonnay B et le Chenin B.
Enfin, l'Aveyron blanc possède le label européen IGP, Indication Géographique Protégée.
Nous repassons le pont et avançons sur la D25 avant que Z ne se prenne pour une locomotive sur la D200...
Fin de l’épisode 5 sur 7.