De Nauviale nous quittons la D901 pour prendre la D22, la direction de Villecomtal, nous allons longer les méandres de la rivière le Dourdou de Conques.
Nous quittons la région du Rougier de Marcillac pour entrer dans celle du Ségala de Conques.
Nous ne croisons pas de cyclistes alors que nous sommes censés partager le parcours de la Véloroute 86. Il faut dire que nous ne sommes pas un week-end mais un lundi et que le temps est morose...
La route est très sympa, nous bifurquons pour prendre la D548 en direction du château de Pruines.
La route tourne un peu... Mais personne à part nous !
Nous arrivons à Pruines. Nous traversons ce joli petit village à la recherche d’un lieu pour pique-niquer...
Et nous trouvons un joli coin avec une table installée au pied d’une Croix, Jubilé 1881, sur laquelle figure un repère NGF de l’IGN. Nous pouvons donc vous dire que nous étions exactement à 447 mètres d’altitude !
Une fois restaurés nous allons voir Pruines de plus près.
« Pruines est une commune de 300 habitants, par son exposition, Pruines bénéficie d’un climat agréable favorisant la production des arbres fruitiers, très présents sur son territoire.
D’ailleurs le nom de Pruines serait une formation latine, dérivant d'un arbre fruitier, le prunier (prunus)...
Le patrimoine paysager, avec ses vallons, coteaux, forêts et lignes de crêtes, offre un cadre de vie riche et préservé. Son patrimoine architectural, avec ses bâtisses en grès rose, lui confère une identité remarquable. ».
Sur le territoire de la commune les traces précoces de vie sont nombreuses : dolmen, fanum, four tuilier, voie antique, sites sidérurgiques, vestiges de mines gallo-romaine sur les hauteurs, sarcophages mérovingiens dans la vallée.
Le plus ancien écrit concernant la localité de Pruines est une pièce du cartulaire de Conques datant probablement de 1040...
Au XIIIème une famille seigneuriale prend le nom de « Pruhines » et s’y installe pour deux siècles, mais après les épisodes difficiles de la guerre de religion qui conduit à l’exécution de 60 prêtres, la seigneurie de Pruines est acquise en 1631 par la famille de Bancalis. A l’origine simples notaires de Muret le Château l’ascension des Bancalis est fulgurante : la baronnie de Pruines donne accès aux Etats du Rouergue et en 1654 une alliance avec la famille d’Orléans de Rère conforte leur position de noble. Plus tard, un des fils surnommé « le Chevalier de Pruynes » activiste acharné contre la révolution, est parmi les ultra-royalistes les plus recherchés du pays.
Au XIXème siècle le duc de Cazes obtient la concession des mines de fer du Kaymar, la population atteint 1235 habitants, c’était alors un des plus gros bourgs de la région. L’élevage, la production de lait et de fruits sont ses points forts, qui perdurent jusqu’à nos jours.
Après une perte drastique de population tout au long du XXème siècle, les tendances sont maintenant inversées, les demandes de permis de construire ont été nombreuses ces vingt dernières années, l’école de Pruines est bien remplie ce qui indique que l’on vient à nouveau s’installer à Pruines pour y puiser une certaine douceur de vivre.
De toute son histoire le village a su conserver son cachet ou le grès rose imprègne cette gaieté remarquée par les visiteurs. ».
Depuis 7 à 8 siècles il y a toujours eu une maison seigneuriale à Pruines. L’édifice actuel date du XVème siècle il est bâti en grès rose (la pierre locale) et il est constitué de plusieurs parties : un bâtiment principal, une tour et l’écurie.
Après plusieurs propriétaires et quelques aménagements le château est vendu à la municipalité de Pruines au début du XXème siècle. Elle y installe la mairie ainsi que l’école publique de 1917 à 1954. En 1974 il quitte la propriété de la commune pour celle de particuliers. Il a été depuis largement rénové et restauré. Il a hébergé successivement une auberge de jeunesse, gîte d’étape du GR62, des stages de sculpture, tissage et fonderie d’art et plus récemment une collection de poteries anciennes et des cuivres magnifiques. Il est malheureusement maintenant fermé au public.
Donc vous ne verrez qu’une photo que de l’extérieur...
Quelques mots sur l’église, fermée elle aussi !
Pruines a probablement toujours eu une chapelle ou une église. En observant l’édifice actuel en grès rose on lit dans la maçonnerie qu’il fut agrandi à trois reprises afin d’accueillir une population toujours croissante jusqu’à la fin du XIXème siècle (en 1876 il y avait 1235 habitants).
La base du bâtiment se situe dans le chœur de l’édifice actuel avec une orientation classique Ouest-Est. Au XVème siècle un premier agrandissement est venu dans cette configuration avec une chapelle latérale au nord, devenue depuis la nef de l’église et qui du fait de deux arcs en ogive put supporter le clocher qui a été remanié une première fois au XVIIème siècle. C’est sans doute lors de cette première fois que la nef actuelle fut dessinée modifiant l’arête générale dans une direction nord-sud (l’église de Pruines est dite d’orientation inversée). Mais c’est au XIXème siècle que les changements seront les plus importants : construction de la chapelle de la Vierge (ou du rosaire) à gauche, de la chapelle saint Roch à droite (1875), construction de la tribune (1840). La sacristie (1862) a été installée en lieu et place de la chapelle Ste Marthe qui appartenait à la famille seigneuriale de Pruines et en 1890 il y a eu réfection du fameux « clocher à peignes » qui abritait quatre cloches jusqu’à la révolution (trois furent enlevées en 1793) et en comporte trois maintenant. La plus petite d’entre elles est la plus récente ; elle porte l’inscription suivante « A fulgure et tempestate, libera nos Domine » (de la foudre et de la tempête, libérez nous Seigneur)…. Il est vrai que l’on sonnait ardemment les cloches de Pruines lorsque les orages de grêle menaçaient...
Les textes précédents ont été inspirés de «Pruines et Prunols» par J. Mazars et F. Rolland, 2004, édité par «Les amis de Pruines». Après une hésitation nous poursuivons sur la D548, une charmante route dans les bois...
Nous repartons et retrouvons la D22 à destination de Villecomtal.
Toujours une route agréable au milieu de bois. Nous traversons le hameau de Garibal et arrivons à la D904.
Nous la prenons et remontons vers le nord.
Traversée de Villecomtal, « Petite Cité de caractère ».
Nous remarquons surtout une banderole indiquant « manche de quilles de 8 » !
Voici quelques explications...
Nous ne connaissions pas mais c’est du sérieux !
Depuis 2012, cette pratique est inscrite à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.
Vous trouverez toutes les infos sur le Site Officiel du Comité National des Quilles de Huit :
https://www.quillesdehuit.org/HistoireSituation.awp
Le sport de quilles de huit est une évolution des anciens jeux à neuf quilles.
C'est dans la région d'Espalion en Aveyron que les joueurs avaient pris l'habitude de « prendre quille », c’est-à-dire de prendre une des neuf quilles « debout » pour la frapper avec la boule et renverser les 8 autres.
Les quilles de huit constituent la deuxième discipline sportive dans l’Aveyron (après le football) et comptent près de 4 500 licenciés en France.
Dont certains à Paris !
« Au même titre que les banquets d’amicales ou les bourrées, la quille est un des traits identitaires de la communauté Aveyronnaise parisienne. Ce sport a d’ailleurs été codifié par les Aveyronnais de Paris en 1912 qui ont eu l’idée de retirer une quille du jeu et de s’en servir pour dégommer les autres en la frappant par la boule. ».
Nous regarderons sur You Tube des parties (acharnées) de quille de 8 !
Nous traversons la ville, la route bordée de ces belles maisons en grès rouge ou rose. Nous regrettons que le soleil ne soit pas plus présent pour magnifier les nuances de la pierre...
Toujours sur la D904 nous apercevons des panneaux indiquant une cascade. Nous décidons de nous arrêter.
Comme tous les causses, le causse comtal, qui doit son nom aux comtes du Rouergue, est un territoire d'une altitude assez élevée dont le sol est calcaire. Il présente un environnement karstique typique. Les résurgences les plus connues se trouvent à Salles-la-Source, voir l’épisode précédent, et également à Polissal.
C’est une très belle cascade et un beau point de vue sur la vallée et les gorges de Villecomtal. On aperçoit également, juste en face, la chapelle Saint-Blaise de Servières, chapelle qui est inscrite au titre des monuments historiques depuis 1992.
Certains la classe dans les plus belles cascades aveyronnaises, d’autres indiquent « À voir si vous passez par là mais ne faites pas le détour exprès... ».
Nous, nous avons bien apprécié le site mais ce qui nous a le plus intéressé c’est... L’auberge de la cascade !
Mais ce que nous avons appris sur cette auberge nous a fait regretter de ne pas l’avoir su plutôt...
Crée en 1921 par les grands parents de l’actuelle propriétaire, ce petit café de campagne a connu maints aménagements pour devenir ce qu’il est aujourd’hui.
« Un commerce de proximité accessible à tous, niché dans un cadre idyllique avec son ruisseau et sa célèbre cascade qui vous accueille en toute simplicité. ».
Il en est ainsi depuis trois générations. Depuis que Marie Pons a ouvert ici, à deux pas du mythique pic de Kaymar, un café casse-croûte dans le seul but de servir de relais pour les gens du plateau (Lunel, Sénergues et Campuac) et ceux de la vallée du Dourdou.
Sur la lancée, sa belle-fille Éliette, à partir de 1966, rejointe en 1991 par sa fille Laurence, aujourd'hui seule aux commandes, n'ont eu de cesse d'entretenir la flamme et de l'améliorer. Ce faisant, cent ans plus tard, l'Auberge de la Cascade à Polissal est classée parmi les grandes références de la gastronomie purement aveyronnaise. Il suffit de se rendre dans ce lieu privilégié perché à 5 km au-dessus de Villecomtal, en direction d'Entraygues, pour s'en rendre compte.
Entre 12 heures et 14 heures, rares sont les jours où le vaste parking attenant n'affiche pas complet. Édifiant ! Se pressent à l'étage de cette vénérable enseigne de campagne : ouvriers, familles et groupes divers (3e âge, touristes, motards, cyclistes, etc.).
L'Auberge de la Cascade est d'ailleurs devenue un point de passage obligé pour les nombreux autocaristes en visite dans la région.
Il faut dire que Laurence Bony ne mégote pas pour attirer les gourmets et les inviter à revenir. Site Internet, label «Tourisme et handicap», salle d'animation multifonction (karaoké, danses, cartes, etc.), salle de 80 personnes, véranda de 25 couverts, terrasse d'été, aire de stationnement accolée et surtout cuisine traditionnelle aveyronnaise : tout est fait «à Polissal» (sic) pour que le client arrosé d'égard baigne en plein bonheur.
À commencer par les spécialités phares de la maison que sont l'estofinado (d'octobre à fin avril), le chevreau à l'oseille (de mars à juin) et, toute l'année, la tête de veau. Tous mitonnés par la seule et volubile Laurence. Maître ès pâtisserie également à ses heures avec ses tartes, clafoutis, flancs, crèmes brûlées, génoises aux différents fruits, confitures.
En authentique bastion et fleuron de la cuisine rouergate de terroir, Polissal c'est aussi, à la demande, les farçous, la poule farcie et les pascades, eux aussi élaborés à partir de produits locaux. Les œufs et les volailles proviennent de chez Quintard à Saint-Félix-de-Lunel, à 3 kilomètres, la viande des charolais de Francis Pons, le propre frère de Laurence, les légumes et les fruits du jardin de la patronne ou de chez Pouget à Pruines, à moins de 10 km, les pommes de terre pour l'estofinado («mais pas l'aligot que je laisse à d'autres plus au nord») de Moyrazès.
Vous comprenez maintenant pourquoi nous retournerons voir la cascade de Polissal, vers midi, midi trente...
Il est temps de reprendre la route, toujours en direction du nord, vers Entraygues sur Truyère, fin de l’épisode 3 !