D904 vers Entraygues... Route de rallye mais aussi aux tragiques évènements...

Donc le soleil ne se montre toujours pas... Vous le constaterez sur les photos...

Ce n’est pas grave car nous circulons sur une route que nous connaissons bien et nous avons prévu d’y retourner dans un mois...

Cette route c'est la D904, que nous allons suivre dans cet épisode.

Quelques kilomètres après la cascade de Polissal et son auberge nous passons devant une stèle liée à la seconde guerre mondiale...

Malheureusement il y en a beaucoup en Aveyron, terre de résistance et de combats, notamment pour libérer la région...

La stèle de Lagarrigue

Cette stèle est installée à l’endroit même où Jean-Jacques Anquetin, un tout jeune résistant de 19 ans, engagé depuis peu dans la Résistance, originaire de la région parisienne, a été abattu le 16 août 1944 par les balles allemandes.

Ce monument a été élevé à l’instigation de René Carmarans et des habitants du hameau de Lagarrigue, qui fut le théâtre d’un affrontement entre le Maquis Fred et une colonne allemande venant de Rodez...

« Le 15 août, le capitaine Fred prépare une embuscade au niveau de Villecomtal. L’accrochage avec la colonne ennemie a lieu aux abords de Lagarrigue. Le Maquis peut se replier, mais Jean-Jacques Anquetin, 19 ans, est abattu. Pour venger leurs blessés, les Allemands encerclent Lagarrigue, mettent le feu à plusieurs granges et rassemblent les habitants afin de les fusiller. Heureusement, un officier de la Wehrmacht donne l’ordre aux SS de libérer la population. Un autre Oradour-sur-Glane venait d'être évité… ».

Nous reviendrons sur cette histoire un peu plus bas dans cet article...

Nous continuons sur la D904 et arrivons au carrefour avec la D42. Il correspond approximativement au départ de la deuxième épreuve spéciale du rallye Aveyron Rouergue Occitanie de l’an dernier.

Le rallye Aveyron Rouergue Occitanie

Le Rallye du Rouergue, cinquième manche du championnat de France des rallyes asphalte, c’est disputé du 6 au 8 Juillet 2023. Le 49e Rallye «Aveyron Rouergue Occitanie» représente un parcours de 647,17 km comportant 12 épreuves spéciales d'une longueur totale de 205,60 km.

Nous avons parcouru l’intégralité du rallye l’été 2023...

Mais 15 jours après les voitures de course et... À un rythme légal !

Voir nos articles :

https://z4du34.com/2023/07/cover-du-rallye-aveyron-rouergue-1ere-partie.html

Et

https://z4du34.com/2023/07/cover-du-rallye-aveyron-rouergue-partie-2.html

Nous arrivons à une autre stèle sur le belvédère de la Boriette.

La stèle de la Boriette

Ici aussi ce monument rappelle l’histoire...

Ce monument a été édifié à la mémoire de trois maquisards tombés le 16 août 1944. Il est lié à la stèle que nous avons évoquée plus haut.

Voici un résumé des évènements...

« Le 16 août 1944, une colonne de troupes d’occupation (vingt-quatre véhicules, cent-cinquante hommes) de Rodez quitta la ville, tôt le matin, en se dirigeant vers le nord par Villecomtal et Entraygues afin de gagner le Cantal. Sur la commune de Campuac, au lieu-dit Lagarrigue, près du hameau de Nacoulorgues, la route avait été obstruée par des troncs d’arbres et endommagée par l’explosion de mines, ce qui retarda la colonne. Elle fut attaquée un peu plus loin sur le territoire de la commune de Golinhac par un détachement du maquis Fred (Cantal) qui perdit un de ses membres, Jean-Jacques Anquetin. Les Allemands eurent des blessés. Ils pillèrent des fermes avoisinantes, menacèrent de fusiller douze otages, notamment à Nacoulorgues, mais les officiers annulèrent l’ordre.

Ayant entendu depuis Entraygues les coups de feu de l’affrontement, Albert Castanié décida d’effectuer une reconnaissance. Il prit, avec trois FFI de la localité (Monminoux, Souquet et Salvy), la direction de Villecomtal dans une automobile. Sur la montée sinueuse, une pluie fine et un épais brouillard empêchaient de voir la colonne allemande qui avançait dans la direction opposée. Ses éléments avancés (une auto-chenillette), tirèrent sur le véhicule de Castanié. Ce dernier, couché derrière son véhicule tirait sur les Allemands. Criblé de balles et touché en plein cœur, il succomba rapidement. Son cadavre fut mutilé puis replacé dans la voiture sur laquelle des Allemands versèrent de l’essence afin de l’incendier. Son corps fut retrouvé deux heures plus tard par sa femme alertée par les survivants de l’embuscade. Il fut ramené à Entraygues. L’acte de décès fut dressé le lendemain par le maire de la commune.

Ces tirs atteignirent également un sidecar qui accompagnait l’automobile de Castanié avec deux autres résistants d’Entraygues, Barascud et Cassan. Barascud, alias "Vidal", fut tué d’une balle dans la tête. Le survivant, Cassan, alerta les résistants du bourg qui coupèrent la route en la faisant sauter sur une longueur de trente mètres environ. Salvy et Souquet furent blessés. Ils purent sauter de la voiture et s’échapper. Ils furent rejoints par Monminoux, indemne.

La colonne allemande rebroussa chemin vers Rodez. Elle fut alors attaquée par le maquis FTPF des Bessades du capitaine Joseph Mach qui lui infligea des pertes sévères. Les Allemands réussirent à se dégager en étant obligés d’emprunter un itinéraire détourné par Mouret. Au passage, ils fusillèrent trois civils capturés à la Rouillade (commune de Mouret) : René Delrieu (dix-huit ans), Pierre Vigouroux (cinquante-huit ans), Michel Battedou (soixante-trois ans). Elle fut encore harcelée plus loin, sans trop de dégâts par un groupe d’Espagnols de l’AGE venus de Firmi (bassin houiller de Decazeville)... ».

Le monument porte trois inscriptions dédiées à chacune des trois victimes. Celle qui perpétue la mémoire d’Albert Castanié se trouve sur la face visible depuis la route. Sur une autre face figure l’inscription en l’honneur de "Vidal dit Barascut" et sur la 3ième face est inscrit le nom de Jean-Jacques Anquetin...

Le site offre une vue dominante sur la ville d’Entraygues sur Truyère.

Entraygues sur Truyère

Nous en avons déjà parlé dans cet article :

https://z4du34.com/2023/07/cover-du-rallye-aveyron-rouergue-partie-2.html

Et nous avons prévu d’y revenir dans un mois... Il y a beaucoup de belles routes dans le coin...

Aujourd’hui l’arrivée sud sur la D904 est très belle, mais l’arrivée par la D920 est sympa aussi...

Les arrivées et aussi... Les départs ! Ce sont d’importantes pentes aux beaux virages...

Bref, nous n’allons parler aujourd’hui que de 2 sujets, le pont Gothique, en centre-ville et le pont-barrage-centrale hydroélectrique EDF de Cambeyrac qui se trouve lui à la sortie de la ville.

Le pont Gothique ou pont Vieux

L'archevêque de Bourges, Jean de Sully, autorise en 1269 la construction d'un pont sur la Truyère à Entraygues. Le pont est mis en service en l'an 1340. En 1388, pour protéger Entraygues des routiers, « le comte d'Armagnac laisse couper le pont ».

En 1524, l'édifice fait l'objet de réparations et il est restauré en 1680.

Le pont est classé au titre des monuments historiques depuis le 16 septembre 1927.

Il fait l'objet d'une restauration complète entre 2017 et 2019.

Aujourd'hui réservé aux circulations douces, il était jusqu’en 2010 emprunté par la route nationale 120 qui fut déclassée en route départementale 920. Elle reliait  Entraygues-sur-Truyère à Aurillac. Celle-ci emprunte désormais le barrage de Cambeyrac, 750 mètres en amont.

Nous avons pu remarquer la présence de projecteurs car le pont est désormais équipé d'éclairages le rendant visible de nuit...

Nous poursuivons et arrivons sur la D34 qui est un petit prélude à notre retour sur la D904 pour gagner Mur de Barrez.

Pour cela nous traversons la Truyère grâce à la route sur le barrage.

Le pont-barrage-centrale hydroélectrique EDF de Cambeyrac

Le barrage de Cambeyrac sur lequel nous passons est aussi une installation hydroélectrique, c’est la plus en aval de la rivière.

Sa retenue, longue de six kilomètres commence quelques centaines de mètres en aval du barrage de Couesques. Alimentée par la Truyère, la retenue reçoit également les eaux de ses affluents le Goul et la Selves et d'une douzaine de petits ruisseaux. Elle baigne Entraygues-sur-Truyère et deux autres communes en amont : Campouriez et Saint-Hippolyte.

EDF réalise la conception du projet puis demande la réalisation du chantier en 1951 à l'État. Les travaux préalables sont effectués en 1953.

La construction du barrage de Cambeyrac commence en 1954, pour une mise en service en juillet 1957.

Quelques données techniques :

• hauteur : 14,5 mètres
• longueur : 130 mètres
• deux turbines de type Kaplan
• puissance installée 15 MW
• volume du réservoir : 2,7 millions de m3
• superficie du réservoir : 23,4 hectares

Le pont-barrage passé, nous jetons un dernier coup d’œil à Entraygues et son pont avant de continuer en direction de Mur de Barrez...

Fin de cet épisode 4 !