Nous arrivons au bout du village où trône une imposante église.
Nous prenons quelques photos, toujours personne pour nous gêner !
Classée au titre des Monuments Historiques depuis 1924 cette église fut bâtie entre le bourg castral dominé par la forteresse et le quartier de la Pause où logeaient les pèlerins.
À cet emplacement, se succédèrent deux édifices de cultes antérieurs, l’un d’origine wisigothique, et le second d’époque romane, dédié à saint Martin. Au lendemain de la reconquête de la région par les troupes catholiques, l’autorité royale décida d’y construire une nouvelle église réaffirmant le culte catholique sur la doctrine cathare.
Les dissidents najacois durent financer l’édification de ce nouveau lieu de culte voire travailler eux-mêmes sur le chantier pour se racheter une conduite vis-à-vis de l’Eglise de Rome. En effet, nombre d’entre eux ne reconnurent pas l’autorité francilienne et furent condamnés par les Inquisiteurs à faire pénitence et à payer de fortes amendes. L’un des consuls de la cité, Huc Paraire, fut même brûlé vif en place publique pour hérésie.
Construite sur un énorme bloc de schiste, l’église fut édifiée sur un grand puits de plus de 6 mètres de profondeur qui permettait à la population de s’abriter à l’intérieur et de s’alimenter en eau en cas de siège.
Dirigés par les Dominicains, les travaux furent réalisés par l’architecte bourguignon Bérenger Jornet, entre 1258 et 1280, et se prolongèrent au début du XIVème siècle par la construction du clocher et la pose des vitraux dont les plus anciens sont ceux de la rose occidentale.
Consacrée en 1363, l’église était flanquée d’une porte faisant initialement partie de l’enceinte urbaine et était accessible par un portail au nord, surmonté d’un Christ en Croix d’époque romane, primitivement couvert d’un ouvrage charpenté formant préau.
Caractéristique de l’architecture gothique méridionale, dont la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi, l’église des Jacobins de Toulouse et la collégiale Notre-Dame de Villefranche-de-Rouergue sont de parfaites ambassadrices, l’édifice najacois est un vaste coffre de pierre rythmé par de puissants contreforts et de très petites ouvertures. Monumentale et sobre, la nef, sans collatéraux, était adaptée au prêche catholique, au rassemblement des fidèles et à la vénération des reliques. L’édifice est éclairé à l’ouest par une grande rose polylobée. Celle-ci est décorée de vitraux rehaussés de grisaille datant du XVIème siècle.
Mais nous ne verrons rien de ces vitraux réalisés par un compagnon du nom de Barthélémy Gauchy à la fin du XIXe siècle, ni de l’intérieur de cette église, ni du mobilier car elle est fermée et n’ouvrira que le 1er avril !
Nous sommes habitués...
Nous retournons vers notre point de départ, la place du Faubourg, par un petit bout de D39.
Nous cherchons à voir une drôle de maison couverte de « vieilleries », une brocante ?
Nous n’en saurons pas plus... C’est fermé !
Puis nous remontons dans le village par un bel escalier.
Nous voilà sur la place tout à côté de la boulangerie Delmur.
La personne qui nous avait servis tout à l’heure nous a permis de photographier une affichette qui évoque la fête de la Saint Barthélemy.
C'est lors de la Saint Barthélemy que se déroule la fête votive de Najac.
Saint Barthélemy est le saint patron du village de Najac.
Cette fête se déroule depuis toujours le dimanche qui suit le 15 août et marque la fin des travaux dans les champs.
Aucun rapport avec le massacre du même nom en août 1572 mais c’est au contraire une fête permettant de lier la communauté, et de favoriser les bonnes relations entre le quartier haut et le quartier bas du village.
Lors de ces trois jours de festivités, ce sont plus de 80 bénévoles qui travaillent au bon déroulement du programme. En effet, ce sont 2 bals traditionnels, 2 concerts pour les jeunes, un repas champêtre avec un bal variétés, 2 concours de pétanque, une tombola, une retraite aux flambeaux, un feu d'artifice tiré de la Forteresse, l'animation du marché et la promenade de la fouace qui doivent être organisés.
La fouace est un très ancien gâteau traditionnel d'une partie du Rouergue dont la recette initiale s'est perdue. Il semble qu'il s'agissait d'une galette de fleur de froment non levée qui était cuite sous la cendre, ce qui explique son étymologie : du latin focus (le foyer), qui a dérivé vers fouace ou fouasse.
Aujourd'hui, sa préparation se compose de farine, de levain, de beurre, d'œufs, de lait, de sucre, d'eau de fleur d'oranger, de sel. Elle prend traditionnellement la forme d'une couronne. La fouace est de toutes les fêtes de l'épiphanie comme de pâques et vous la trouverez dans toutes les bonnes pâtisseries et boulangeries du coin tout au long de l'année.
C’est le point d’orgue de la fête et le moment le plus impressionnant : la promenade de la fouace !
Ce sont deux fouaces géantes qui descendent le village (avant de le remonter) accompagnées de plusieurs chars : char des enfants, char de la Querbe (un hameau voisin ?) et char du Comité. Ces deux derniers sont animés depuis trois ans par leurs troupes déguisées...
Pour l’événement, le boulanger cuit quatre fouaces de taille… Entre 25 et 45 kg pour une longueur de 1,5 à 2 mètres de long sur 1 mètre de large !
Elles seront dégustées le dimanche soir et le lundi après-midi...
Mais aujourd’hui le village est bien calme !
Nous faisons un dernier tour sur la place et sous les Arcades avant de récupérer Z.
Quelques photos et nous sortons de la place du Faubourg par l’est.
Nous avons retrouvé une photo de cette place en 1960, et par rapport à aujourd’hui on remarque la place prise par la végétation.
Mais on distingue 2 beaux bâtiments : le château du Pic de Rigaud et le château de Plegotte, les 2 figurant sur l’IGN.
Nous avons trouvé leur histoire dans les formidables Chroniques de Jean Alègre...
« ... Si je parle des 2 bâtisses ensemble c’est qu’elles ont été construites à peu près aux mêmes dates et par la même famille.
Le Puech de Rigaud ou (pic) est une colline qui donne plein est à Najac et qui barre l’accès au promontoire qui porte le village de Najac. Une vue aérienne montre que du plateau vers les gorges de l’Aveyron, une dizaine de collines de ce type ont survécu aux fractures géologiques et aux érosions et elles portent toutes (ou elles ont porté) des tours, des maisons fortes ou des châteaux.
Le seul qui, jusqu’au 20ème siècle, n’ait rien porté était ce Pic. Et la raison en est simple.
Ici depuis le Moyen-âge se tenait le gibet de Najac, c’est-à-dire le lieu où la justice du Comte et du Roi s’exerçaient publiquement en « affichant » les condamnés à mort après l’exécution de leur peine.
La colline portait donc un gibet (une potence de pendaison) sur lequel on exposait les condamnés.
On appelait cela " les fourches patibulaires ».
Ainsi le consul Parator (Paraire) qui paya pour la révolte des seigneurs, fut roué vif et exposé ici (on disait « jusqu’à ce que mort s’en suive »), d’autres furent pendus ici, et notamment après la révolte des Croquants, les « meneurs » qui avaient entraîné les paysans et bourgeois au château-fort avec un canon et avaient fait tirer sur les mousquetaires du roi.
On les roua vifs et on les exposa au Pic de Rigaud.
Ce gibet tomba en désuétude avec la guillotine, largement plus efficace (rien qu’en y pensant) et aussi cruel. Au Pic on trouvait, comme auprès de tous les gibets, un oratoire qui est bien décrit par le Viguier De Sarrus (1700) et une fontaine (toujours l’eau divine).
Ainsi ce lieu désert dura jusqu’à 1880. Quand on arrivait par la route de Villefranche on devait passer par là et voir ce piton désert, pas d’arbres et une ou deux masures (on ne cultivait rien).
Puis un jour on vit qu’une première construction était en train de naître. Sur le haut de la colline, tout en haut. La mairie avait réalisé le bien et vendu à la famille Rouquet.
Monsieur Joseph Rouquet était boulanger à Najac (place du faubourg – sous les couverts) avec sa femme Jeanne Auriol.
Ils avaient eu 9 enfants, Justine, Joseph, Jeanne, Philippine, Benjamin, Célestin, Alexandre, Victor et enfin Marie.
Benjamin, Alexandre et Victor partirent à Paris et participèrent à la création des Magasins Réunis et du Bon Marché, ils y firent fortune.
Revenus à Najac, enrichis, ils convainquirent le maire de leur céder la colline et entreprirent de construire le château du Pic de Rigaud vers 1890-1895.
Et Victor le cadet qui s’entendait mal avec ses frères, s’écarta et construisit Plegottes. En 1904. Une route reliait les deux châteaux et tout était très arboré.
Mais est-ce que le lieu était spécial ?
En tous les cas les 3 frères moururent rapidement après ces constructions : Benjamin copropriétaire avec Alexandre mourut à 54 ans (1895 -1 an après la fin des travaux), Alexandre lui à 54 ans à Paris. Et Victor à 55 ans laissant son épouse Jeanne Julie Soye gérer le château (on l’appelait tante Jeanne et on connait bien sa descendance). Elle mourut à Najac le 11 octobre 1926.
Benjamin eut une fille Marthe Rouquet qui épousa Henri Foreau le peintre, qui peignit un peu Najac.
Le château du Pic fut rapidement vendu à Monsieur Alaux qui était originaire de Montauban, mais actionnaire des grands magasins.
En 1950 c’est Monsieur Coynes qui acheta le château et la famille s’y maintint jusqu’en 1982.
Puis il passa de main en main à partir de 1983.
Il est aujourd’hui propriété d’une famille anglaise qui loue le château toute l’année à des hôtes et vacanciers.
Le château de Plegottes resta dans la famille jusqu’en 1936 et fut vendu à la famille Gazelle (Puylaroque) et en 1945 à Victor Rouquet... ».
Nous ne savons pas ce qu’est devenu le ce dernier château mais le château du Pic de Rigaud figure sur les sites de location.
Château de vacances à Nejac (sic)| Château du Pic de Rigaud
« Superbe emplacement pour ce château du 19ème siècle à la campagne et ses 4 hectares de terrain privé. Emplacement en hauteur et vue impressionnante sur la vallée en contrebas et le château du 13ème siècle de Najac.
Location saisonnière, Najac, Aveyron, Occitanie
5 chambres | 4 salles de bain | 9 couchages
Château prestigieux entièrement rénové sur 4 hectares de terrain privé et vue spectaculaire
Piscine privée chauffée 13m x 8m
Comptez 6 950 euros la semaine en juillet ou août puis de 4 300 à 3 300 euros pour les autres périodes...
Nous ne visiterons pas car nous prenons la D39 et filons sur Villefranche de Rouergue.
Nous voudrions terminer notre visite de Villefranche entamée la veille avant que le soleil ne disparaisse !
Fin de l’épisode !