Il est référencé FR-30-1299 car il culmine à 1 299 mètres, il est le 6ième col du Gard par son altitude sur les 96 répertoriés.
Plusieurs routes y mènent, la D986, la D269 et il est également franchi par de nombreux sentiers de grande randonnée. En l'occurrence les GR 6, GR 62, GR 66 et GR7. Le chemin de Saint-Guilhem-le-Désert emprunte à cet endroit un tronçon du GR 7.
Le col est traversé par la ligne de partage des eaux séparant les bassins versants de la Méditerranée et de l'Atlantique.
« E.-A. Martel dans les Causses Majeurs (1936) signale « onze routes et chemins se rejoignent au Col de la Serreyrède (1297-1306 mètres). La « crête de partage des eaux européennes » y mesure 13 mètres de largeur et emprunte le toit de la maison forestière. ».
Une croix de granit et un obélisque commémoratif sont érigés au col :
On y trouve également une belle fontaine.
Voilà quelques mots à son sujet tirés d’un article de Marc Parguel dans Millavois de septembre 2023.
« Près de la maison, une fontaine salvatrice surmontée d’un distique latin « Hanc Gelidam fontem reserant tibi culmina montis, accipe gratus aquam nee nimis hume vafram » dont la traduction en français met le voyageur en garde contre la fraîcheur de l’eau : « Ces montagnes t’ont gardé cette onde voyageuse. Accepte-la et bois sans hâte en craignant sa fraîcheur extrême ».
L’ancien panneau s’étant abîmé en 2016, il fut remplacé par un nouveau avec une traduction moins poétique : « Les crêtes te réservent cette eau glacée. Recueilles-la et bois lentement, en craignant sa fraîcheur extrême ».
Plus curieuse est l’inscription récente jaune mentionnée sur la gauche de la fontaine : « eau non contrôlée ».
Doit-on seulement y comprendre que cette eau ne rend pas malade celui qui a l’habitude de la boire ?
Ce petit panneau visible depuis 2010 ne refroidira certainement pas les quelques 300 000 visiteurs qui passent ici chaque année, et dont les plus fidèles viennent du Vigan, de Ganges, de Sumène, munis de bouteilles, bidons et jerricanes, et ce depuis son aménagement.
Cette fontaine très populaire a été aménagée par les forestiers en 1902. Une plaque en pierre sur la bâtisse mentionne ce millésime.
Même en période caniculaire, l’eau reste très fraîche, et son débit reste important, j’y ai relevé 8 litres/minute le 20 août 2023. ».
« La Serreyrède citée dès 1150 sous le nom de « La Serareda » viendrait d’après Paul Fabre, d’un dérivé avec le double suffixe collectif – areda de l’occitan sèrra « crête de montagne, colline, bord de plateau, de coteau » (dictionnaire Alibert). Le nom est tombé ensuite dans l’attraction de l’occitan cereireda « cerisaie ». (Dictionnaire des noms de lieux des Cévennes, Edition Bonneton, 2000). Son orthographe de « col de Serreyrède » figure sur un plan de 1866). ».
Mais son orthographe est vraiment changeante suivant les cartes ou documents, nous avons opté pour l’orthographe Sereyrède, c’est celle qui figure sur la carte Michelin de 2024.
Plus généralement nous avons parlé du Mont Aigoual et de ce col dans un article précédent, voici un petit rappel sur le paysage qui nous entoure aujourd’hui, très diffèrent de celui qui existait il y a plus de 150 ans…
L’Aigoual, actuellement très boisé, avait été complétement anéanti par une utilisation sans modération des arbres…
A partir du XVIIIème siècle, les forêts furent surexploitées pour satisfaire les besoins en chauffage, en charbon et l'essor des industries de verrerie, forges, soierie, etc. L'économie cévenole reposait sur la châtaigneraie, la sériciculture (élevage du ver à soie) et le pâturage transhumant. Avec la disparition progressive des deux premières activités, la pression du pâturage s'accentua sur la végétation et les sols.
En 1850 il ne restait plus que 2.200 ha de bois sur ce qui allait devenir la forêt domaniale de l'Aigoual (aujourd'hui de 16.124 ha). Ce déboisement entraîna une érosion majeure des sols et des crues catastrophiques…
La mise en œuvre des lois de restauration des terrains de montagne (1860, 1864 et 1882) par Georges Fabre (pour le côté gardois), et Emile Deuxdeniers côté lozérien, camarade de promotion de Fabre à l'Ecole forestière, dont il fut pendant 22 ans l'égal, a changé radicalement le paysage et réduit les risques d'inondation.
Les forestiers ont ainsi participé à la transformation des systèmes agraires tout en permettant aux paysans de conserver leur activité agricole dans les terrains les plus favorables.
Les méthodes de reboisement ont permis de reconquérir le massif, en semant 38 tonnes de graines et en plantant 68 millions d'arbres essentiellement résineux, et surtout du Pin à crochets, entre 1860 et 1914 !
Avant 1861, la maison au col de la Sereyrède est habitée par deux familles de paysans. Ils avaient quelques bêtes et cultivaient un jardin potager, dont on retrouve les terrasses au-dessus de la piste de la Caumette.
Selon certaines sources c’était auparavant une auberge assez mal famée, dans le style Auberge de Peyrebeille …
Si vous n’avez pas peur vous pouvez lire notre article ici !
Mais à partir de 1861 la ferme est habitée par un garde forestier. Ce n’est qu’en 1883 qu’elle est rachetée par les Eaux et Forêts pour en faire une maison forestière. Ce fut d’ailleurs l’un des quartiers généraux du forestier George Fabre lors du reboisement de l’Aigoual. Aujourd’hui, le Parc national des Cévennes, l’Office du Tourisme et l’association « Terres d’Aigoual » se sont associés pour faire revivre la Sereyrède, avec l’aide de la Communauté de Communes Causses Aigoual Cévennes - Terres solidaires.
Nous reprenons la route, la D269 pour gagner le Mont Aigoual et son Observatoire et nous allons devoir passer par un fameux virage…
Mais juste avant nous faisons une halte au belvédère de la Sereyrède.
Il est vraiment magnifique.
Il offre une vue grandiose sur la haute vallée de l’Hérault, fleuve dont la source se trouve un peu plus haut.
On aperçoit le hameau de Mallet, Valleraugue plus au fond et, sur notre droite, on devine la route sinueuse que nous venons de prendre pour arriver ici, la D986, bien dissimulée par les arbres…
Quelques photos et nous repartons, nous voulons rouler sur un beau virage…
Nous avons eu un peu de mal à l’identifier car s’il figure sur quelques cartes postales anciennes il n’apparait pas sur les cartes routières ou les cartes IGN…
De plus il n’est que peu de fois indiqué avec les mots « de Barrot » (avec un ou deux « r ») …
Nous avons fini par trouver un seul document émanant du Parc National Cévennes sur lequel il est correctement positionné.
C’est un beau virage aujourd’hui très docile et au bon revêtement…
Depuis les années 1908 il marquait la proche arrivée au Grand Hôtel Mont Aigoual…
Cet hôtel aussi mythique que mystérieux mérite un épisode à lui tout seul, ce sera le prochain…
Pour le moment nous poursuivons la route en passant devant des stèles dont une que nous évoquerons dans l’épisode du Grand Hôtel Mont Aigoual, nommé également Hôtel du Fangas.
Notre but est d’arriver au col suivant, le col de Prat Peyrot…