Mais commençons par les grandes lignes de l’histoire du lac du Salagou.
En 1958, Le Conseil Général de l'Hérault décide de construire un barrage sur le Salagou.
La vallée du Salagou est une paisible vallée languedocienne typique avec de vastes étendues de vignes sur les bonnes terres du bas de la vallée.
La Nationale 9 traverse le paysage, une presque ligne droite d’environ 4 km, vers le sud elle va vers Clermont l’Hérault, vers le nord elle va vers Lodève.
La Salagou est alors un simple ruisseau qui prend sa source à Brenas et traverse les communes de Mérifons, Salasc, Celles, Clermont l'Hérault et Lacoste avant de se jeter dans la Lergue (affluent de l'Hérault) après un parcours d'une vingtaine de kilomètres.
Le site du lac est étudié puis validé, la géologie est parfaite, il y a peu d’habitants... Les terrains sont achetés, de gré ou de force, et les travaux peuvent commencer.
Ils débutent en 1964 et le lac est mis en eau quatre ans plus tard. Un peu de retard dû aux intempéries. Par contre le remplissage se fera en seulement 2 ans au lieu des 4 années prévues.
Construit pour écrêter les crues de l'Hérault et constituer une réserve pour l'irrigation, le lac est aussi vite devenu un lieu de loisir et un important site touristique, aujourd'hui classé.
Il faut bien avouer que ce site, avec sa vaste étendue d'eau, ses collines creusées de canyons et ses colonnes basaltiques, offre un spectacle dont l'originalité est accentuée par ses terres rouges, appelées ruffes ou ruffas.
Ces roches sont formées par la combinaison de sédiments argileux et d'oxydes de fer, d'où leur couleur rouge. Datées du Permien (fin du Paléozoïque, de -298 à -252 millions d'années), elles sont le résultat d'un dépôt en milieu aquatique d'eau douce calme pour les grès blancs – « ruffe blanc » – et en milieu aride pour les grès rouges – « ruffe rouge ».
Ce lac artificiel est la plus importante réserve d’eau douce du département, avec 102 M de m3 à la cote normale d’exploitation de 139 mètres NGF (en référence au niveau 0 de la mer).
Il a une superficie de 750 ha sur une longueur de 7 km, un périmètre de 28 km, avec une profondeur moyenne de 15 mètres, jusqu’à 55 mètres.
Les Canadair de la Sécurité civile utilisent également le lac. Les Canadair écopent l’eau du lac pour éteindre les incendies. Ils suivent un tracé bien défini au milieu du lac.
Le niveau du lac est défini par sa cote altimétrique par rapport au Niveau Général de la France, NGF.
Au départ, il était prévu de réaliser le plan d'eau en deux étapes, d'abord à la cote 139, puis ultérieurement à la cote 150.
Le Département de l’Hérault avait donc acheté en 1962 près de 900 hectares de foncier, soit des terres de la vallée jusqu’à la cote 150.
Nous n’avons pas trouvé l’explication pour cette cote 150 car, en même temps, il est prévu depuis l’origine un déversoir naturel au col des Vailhés à la cote altimétrique de 142. Ce niveau de 142 étant repris dans le Règlement d'utilisation du Domaine départemental du Salagou signé en 2017...
Mais de toute façon le niveau d’eau s’arrête à la cote 139. C’est maintenant la cote officielle d’exploitation.
Donc le village de Celles et le hameau des Vailhés seront épargnés.
Disparaîtront sous l’eau l’imposante maison communément nommée « le château », deux fermes dans la vallée, une laiterie, des remises agricoles et des terres cultivées, des ponts, ainsi qu’une grande portion de la Route Nationale 9....
Nous évoquerons le sort de Celles, du hameau de Pradines, des Vailhés, et des ponts dans de prochains articles.
Actuellement le niveau est un peu supérieur à la cote 137.
Par ailleurs, plusieurs projets sont en cours qui vont certainement influer sur le niveau de l’eau :
Reprenons le cours de notre balade. Nous quittons Cartels pour suivre l’ancienne Nationale 9 maintenant baptisée D148E4 ou route du lac.
Nous tournons vers le sud, la route qui part à droite est la nouvelle D148, l’ancienne étant elle aussi sous l’eau comme la Nationale 9...
Nous avançons plein sud, le soleil en face, sur une belle ligne droite.
Un panneau signale que c’est une impasse, effectivement nous arrivons sur un immense no man’s land qui semble faire office de parking.
La couleur du sol est rouge intense.
Nous avançons toujours tout droit, jusqu’à un amas de rochers destiné à bloquer le passage.
Nous apercevons l’ancienne route Nationale 9 qui plonge dans le lac.
Après une petite centaine de mètres nous foulons le goudron de la N9...
Les bas-côtés de la chaussée sont grignotés mais l’asphalte a bien résisté sur le milieu.
La route est praticable, à pied, sur une bonne centaine de mètres.
Sa visibilité hors de l’eau dépend du niveau du lac, qui varie selon les saisons. Parfois il est possible d’avancer sur la route plus loin, l’eau jusqu’aux genoux on peut parcourir encore 100 mètres...
Nous prenons les quelques photos que vous pouvez voir ci-dessous mais il y en aura d’autres dans l’épisode qui suit !