Plateau de l’Auverne côté est, Mas Audran, Projet 3SFM, Cartels

Pour aller voir le côté nord de la nationale qui plonge dans le lac l’idéal aurait été de prendre la route forestière qui surplombe le lac. Mais voilà cette route est interdite à la circulation en plus d’être une piste en mauvais état...

Aussi nous continuons sur la D140, étroite, mais autorisée et goudronnée !

Après avoir longé l’A75 avant d’obliquer vers l’ouest nous faisons une halte sur une colline d’où nous dominons les ponts de l’autoroute qui enjambent une boucle de la Lergue.

Rouler dans cet environnement de poussière rouge commence à se voir avec les pneus qui prennent une belle teinte rouge !

Nous poursuivons, passons Fontbonne et arrivons sur une zone de travaux où se trouvent d’imposants tuyaux. C’est le fameux projet 3SFM en cours de réalisation...

Le Projet 3SFM

L’idée est de se servir de l’eau du Salagou afin d’irriguer les cultures, essentiellement de la vigne.

A l’origine le projet avait été lancé par les caves de Montpeyroux et Fontjoya mais il a été repris par l’Association syndicale autorisée (ASA) du Canal de Gignac.

Sont concernées les communes d’Arboras, Ceyras, Jonquières, Montpeyroux, Saint-André-de- Sangonis, Saint-Félix-de-Lodez, Saint-Guiraud et Saint-Saturnin-de-Lucian, pour une surface globale de 713 ha, répartie auprès des 171 propriétaires qui se sont engagés.

« Jean-Claude Blanc, président de l’ASA, a précisé qu’il était nécessaire de « palier le stress hydrique majeur que nous subissons à cause du changement climatique. Pour assurer la sauvegarde de la vigne et des terres agricoles, il faut de l’eau. Le lac du Salagou a été créé avec des capitaux agricoles dans les années 1960 pour l’irrigation. ».

Le réseau 3SFM sera alimenté par le Salagou, via le raccordement à la conduite appartenant au Conseil départemental de l’Hérault. Pour cela, deux ouvrages stratégiques sont nécessaires : un forage sous la Lergue et un fonçage sous l’A75. ».

Le fonçage consiste à poser la canalisation sous l’A75 sans faire de tranchée pour ne pas gêner la circulation.

Les travaux de raccordement ont donc commencé, réévalués à près de 7 M€ hors taxes, cofinancés par le Fonds européen agricole pour le développement rural, la Région, le département et les bénéficiaires, à hauteur eux de 20 %.

La mise en fonction est prévue pour mars 2025.

Nous longeons les tuyaux approvisionnés sur le bas-côté et passons le pont qui enjambe le Salagou.

Nous arrivons à l’embranchement vers le Mas Audran. Il s’y trouve une « antique » borne Michelin depuis le 8 avril 1937...

Il y en avait une de l’autre côté du lac vers Octon dont nous reparlerons dans un prochain épisode...

Mas Audran

Fondé au XVIème siècle le hameau du Mas Audran a été rattaché à Lacoste depuis la création des communes par le décret de 1789. Ses diverses maisons regroupées à flanc du plateau de l’Auverne,  offrent un joli centre de village à découvrir à pied car le Mas Audran reste concentré sur une petite zone géographique, accroché à flanc de colline, et son cœur n’est pas accessible aux automobiles.

Par contre la petite route sur la gauche amène sur l’arrière du barrage.

La route est étroite, le revêtement moyen et il y a quelques brusques virages... Nous l’avons évoqué dans l’épisode précédent, des panneaux d’interdiction aux camping-cars sont bien visibles...

Mais pas par tous...

Il arrive souvent que des camping-cars empruntent cette route, qui n’est pas adaptée pour eux...

Des accidents se produisent donc...

Au mois de mai par exemple, des touristes toulousains ont tenté le passage et ils ont terminé 40 mètres plus bas, heureusement arrêtés par des arbres...

Les occupants, 70 et 75 ans n’ont pas été gravement blessés...

Le maire de la commune, qui était présent sur les lieux a déclaré : "J’ai alerté les services du Département en charge de cette route sur le non-respect des interdictions, occasionnant de nombreux problèmes quotidiens de gestion du trafic, surtout l’été. Il s’agit d’un premier accident corporel, j’espère que les services de l’Etat vont prendre le problème à bras-le-corps et tout mettre en œuvre afin que cela ne se reproduise pas.

Il a conclu son discours en disant avoir parallèlement entrepris des démarches auprès des sociétés gestionnaires des GPS dans le but que cette route soit retirée des indications de circulation fournies par ces appareils pour accéder au lac ou en revenir. Une initiative qui, pour l'heure, est restée vaine...".

Nous connaissons cette route et nous l’emprunterons au retour mais il n’y a rien de bien dangereux pour une voiture.

Nous faisons une pause photos et repartons. Nous repassons devant la borne Michelin, et nous avançons vers Laulo.

Nous entrons sur le territoire de la commune du Bosc dont Laulo fait partie.

Le Bosc

En occitan, le mot bosc signifie « bois, forêt ».

Cette commune, d’environ 1 400 habitants, regroupe, outre le village fortifié du Bosc, 11 villages ou hameaux :

Salelles, Saint-Martin, Saint-Julien, Saint-Fréchoux, le Viala, Laulo, Loiras, Saint-Alban, Mas Lavayre, le Bosc et Cartels.

Pour Laulo c’est minuscule et les quelques maisons se terminent en impasse, pour les autres véhicules que des 4x4. Nous continuons notre route en passant sur le pont de Laulo au-dessus de la Lergue.

Et nous arrivons au rond-point où se termine la D140 et passe la D609, l’ancienne version de la nationale 9 après que l’ancienne nationale 9 ait été noyée...

Sur la D609 nous longeons l’A75, direction nord.

Nous arrivons à Saint Fréchoux, un bonhomme de neige très stylé Bibendum est à l’entrée de la route qui y mène.

Saint Fréchoux

Ce petit hameau de 15 habitants, dépendant lui aussi de la commune du Bosc, abrite une chapelle.

« Cette chapelle est l’une des trois consacrées dans l’Hérault, elle date du XVIIème siècle, alors les évêques de Lodève venaient à Saint-Fréchoux en résidence d’été. ». Le fait que les évêques de Lodève connaissent bien le secteur a son importance pour la suite, avec notamment la création du pont de Cartels... Voir plus bas...

Après la révolution, entre 1790 et 1794 le nom de Saint Fréchoux a été modifié, les saints n’ayant pas bonne presse...

Le hameau fut nommé : Combe-de-Cergues.

Nous arrivons maintenant au rond-point de la Croix de Cartels.

Cartels

C’est le point de rencontre avec la nationale 9 « originelle » qui arrive de Lodève. Un virage à droite, en venant de Lodève, et la nationale 9 prend la direction du Salagou.

Attardons nous sur une maison donnant sur le rond-point, il faut l’imaginer au temps de la gloire de la nationale 9... C’était une fringante station-service.

Une station-service permettant de se ravitailler en carburant. Et un café restaurant pour reposer et ravitailler les automobilistes, mais aussi les pêcheurs et les chasseurs...

La maison a bien évoluée, nos captures d’écran des photos Google sont là pour l’attester...

Nous prenons la D148E4 direction Octon mais nous allons bientôt tourner à gauche pour (presque) finir dans le lac...

Dans l’immédiat nous passons sur un pont « historique » afin de franchir la Lergue.

Le pont de Cartels

Remontons dans un lointain passé...

Pendant de nombreux siècles, la ville de Lodève ne sera desservie que par des sentiers muletiers et il lui faudra attendre le XVIIIème siècle pour connaitre un réel désenclavement, prémice de nos routes actuelles.

Ce sera l'œuvre de deux évêques conscients des limites de leur ville, Jean-Georges de Souillac et Jean-Félix-Henri de Fumel (1750-1790).

Jean-Georges de Souillac, né le 28 août 1685 à Azerat, mort à Lodève le 2 juin 1732, fut évêque de Lodève de 1732 à 1750.

« ...Deux chemins négligés jusqu'alors vont être aménagés au XVIIIème siècle par l'évêque Souillac en vue d'y soutenir un trafic commercial intensif.

Le premier est le chemin de Lodève à Montpellier par Gignac et la Côte de la Taillade.

Le second est le chemin de Lodève à Pézenas et Béziers.

Malgré le coût énorme des travaux et les oppositions inévitables, ils seront entièrement refaits et seront reliés entre eux par un pont construit à Cartels sur la Lergue. L'ouvrage sera terminé à la fin de l'année 1750.

Il paraitrait qu’au pied de cet ouvrage se trouvent toujours les restes d’un chemin encore plus ancien,  une voie romaine...».

C’est donc ce pont que nous franchissons pour aller vers le lac...

Vous le verrez enfin dans le prochain épisode !