Nous quittons le parking Les Vailhés en suivant l’ancienne Nationale 9 mais direction nord maintenant.
Nous arrivons au bout d’une ligne droite et retrouvons la nouvelle D148 qui a été construite dans les années 1970. Elle contourne le Cébérou, un des anciens volcans qui encadrent le lac du Salagou et qui culmine à 341 mètres.
Et nous voilà arrivés à la bifurcation pour le village de Celles. Un village à l’histoire étonnante et mouvementé... En voici le récit grâce à l’aide des éléments de la Mairie.
Dans les années 1950, le Salagou n’est qu’un mince filet d’eau. Le village de Celles compte 80 habitants, pour la plupart agriculteurs.
Le hameau de Pradines est condamné à disparaitre.
Le hameau des Vailhés, lui, ne doit pas être noyé, sa route oui, mais l'impact du futur lac implique aussi le départ de ses habitants.
Le lac atteint la cote 139 en deux ans. Cette cote a été atteinte officiellement le 23 avril 1971, ce qui est en avance par rapport aux prévisions initiales qui estimaient nécessaire un délai de 3 à 4 ans pour remplir la retenue. Il est vrai que cette période a été marquée par des précipitations exceptionnelles sur le bassin versant du Salagou...
Il paraitrait que les derniers habitants furent évacués par le génie militaire qui traça une piste au bulldozer, la route D148 étant déjà sous l’eau, l’électricité coupée, ...
Cette viabilisation du village ouvre la voie à la réhabilitation des logements avec le dépôt des premiers permis de construire en 2020
Nous n’avons pas eu le temps de visiter le village cette fois ci car il nous reste plusieurs routes submergées à retrouver... L’accès au village est interdit aux véhicules. Il faut donc se garer sur un parking de terre rouge à l’ouest du village.
De cet endroit nous pouvons apercevoir le panneau Michelin qui se trouve toujours à l’entrée du village.
Il date du 8 avril 1937 !
Il figure sur de nombreuses photos du village.
Mais ce n’est pas sa place d’origine. Il était placé sur la D148 qui est maintenant submergée. Il indique « Celles 0,1 km et Ic48E », les lettres Ic signifient : Intérêt Commun.
Les chemins vicinaux d'intérêt commun (Ic), appelés parfois chemins vicinaux de moyenne communication ou encore chemins collectifs, traversent plusieurs communes. Cette catégorie de chemins apparaît officiellement en 1851 pour les distinguer des chemins de grande communication. Leur entretien est mis à la charge des communes traversées avec éventuellement l'aide du Conseil Départemental. Cette dénomination perdurera jusqu’à la réforme de 1938-1939.
Nous apercevons également la cime des arbres qui dépassent du lac... Vestiges de haies...
Il y a également visibles les sommets de quelques arbres, ils indiquent l’emplacement d’une ancienne vaste demeure.
Les habitants l’appelait « Le Château » et c’est ainsi qu’elle figure sur les cartes d’avant le lac. C’est une maison où une personnalité passa une partie de son enfance.
Aujourd’hui sous l’eau, seuls quelques arbres apparaissent, c’était un ancien manoir qu’on appelait le château. Il a longtemps appartenu à la famille De Bédos de Celles. Son personnage le plus célèbre fut François Lamathe Bédos de Celles de Salelles, dit Dom Bédos de Celles. Il était né à Caux, diocèse de Béziers, le 24 janvier 1709, et mourut à l'abbaye de Saint-Denis le 25 novembre 1779.
C’était un moine bénédictin, facteur d'orgue le plus réputé du royaume de France et gnomoniste. Le gnomoniste est la personne qui effectue les calculs nécessaires à la réalisation d'un cadran solaire fonctionnel.
Il est connu pour avoir publié de 1766 à 1778, plusieurs ouvrages savants dont L'Art du facteur d'orgues qui est une somme monumentale sur l’orgue classique français du XVIIIème siècle.
Livre qui fait encore autorité auprès des facteurs d’orgues contemporains !
C’est donc ici, au château de Celles qu’il passa une partie de son enfance...
Nous reprenons la D148 et nous arrivons devant le Mas de Riri.
L’histoire commence par " une sorte de pied de nez", extrait d’un article du Midi Libre de 2021.
« Rien n’existerait ici, cependant, sans lui. "Lui", c’est Riri. Henri Goudal… Ancien maire de Celles, qui a donné vie au lieu. "Mon grand-père a été exproprié du village dans les années 60 avec la mise en eau du barrage. En partant, il a fait une sorte de pied de nez : ‘‘Vous m’avez viré de Celles : je vais réhabiliter mon mazet au bord du lac’’."
Riri, car personne ne l’appelait Henri, a commencé en invitant ses potes. Puis il en a fait une guinguette et un camping, rameutant les passionnés de sports nautiques.
Petit à petit, La guinguette du Mas de Riri va s’agrandir…
Aujourd’hui, après une importante rénovation orchestrée par Joëlle sa fille, c’est son petit fils Youri, qui exploite le complexe le Mas de Riri, hôtel de 5 chambres, restaurant, et camping de 65 emplacements. ».
Nous poursuivons la route sur le D148 jusqu’à la bifurcation avec la D148E6 que nous ne prenons pas car nous suivons le petit ruisseau Le Révérignès pour aller vers le Relais Nautique au bord du lac.
Nous descendons un peu vers le sud mais la route est interdite car le gué est submergé.
Nous remontons pour aller au parking dit « de la borne » vers Octon ...
Que vous découvrirez dans le prochain épisode, le n°6 !