Il faut savoir que ces bacs constituent les seuls points de traversée possible de la Loire entre le pont de Cheviré, superbe pont à Nantes inauguré en 1986, et le pont de Saint-Nazaire, également un magnifique pont à haubans multicâbles en éventail qui enjambe l'estuaire de la Loire, inauguré en 1975.
Nous aurons l’occasion de reparler ce dernier car nous allons l’utiliser...
Quelques mots sur les bacs de Loire
Les bacs de Loire désignent le service de transport fluvial par bacs amphidromes du département de la Loire-Atlantique permettant de traverser la Loire. Ce service est gratuit depuis le 1er septembre 2005.
C’est d’ailleurs bien indiqué en grosses lettres sur les superstructures du bac que nous avons utilisé...
Constitué de deux lignes (exploitées par délégation de service public par la Compagnie des Bacs de Loire, filiale de Transdev, ce service public permet de relier les communes de Couëron et du Pellerin, pour un bac, et les quartiers de Basse-Indre et Indret sur la commune d'Indre, pour un second bac.
Les bateaux peuvent accueillir piétons, cyclistes, voitures et poids lourds (et parfois des chevaux sur la liaison Le Pellerin ↔ Couëron. Toutefois, pour les véhicules de plus de 3,5 t, une demande de dérogation doit être effectuée.
Un véhicule amphidrome a la particularité de pouvoir se déplacer indifféremment en avant et en arrière de la même manière.
Le terme s'applique essentiellement aux navires et bateaux, qui dans ce cas sont quasiment symétriques entre l'avant et l'arrière. Il peut également s'appliquer à des véhicules terrestres comme l'EBR Panhard, des camions de secours dans un tunnel ou des engins ferroviaires (tramways, métros, trains).
Ce principe a été en particulier appliqué aux pirogues, aux bateaux vikings, aux bacs et aux transbordeurs qui effectuent de courts trajets et où la manœuvre de retournement prendrait trop de temps. Dans ce cas, les machines et hélices sont également symétriques, et le navire peut être surmonté d'une passerelle avec une vue dégagée à 360°.
Elle est lancée en 1914 avec la mise en place d'un bac à chaîne (inauguré le 23 février 1914) portant le nom de Saint-Julien. Des chaînes disposées au fond du fleuve venaient s'enrouler dans la machine à vapeur du bateau afin de le faire avancer. Un bateau à vapeur tractant une charrière pris ensuite le relais, avant l'arrivée successive de nouveaux bacs amphidromes : le Saint-Bernard en 1955, le François II en 1962, le Saint-Hermeland en 1970 et le Anne de Bretagne en 1977.
En 1992, peu après l'ouverture du pont de Cheviré, le service de bacs est menacé puisqu'il connaît une perte de fréquentation causée par la concurrence de ce nouveau pont et un déficit de 8 400 000 francs. Le conseil général du département a finalement voté une aide financière de six millions de francs pour maintenir ce service.
Le 1er septembre 2005, la gratuité des deux lignes de bac a été étendue aux véhicules (les piétons et cyclistes voyageaient déjà gratuitement).
Entre 2008 et 2011, ce service public était le plus fréquenté de France Métropolitaine (devant la SNCM et Brittany Ferries) avec 960 163 véhicules et 1 905 000 passagers sur l'année 2011.
En 2012 et 2013 sont mis en service deux nouveaux bacs amphidromes, le Lola et L'Île Dumet, afin d'augmenter la capacité d'accueil des deux lignes et de remplacer les anciens bacs.
Les deux lignes fonctionnent tous les jours du lundi au dimanche, sauf le 1er mai.
La gestion de ces deux lignes de bac coûte environ 4,5 millions d'euros par an ...
La fréquentation des lignes a baissé au début des années 1990 avec la mise en service du pont de Cheviré, avant de remonter progressivement (avec l'engorgement du périphérique), puis brutalement à partir de 2005 du fait de la mise en place de la gratuité pour les lignes de bac. La fréquentation s'est ensuite stabilisée à partir de 2007 autour de 950 000 véhicules par an avec néanmoins une augmentation progressive de 3 % par an en moyenne.
Chaque jour, presque 5000 véhicules empruntent les deux lignes de bac, ce qui représente 10 % de la capacité horaire du pont de Cheviré...
Pour la liaison Couëron - Le Pellerin la traversée de 230 mètres s'effectue en moins de dix minutes, et un bateau part toutes les vingt minutes de 6 h 20 à 20 h 30 (et jusqu'à 21 h 20 les dimanches et jours fériés du 15 juin au 15 septembre.
Nous voilà à 300 mètres de l’embarcadère. Un panneau nous indique qu’il y probablement des véhicules à l’arrêt dès ce point lors des périodes d’affluence.
Dans notre cas, un jeudi à 13h50, il n’y a personne.
A 150 mètres du bac un second panneau nous indique qu’il y a un bac d’attente à partir de ce point.
Nous ne voyons toujours personne...
Nous débouchons alors sur un terre-plein en hauteur et nous voyons enfin la Loire, il n’y a toujours personne, ni d’indication particulière, ni de feux de signalisation...
Nous avançons un peu et apercevons en contre-bas le bac et nous comprenons bien vite que tout le monde a déjà embarqué...
Nous avançons, toujours personne, donc nous poursuivons et montons immédiatement sur le bac.
Toujours personne, donc nous choisissons une file et nous nous garons.
Les barrières du bateau se ferment. Le bac démarre. Et c’est parti pour 230 mètres de traversée à bord du bac amphidrome « L’Île Dumet ».
Notre bac est baptisé du nom d’une petite île de Loire-Atlantique située à 6 km au large de Piriac sur Mer, dans la baie de la Vilaine.
D’une superficie de 8 hectares c’est la seule île maritime du département.
Le bateau L'Île Dumet mis en service en 2013 a été construit en Loire-Atlantique par les chantiers Merré, à Nort-sur-Erdre, et la coque provient des chantiers Mecasoud à Saint-Nazaire.
Il a couté 8 millions d’euros...
Nous sommes à bord...
Toujours personne et pas d’indication sur la conduite à tenir... J’en déduis donc que l’on peut sortir de la voiture et faire des photos...
Le bateau avance sans gite, il va décrire une courbe sur la Loire pour nous débarquer à Le Pellerin, sur la rive gauche.
En me promenant sur le bac je découvre un « salon ». Je ne comprends pas le sens de la mention « 31+2 passagers »...
C’est dans cette pièce que patientent à l’abri des intempéries éventuelles les piétons et peut être les cyclistes...
La traversée est rapide, le temps de faire quelques photos et je dois regagner Z. Nous sortons dans le sens de la marche, c’est le principe de ce bac, et nous débarquons à Le Pellerin.
Les quelques voitures devant nous partent rapidement mais nous, nous restons stationner sur le haut du quai. L’occasion de réaliser quelques photos supplémentaires, notamment de la rive d’où nous sommes partis et du bac lui-même, car notre départ un peu précipité ne nous en a pas laissé le temps...
Nous voilà donc à Le Pellerin, la traversée aura pris 6 minutes !
C’est une petite commune de moins de 5000 habitants qui historiquement fait partie du Pays de Retz, du royaume puis du duché de Bretagne.
Le nom du Pellerin vient du latin peregrinum au sens de « lieu de passage », sens commun aux langues romanes (peregrin) du fait que le village faisait partie des points de passage traditionnels des pèlerins qui descendaient à Saint-Jacques-de-Compostelle au Moyen Âge : c'était en effet l'un des points de passage de la Loire.
Le nom de la localité est attesté sous les formes Sancta Maria de Peregrino en 1030, Peregrini, Peregrinum vers 1065, Pontage, Pontello, Pontellum, Pelerino, Pèlerin, Le Pellerin.
Mais Le Pellerin avec deux « l » vient d'une erreur orthographique répétée au cours des temps et de ce fait est entrée dans la normalité !
Un dernier coup d’œil à Le Pellerin et à la Loire et nous reprenons la route, direction le « Marô » !